Société

Réforme de l’orthographe : on ne négocie pas avec la République

C’est reparti pour un tour ! Chacune des annonces de réforme concernant de près ou de loin nos chères têtes blondes annonce un tollé sans pareil, au risque d’occulter certains autres sujets d’actualité, bien plus brûlants. Alors, cette réforme de l’orthographe, que faut-il en penser ? Si elle ne signe pas la disparition de l’accent circonflexe, elle participe, en revanche, d’une volonté de simplification de la langue française. Au détriment de quoi, de qui ? Voilà la question qui fâche, tant les plus fervents défenseurs de la réforme se réfugient derrière son prétendu bienfait envers les classes populaires, ces « larges masses » trop bêtes pour intégrer aujourd’hui ce que des milliers d’enfants hier assimilaient sans mal. Mais toucher à notre langue, symbole par excellence de notre patrimoine commun, de notre “chose publique”, c’est porter un coup à notre République. Et la période est bien trop trouble pour que les Français laissent faire. Réactionnaires ? Anti-progressistes ? Non, républicains !

« L’éducation de masse, qui se promettait de démocratiser la culture, jadis réservée aux classes privilégiées, a fini par abrutir les privilégiés eux-mêmes. La société moderne, qui a réussi à créer un niveau sans précédent d’éducation formelle, a également produit de nouvelles formes d’ignorance. Il devient de plus en plus difficile aux gens de manier leur langue avec aisance et précision, de se rappeler les faits fondamentaux de l’histoire de leur pays, de faire des déductions logiques, de comprendre des textes écrits autres que rudimentaires. »
Christopher Lasch, La Culture du narcissisme, 1979.

C’est toujours un grand moment de joie républicaine que de voir les Français défendre leur langue, pourtant massacrée chaque jour un peu plus à coups de langage SMS et anglicismes douteux. Ce jeudi 4 février, les réseaux sociaux amplifiaient donc les débats entre partisans et pourfendeurs de la rectification de l’orthographe datant de… 1990. Pourquoi un tel remous aujourd’hui, vingt-six ans après ? À vrai dire, il faut distinguer trois étapes dans cette réforme.

Le 6 décembre 1990, ces rectifications orthographiques sont validées par le Premier ministre, Michel Rocard, et paraissent au Journal officiel de la République française. À l’époque, la contestation est importante et la mesure n’est guère suivie d’effets. En 2008, un Bulletin officiel de l’Éducation nationale – sous l’égide de Xavier Darcos – vient rappeler que « l’orthographe révisée est la référence ». De nouveau, la réforme reste lettre morte. Si on en reparle ces derniers jours, c’est parce que les éditeurs des manuels scolaires ont décidé d’enfin tous s’y conformer, suivant l’injonction des nouveaux programmes scolaires. Un Bulletin officiel de l’Éducation nationale, en date du 24 novembre 2015, assure en effet que : « Les textes qui suivent appliquent les rectifications orthographiques proposées par le Conseil supérieur de la langue française, approuvées par l’Académie française et publiées par le Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990. »

Si beaucoup d’articles de journaux ont honteusement titré sur la disparition de l’accent circonflexe, dans une volonté de choquer le lecteur et de l’entraîner à cliquer et à partager son indignation, tout aussi honteux étaient ceux qui regardaient de haut les détracteurs de la réforme, au motif que, datant de 1990, le débat était « old » (apparemment, il ne faut plus dire “vieux”). Car c’est oublier un point fondamental : chaque fois que la réforme a fait parler d’elle, elle a déclenché l’ire de la population.

« “Mourir pour une virgule”, écrit quelque part Cioran, qui n’avait qu’une peur, voir la langue française disparaître, la peur de Beckett, la peur d’Andreï Makine. » Bernard Maris, Et si on aimait la France, 2014.

Aux origines de la réforme : des linguistes et des gros sous

S’il est aussi rébarbatif qu’inutile de remonter la chronologie de la mesure, force est de constater qu’une étape est régulièrement passée sous silence par les médias. Ces derniers ont largement vanté la volonté de simplification de la réforme. Elle se veut une harmonisation des règles, en conformant prononciation orale et graphie (ainsi, “événement” devient “évènement” et “pizzeria” gagne un accent aigu). En revanche, il n’est pas dit POURQUOI on a voulu simplifier : après tout, foule d’enfants de la génération de nos grands-parents réussissaient à mémoriser ces règles, ainsi que leurs exceptions, et le monde tournait aussi bien.

Recontextualisons. En 1989, la France est engagée, depuis une vingtaine d’années grosso modo, dans la mondialisation [i]. À cette époque, le gouvernement de Michel Rocard déplore le déclin de l’exportation de la langue française, jugée trop complexe, comme langue de travail et des affaires. Déjà, l’anglais est préféré. En outre, horreur, les modes d’emploi en langue française seraient beaucoup trop compliqués à traduire, nuisant au commerce extérieur. Enfin, le savoir mondial est inventorié dans cinq grandes bibliothèques informatisées en langue anglo-saxonne dont la traduction automatique en français est plus complexe et plus coûteuse (40 à 50 % plus cher que les langues plus phonétiques comme l’allemand, l’italien, l’espagnol, le portugais). Trois bonnes raisons de vouloir soumettre le français au dénuement lexical de l’anglais des affaires (pas celui de Shakespeare, donc).

Du côté des enseignants et des linguistes, on prône aussi une simplification raisonnable et progressive de l’orthographe. La une du Monde du 7 février 1989 est ainsi consacrée au “Manifeste des dix” (dix linguistes reconnus : Nina Catach, Bernard Cerquiglini, Jean-Claude Chevalier, Pierre Encrevé, Maurice Gross, Claude Hagège, Robert Martin, Michel Masson, Jean-Claude Milner et Bernard Quémada), qui invite à « Moderniser l’écriture du français ». Corollairement, Michel Rocard crée, le 30 mai 1989, un Conseil supérieur de la langue française (CSLF) [ii] dont il devient président. La première action du CSLF est de présenter un rapport pour faciliter la langue et en supprimer quelques incohérences. Ledit texte est approuvé, à l’unanimité, par l’Académie française. L’esprit de la réforme est clair. Maurice Druon, secrétaire perpétuel de l’Académie à l’époque (remplacé en 1990 par Hélène Carrère d’Encausse), prend parti pour des rectifications limitées, et surtout non restrictives, pour que ce soit l’usage qui ratifie les évolutions de la langue. De la même façon, Bernard Pivot rappelle ces derniers jours que « le but du Conseil supérieur de la langue française était de simplifier quelques mots, de proposer des retouches et des aménagements correspondant à l’évolution de l’usage. Mais il était hors de question de toucher à l’esthétique de l’orthographe. »

Touche pas au grisbi républicain

Chaque évocation de la réforme de l’orthographe déclenche un tollé. Dès décembre 1990, feu Georges Wolinski, membre du comité “graphorigide” Robespierre, demande dans le Monde « la guillotine morale du mépris contre les technocrates sans âme et sans pensée qui ont osé profaner notre langue ». Rien que ça ! Quelques jours plus tard, c’est au tour de Bernard Pivot, Philippe Sollers, Jean d’Ormesson (qui a apparemment changé d’avis depuis) et Frédéric Vitoux d’exprimer, dans le Madame Figaro du 5 janvier 1991, leur opposition à une éventuelle suppression partielle de l’accent circonflexe.

Plus largement, il semblerait que les Français se montrent un poil tatillons dès qu’il s’agit de toucher à leur langue chérie, pourtant maltraitée quotidiennement par une foule de lycéens et leur langage SMS, par les messages électroniques bourrés d’anglicismes et, tout simplement, par une méconnaissance grandissante des règles les plus élémentaires. Dès lors, quelle utilité à souder “porte-monnaie” si une majorité de personnes est incapable de distinguer “ça” et “sa” ? Et ce sont bien ces difficultés grandissantes dans le maniement de notre langue qui inquiètent la population. Les Français ne sont pas dupes : bien qu’on leur ait largement expliqué que « le niveau monte », force est de reconnaître que l’augmentation de la proportion de diplômés n’empêche pas l’abrutissement généralisé. Certaines lacunes sont invisibles au jour le jour (oubli des dates fondamentales de notre histoire commune, incapacité à déterminer la position géographique d’une ville, stupéfaction devant les calculs les plus simples), mais le délabrement de notre orthographe explose au su de tous à l’heure des réseaux sociaux.

À l’heure du “tout fout l’camp”, le Français s’accroche aux symboles. À sa Marseillaise qu’il entonne, le cœur serré lorsque des kamikazes abattent 130 personnes ; le cœur léger quand son équipe de football grimpe les échelons. À son drapeau, en berne les jours de deuil national, sur les joues peinturluré quand “on est en finale !”. Et à sa langue, qui comme son paysage, multiplie les rugosités, les collines douces et les pentes fortes, les pics rocheux et le sable fin. Les accords en -s ou en -x, bijou caillou chou genou hibou joujou pou, les tirets, le subjonctif, les attributs et épithètes, les verbes de tous les groupes et les exceptions qui confirment la règle.

Doute et soumission

“Mais comment voulez-vous expliquer aux enfants qu’on écrit cent deux mais vingt-trois ?” [iii], vocifèrent les rationalistes du langage, qui voudraient instiller la froide raison dans notre langue déraisonnable. Et comment faisaient mes vénérables professeurs pour me l’inculquer, à moi la fille de pauvres, pas socialement prédestinée à devenir journaliste secrétaire de rédaction ? Et comment faisaient des générations d’élèves avant nous, pour maîtriser cette élasticité de la langue, ce savoir-faire intellectuel ? Les défenseurs de la simplification voudraient l’évidence, la facilité, le prêt-à-écrire. Mais exiger un savoir sans difficulté, c’est obtenir une maîtrise au rabais, c’est se considérer trop doué pour se soumettre au doute. Et les métiers confrontés quotidiennement à la langue française le savent : le doute est le meilleur ami du correcteur. C’est celui qui, chaque jour, nous fait ouvrir un dictionnaire, un Bled, pour vérifier encore et toujours la même règle, cette double consonne ou ce pluriel inattendu. Douter nous rend humbles, nous soumet à la norme, plus forte que nous. Vouloir tout maîtriser, c’est affaire de grandes bouches mais de pauvres esprits.

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La priorité est-elle vraiment aux accents circonflexes ?

Dans une époque où la mondialisation dépossède les gens de leur travail, de leur monnaie et de leur tranquillité, pour en faire des « monades isolées » (Marx) soumises au bougisme (la modernité a ses néologismes), c’est naturellement qu’ils s’accrochent avec terreur à chaque singularité, chaque particularisme. Et pourtant, le français a enrichi, et c’est heureux, ses origines latines et grecques d’arabe, de perse, d’anglais, d’allemand et de tant d’autres. Une diversité qui ne l’empêche pas d’être, avant tout, notre chose commune, notre res publica. Un savant mélange qui ne devrait pas céder à la tentation de la francisation à tout prix. La réforme de l’orthographe prévoit, entre autres, de transformer l’a priori en à priori (pour l’adverbe) et apriori (pour le nom). Si de vifs débats à ce sujet animent les linguistes depuis des années, une crainte apparaît désormais. Comment les enfants, privés d’initiation au latin par Najat Vallaud-Belkacem, retrouveront-ils l’origine du mot ? Comment pourront-ils être capables de remonter à la racine du mot, à en avoir une idée avant même que d’en avoir la certitude ? Sans latin et sans grec, la quasi-totalité des préfixes et suffixes est incompréhensible. En l’occurrence, le a latin d’a priori n’a rien à voir avec la préposition “à”, puisqu’il signifie “avant”. En francisant à l’aveuglette les apports extérieurs tout en ôtant aux enfants les armes que leur offraient les langues anciennes, savoirs non utilitaristes par excellence, on les prive de la joie de remonter à l’étymologie des mots, à la racine, pourtant nécessaire à toute entreprise de définition, de construction et de compréhension.

orwell« Mais une langue qui n’évolue pas est une langue morte », assènent-ils. « D’ailleurs, Queneau disait, en 1950 : “L’orthographe est plus qu’une mauvaise habitude, c’est une vanité.” Et Stendhal objectait, en 1804 : “L’orthographe, divinité des sots.” Et, dans le Dictionnaire des idées reçues paru à titre posthume en 1913, Flaubert moquait : “Orthographe : y croire comme aux mathématiques n’est pas nécessaire quand on a du style.” », explosent-ils, triomphants, à peine conscients de citer les plus grands écrivains d’une époque dont a eu raison la modernité.

Évidemment que la langue, impérieuse norme devant la contingence du quotidien, doit évoluer, suivre les usages et s’y plier. Mais que dire des usages actuels ? Encore une fois, la question du tout-progrès, du progressisme, du Progrès avec une capitale (comme on dit chez les typographes) se pose. Langage et réel se façonnent l’un l’autre, George Orwell en est en témoignage. « Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer », écrivait-il dans 1984. Et la modernité n’a qu’un but, à peine dissimulé : le toujours plus − plus vite, plus loin, plus fort − couplé au toujours moins − de temps, de mots, de coûts. C’est ainsi que nous avons vu notre langue s’orner d’un globiche toujours plus monstrueux, dialecte des affaires et de l’argent, réalisé par la globalisation et la consommation de masse.

« Je ne veux pas jouer sur les mots mais sans parler d’écrire, ce serait déjà un grand progrès (puisque nous sommes dans un système du progrès) que d’avoir, que d’être un peu peuple qui saurait lire et qui saurait compter. » Charles Péguy, L’Argent, 1913.

Question de point de vue

La réforme de 1990 ne détruira pas notre langage et les plus puristes – ou les plus réactionnaires, persifleront certains – continueront tranquillement de mettre un trait d’union à “porte-monnaie”. L’inquiétude est surtout de mise pour les générations futures, notamment à cause de la concomitance de la réforme des collèges, qui a vu les cours de latin et de grec réduits à des modules interdisciplinaires. Encore une fois, les classes populaires sont en jeu. Car c’est pour leur bien, nous dit-on. C’est parce qu’elles ont plus de difficultés, assure-t-on, d’une voix paternaliste et hautaine.

Ainsi, Louise Tourret, journaliste à Slate, nous assure que « défendre les accents circonflexes, c’est défendre une pratique élitiste et stérile ». Citant par la suite André Chervel, agrégé de grammaire et docteur ès lettres : « Si l’on veut que tous les jeunes Français apprennent l’orthographe, faisons comme nos ancêtres qui l’ont déjà simplifiée une première fois pour faciliter l’apprentissage de la lecture. Simplifions-la, mais enseignons-la : elle doit redevenir une discipline à part entière de l’école et du collège. […] L’orthographe doit donc se simplifier pour que les larges masses puissent apprendre à lire. »

Plusieurs choses intéressantes dans ces paroles. Si on peut louer la volonté d’insister sur le nécessaire enseignement de l’orthographe aux élèves, force est de reconnaître une certaine méfiance vis-à-vis de la simplification qui serait bénéfique aux masses. Les classes populaires n’ont-elles pas droit, comme les plus riches, à la complexité de la langue ? Ce misérabilisme leur offre un français de seconde zone, à bas coût, de la même qualité que leurs vêtements et chaussures made in China. L’école de la République, dans le grand idéal péguyste, est celle qui offre les mêmes chances à tous. Et pour avoir les mêmes chances, il faut subir les mêmes épreuves. Trois fois tomber de cheval, trois fois se remettre en selle. Là est le vrai but de l’école : s’attaquer à la racine, être radical au sens le plus noble du terme. Ne pas abaisser la langue pour la rendre accessible mais doter chaque élève de l’escabeau du savoir. Pour en finir enfin avec une égalité de pacotille. [iv]

péguyOù est passée l’école de la République, celle qui donnait sa chance à un Péguy, fils de rempailleuse de chaises ? Celle qui fabriquait des Théophile Naudy, inspecteur primaire de l’école normale d’instituteurs d’Orléans, qui orientera le jeune Charles, tout juste diplômé de son certificat d’études, vers la classe de sixième du lycée de la ville : « Il faut qu’il fasse du latin », aurait ordonné le maître des maîtres. Et le fils du peuple, plus tard, de remercier : « Je n’ai point oublié, monsieur, que je vous dois tout, puisque c’est vous qui m’avez introduit aux humanités. » Où est passée l’école de la République, celle qui donnait sa chance à un Camus, fils d’un zouave mort au combat et d’une mère illettrée en partie sourde, en plaçant Louis Germain, instituteur, sur son chemin. « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé », assure l’écrivain en recevant son Nobel. Combien de madame Corrion, professeur de français au lycée Frémont de Lisieux (Calvados) qui m’assura un après-midi : “Vous, Ludivine vous êtes faite pour aller en hypokhâgne”, un mot que l’enfant d’ouvriers que je suis n’avait jamais entendu, l’Éducation nationale forme-t-elle chaque année ? L’école de la République peut-elle encore donner sa chance à chacune de ses ouailles ? Une chose est sûre : en ces temps troubles, il sera de plus en plus difficile aux élites françaises de jouer avec nos emblèmes et de négocier avec notre idéal républicain.

Nos Desserts :

[i] On peut grosso modo dater le début de la mondialisation à la fin des accords de Bretton Woods, en 1971. Les Américains décident de la fin de la convertibilité en or. Le dollar devient alors flottant (son taux change sans cesse), ce qui permet d’accroître la quantité de dollars et facilite la circulation de toutes les monnaies dans le monde.
[ii] Le 30 mai 1989, Michel Rocard décide la suppression d’une assemblée consultative, le Haut Comité de la langue française, et d’un organisme administratif, le Commissariat général, tous deux rattachés à ses services, et leur remplacement par le Conseil supérieur de la langue française (CSLF), composé de ressortissants français, québécois, belges, suisses et marocains.
[iii] À propos de nombres, on ne voit pas très bien ce qui pourrait empêcher que demain, “mille” perde son invariabilité.
[iv] Comme le rapporte le philosophe Jean-Claude Michéa dans l’Enseignement de l’ignorance, « le pourcentage d’étudiants d’origine populaire à l’Éna, Polytechnique et l’ENS est passé de 15,4 % pour 1966-1970 à 7 % pour 1989-1993 ».

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3 réponses »

  1. Bonjour Ludivine, as-tu lu les dix-sept pages de la réforme de 1991? Il s’agit d’une micro-réforme, qui est d’ailleurs déjà appliquée dans moult livres que tu as sûrement lus sans t’en rendre compte! Il m’étonnerait qu’on puisse discriminer en fonction de l’orthographe apprise dans le primaire et le secondaire : très peu d’élèves maîtrisaient, maîtrisent, et maîtriseront les subtilités de la langue française à cet âge-là. Il me semble qu’écrire s’apprend tout au long de la vie, que penser est un travail d’apprentissage constant et c’est sûrement cette disposition qui est sapée par notre environnement. Ce n’est pas une orthographe figée, assimilée et thésaurisée qui entraîne la réussite dans les lettres, mais comme tu l’as souligné, les rencontres avec des professeurs dévoués à leur métier et investis de l’idéal républicain. Certes, il y a un mouvement de fond d’abrutissement général, mais il est probablement dû à l’idéologie de consommation et l’utilisation extensive de gadgets électroniques qu’elle promeut à présent : faire de cette réformette un symbole de celle idéologie est, selon moi, une assimilation totalement erronée.

    Résumé de la réforme de 1990 :
    – le trait d’union : un certain nombre de mots remplaceront le trait d’union par la soudure (exemple :
    portemonnaie comme portefeuille) ;
    – le pluriel des mots composés : les mots composés du type pèse-lettre suivront au pluriel la règle des mots
    simples (des pèse-lettres) ;
    – l’accent circonflexe : il ne sera plus obligatoire sur les lettres i et u, sauf dans les terminaisons verbales et
    dans quelques mots (exemples : qu’il fût, mûr) ;
    – le participe passé : il sera invariable dans le cas de laisser suivi d’un infinitif (exemple : elle s’est laissé
    mourir) ;
    – les anomalies :
    – mots empruntés : pour l’accentuation et le pluriel, les mots empruntés suivront les règles des mots français
    (exemple : un imprésario, des imprésarios) ;
    – séries désaccordées : des graphies seront rendues conformes aux règles de l’écriture du français (exemple :
    douçâtre), ou à la cohérence d’une série précise (exemples : boursouffler comme souffler, charriot comme
    charrette).

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