La gestion sanitaire et économique de la pandémie a été une démonstration implacable de la léthargie complète de nos dirigeants politiques, face à un monde qu’ils ne maîtrisent plus et dont ils ont refusé de modifier le cours. À force de vouloir défendre bec et ongles leur mondialisation et leur libre-échange, ils sont demeurés obnubilés par la santé de l’économie plutôt que par la santé et le bien-être des citoyens.
Les discours d’Emmanuel Macron donnent souvent lieu à un florilège de procédés sémantiques basés sur le registre de la peur tout en faisant triompher le « management de projet ». Comme le développe Michel Rocca dans un article publié sur The Conversation : « Toutes les méthodes du management de projet enseignées dans les écoles et facultés ont été déployées pour réaliser l’exercice : diagnostic d’une situation exceptionnelle, chiffres clés pour installer une rationalité structurée de l’action, ambiance d’engagement, et récit collectif mobilisateur. »
La communication par la peur
Le mensonge a toujours fait partie de la communication politique, mais son évidence atteint des niveaux incommensurables sous la présidence de Macron. Souvenons-nous de la manière dont le gouvernement a menti sur l’utilité des masques pour mieux masquer son manque de préparation. Pourtant, la transparence est un des moteurs de la confiance.
Or, plutôt que la confiance, le gouvernement a sciemment privilégié le catastrophisme. Il suffit d’en juger par les extraits de l’allocution présidentielle du 28 octobre 2020 venant confirmer la mise en place d’un second confinement, pour se rendre compte de la façon dont les chiffres sont détournés de leur véritable signification.
Lors de cette allocution, le Président affirme : « L’âge est le facteur prépondérant. 85% des malades décédés ont plus de 70 ans. Notre deuxième objectif c’est de protéger les plus jeunes. Je l’ai déjà dit, si le virus tue les plus âgés, il tue aussi, même si c’est plus rare, les plus jeunes. Aujourd’hui, au moment où je vous parle, 35% des personnes en réanimation ont moins de 65 ans. Il touche donc sous des formes graves, toutes les générations. » Dans un premier temps, le président réaffirme ce que nous savons tous : la Covid tue en quasi totalité les personnes âgées. Mais, pour inciter les citoyens à accepter le confinement et les restrictions de libertés1, il feint de « protéger les plus jeunes » car« 35 % des personnes en réanimation ont moins de 65 ans ». Les 50-65 ans, habituellement cantonnés à la catégorie des « seniors », seront ravis d’apprendre qu’ils font dorénavant partie de la catégorie des « jeunes ».
« Gouverner sous Macron, c’est mentir, ou faire du marketing. »
Pourtant, une autre présentation des chiffres auraient rendu les choses plus simples et moins alarmistes. Rappelons que, depuis le 1er mars 2020, 92 % des décès concernent les 65 ans et plus, dont les deux tiers souffraient d’une comorbidité. Parmi les jeunes de 15 à 44 ans, le nombre de patients décédés sans comorbidité s’élève à soixante et cette catégorie d’âge représente seulement 8 % des décès.
Du point de vue du pourcentage de personnes en réanimation par classe d’âge, la réalité est plus contrastée que les propos du Président. En vérité, le taux de personnes en réanimation en fonction de l’âge se répartit de la manière suivante (source : Santé publique France) : 65 % des personnes admises en réanimation ont plus de 65 ans. Ce taux tombe à 30 % pour ceux qui ont entre 45 et 64 ans. En dessous de 45 ans, le taux d’admission en réanimation tombe à 5 %. Voilà donc ce qu’il en est pour les » jeunes », comme dirait Macron, le même qui, lors de sa première allocution du 16 mars, affirmait sans qu’on puisse savoir d’où cette information provenait, qu’une « seconde vague […] touchera les plus jeunes ».
Gouverner sous Macron, c’est mentir, ou faire du marketing. Michel Rocca analyse comment « les échecs de la gestion de la pandémie deviennent des ″apprentissages″ ». Cette expérience « fait office de justification dans la décision de reconfiner » dont l’objectif global est incontestable : celui de sauver le système de soins. Quelle audace après que l’idéologie néo-libérale de nos dirigeants français et européens ait assassiné notre système de soins sur l’autel du contrôle des dépenses publiques. Mais la manipulation continue lorsqu’au lieu de faire de la santé une priorité nationale, quitte à devoir appliquer des solutions radicales, le chef de l’État balaye d’un revers de main les autres scénarios envisageables que seraient la prévention des personnes les plus fragiles et l’investissement dans notre système de santé. Tous ces efforts sémantiques et ces chiffres astucieusement choisis ont pour objectif de mieux nous faire avaler la pilule des stratégies de « stop and go », absolument désastreuses pour l’économie, mais surtout à mille lieux d’une politique sanitaire offensive et volontariste face à la pandémie.
En clair, la stratégie de manipulation de nos gouvernants peut se résumer à la formule du professeur Arnaud Benedetti : « Macron a fait passer ses échecs pour une fatalité « , comme s’il n’y avait pas d’alternative.
Le confinement comme résultat du manque de volonté politique
Le confinement est une mesure historique qui révèle la spécificité de la crise du Covid-19. En vérité, ce n’est pas tant la morbidité du virus qui est en question, sauf chez les personnes très âgées. En effet, d’après l’OMS, le taux de morbidité du Covid est de l’ordre de 0,13 %, soit plus de deux fois moins que la grippe saisonnière (0,3 %). Ce qui rend ce virus spécifique, c’est la durée nécessaire en réanimation pour un rétablissement du patient pour les cas les plus graves et les séquelles pouvant surgir. Cela signifie un risque de saturation des services de santé, qui ne seront plus en mesure de prendre en charge les victimes du Covid-19, mais aussi les autres urgences vitales pour d’autres pathologies ou accidents.
Et c’est évidemment ici que se pose le problème de l’engorgement des urgences et des lits de réanimation. On comprend dès lors que le confinement vise à répondre à ces deux problématiques :
- la santé de nos aînés et des plus fragiles ;
- l’engorgement des services de réanimation.
Le confinement reste la seule solution plébiscitée par nos gouvernants en attendant les effets hypothétiques de vaccins testés en catimini et que les grands groupes se feront un plaisir de vendre à prix d’or. Il faut dire que dans ce monde mondialisé, interconnecté, où seule la concurrence régit les échanges entre nations, ces dernières sont incapables de lever les brevets sur les vaccins pour les rendre biens publics mondiaux. l’OMS alerte sur la fracture croissante entre pays riches et pays pauvres dans l’accès au vaccin. Une étude de la Fondation de recherche de l’OMC affirme que « le nationalisme vaccinal pourrait coûter jusqu’à 9.2 millliards de dollars à l’éconoomie mondiale et près de la moitié – 4.5 milliards de dollars – de ce montant dans les économies les plus riches« . La concurrence est l’antithèse de la coopération. Dans ces conditions, comment imaginer que la lutte en faveur du climat puisse s’effectuer dans le cadre d’une coopération internationale ? Pourtant, d’autres voies sont possibles, mais elles supposent une remise à plat du logiciel de pensée qu’on nous impose.
« Il faut dire que dans ce monde où seule la concurrence régit les échanges entre nations, ces dernières sont incapables de lever les brevets sur les vaccins pour les rendre biens publics mondiaux. »
Sur la protection de nos aînés, Emmanuel Macron a refusé catégoriquement, dans ce même discours du 28 octobre, de confiner les personnes à risque. Pour ce dernier, « les personnes vulnérables, ont souvent besoin d’une assistance extérieure pour leurs soins, leur ménage, la livraison de leurs repas ». Un argument de bon sens en apparence mais fallacieux en réalité : ces besoins sont exactement les mêmes qu’il y ait un confinement ou pas. Il récidive dans le même discours : « Certains vivent aussi avec leurs proches, leurs enfants, souvent par manque de moyens « . Un propos repris le 8 novembre par Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, lorsqu’il réaffirme le refus d’isoler les personnes les plus fragiles, prétextant, sans chiffres à l’appui, que beaucoup de personnes âgées vivent actuellement avec leurs enfants ou petits-enfants et sont donc dans l’incapacité matérielle de s’isoler. Dans un régime démocratique digne de ce nom, le porte-parole aurait pu citer quelques données corroborant son propos. Il n’en est évidemment rien, comme toujours. Aucun chiffre ne viendra étayer cette énième affirmation sans fondement du Président et de ses proches. Seule une étude de l’Insee de 2015 sur la région Normandie fait état d’une proportion de 90 % des personnes âgées de plus de 75 ans vivant encore chez elles. Si on ajoute ceux en Ehpad ou institution spécialisée, on est très loin de « beaucoup de personnes âgées » vivant sous le même toit que leur famille. Mais sommes-nous à un mensonge près2 ?
L’isolement des populations les plus fragiles ne peut se faire de façon anarchique dans un pays développé comme la France. Cette décision doit s’accompagner d’une politique de santé publique digne de ce nom. Elle doit s’atteler à mettre le paquet sur la dépendance, l’assistance aux personnes âgées, voire à assurer un véritable service public d’aide à domicile. De plus, au lieu de laisser les individus s’agglutiner devant les laboratoires d’analyse médicale, on pourrait engager une stratégie de tests préventifs sur les personnes à risque, afin de les isoler plus rapidement et de les prendre en charge le plus tôt possible. De la même façon, on pourrait réaliser des tests ciblés, rapides avec résultats immédiats, comme cela existe déjà auprès des petits-enfants qui rendent visite à leurs grands-parents. Le vieil adage « prévenir, c’est guérir » n’a jamais été d’autant d’actualité, mais il réclame que la santé ne soit plus observée uniquement d’un point de vue comptable.
Malheureusement, nos gouvernants, obnubilés par la réduction de la voilure de la fonction publique, ont préféré financer l’assistance des personnes âgées sous forme de crédits d’impôt d’aide à la personne au lieu de proposer une offre publique de qualité et gratuite, sans discrimination de revenus. Au contraire, ces réductions d’impôt réduisent d’autant les recettes publiques et empêchent l’État d’embaucher du personnel public, plus stable, plus fiable et mieux formé que des intermittents de la santé.
« Le vieil adage « prévenir, c’est guérir » n’a jamais été d’autant d’actualité, mais il réclame que la santé ne soit plus observée uniquement d’un point de vue comptable. »
De la « maîtrise » des dépenses de santé à la catastrophe sanitaire
Le débat sur l’engorgement des services de réanimation est le cache-sexe du manque de moyens du système hospitalier dans son ensemble. En effet, certains ont évidemment réclamé davantage de lits et de moyens. Tandis que d’autres remettent en cause l’utilité (et évidemment le coût) de ces lits supplémentaires hors-Covid. Il semble si facile de considérer qu’il suffirait d’accroître le nombre de lits en réanimation et d’augmenter le personnel pour éviter le confinement. Pourtant, l’engorgement des services de réanimation n’est absolument pas une spécificité de cette crise, comme en témoigne les épisodes de grippe annuels et leur lot de services saturés.
La lecture des données hospitalières sont flagrantes et sans appel. Entre 2003 et 2017, on dénombre au moins 69 000 lits supprimés. Les plus libéraux relativiseront ce chiffre en nous expliquant que les services de réanimation n’étaient pas concernés, et qu’en parallèle, on a développé la médecine ambulatoire pour améliorer la gestion des hôpitaux et le flux des patients. Or, selon Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), l’encouragement de la médecine ambulatoire « est très bien pour une personne en bonne santé et jeune, avec seulement une petite opération bénigne de chirurgie… mais nous sommes quand même dans un contexte de vieillissement de la population, avec de plus en plus de personnes âgées, seules, et donc de personnes qui ne peuvent pas être prises en charge en ambulatoire. » De plus, d’après une enquête de Bastamag, ces activités ambulatoires ont favorisé les acteurs privés de la santé et une optique de rentabilité au détriment des plus fragiles.
On peut évidemment compter sur l’ingéniosité de nos énarques et autres administrateurs des hôpitaux pour réduire les coûts au maximum. Quand on sait que le Covid tue quasi uniquement les personnes âgées, cette politique de maîtrise des coûts « coûte que coûte » est une cause principale du marasme actuel. Quand on pense que certains directeurs de CHU « riaient quand nous demandions du personnel supplémentaire » comme le confie Julien Terrié à Contretemps. Il y a de quoi être en colère.
En revanche, dès lors qu’il s’agit de redéfinir les priorités en matière de santé et d’augmentation de moyens, nos têtes pensantes sont beaucoup moins créatives. Ainsi, pour le médecin urgentiste Gérald Kierzek, le reconfinement est dû à « une crise de la capacité de nos hôpitaux ». Nous entendons souvent parler de la saturation des capacités de réanimation, alors qu’il faut regarder la capacité globale du système hospitalier. En effet, il est possible de mieux soigner les patients atteints en début d’affection afin d’éviter au maximum la nécessité de la réanimation. Or, cela suppose de disposer davantage de lits conventionnels et de moyens matériels.
Mais l’augmentation des capacités hospitalières ne peut être une solution satisfaisante. Encore faut-il avoir le personnel suffisant. Le temps semble ici manquer. Par exemple, il faudrait six mois pour former des infirmières en réanimation. Pourtant le président Macron avait mis en place des formations accélérées et annoncées le jour de la fête nationale, assurant qu’en cas de seconde crise « nous serons prêts ». D’après ses dires, 7 000 infirmières et médecins auraient été formés. Or, d’après le collectif inter-hôpitaux, ces formations ont été « expresses » sans qu’aucun bilan prévu soit communiqué. De plus, toujours d’après ce communiqué : « Ce renfort médical est retiré d’autres services » car ce qui manque, comme nous l’avons vu précédemment, ce sont les capacités hospitalières globales. Curieusement, les pays qui n’ont jamais confiné leur population comme la Corée du Sud et le Japon ont un nombre de lits d’hôpitaux par habitant deux ou trois fois plus élevé que le nôtre. Si comparaison n’est pas raison, ces données démontrent que la polarisation du débat sur les capacités de réanimation est secondaire et vise à occulter la question d’une réorientation, voire d’une augmentation de la dépense publique de santé.
« Les pays qui n’ont jamais confiné leur population comme la Corée du Sud et le Japon ont un nombre de lits d’hôpitaux par habitant deux ou trois fois plus élevé que le nôtre. »
La population française serait-elle contre la mise en place d’une taxe de solidarité pour accroître significativement les moyens du secteur de la santé et rendre les métiers dans la fonction publique hospitalière plus attractifs ? Cela n’a rien de bien révolutionnaire en soi, mais il s’agirait alors d’une stratégie plus offensive que la restriction des interactions sociales et la limitation des libertés individuelles. D’ailleurs, soulignons l’initiative de nos voisins belges qui ont créé une « contribution de solidarité ». Il s’agit d’une taxe annuelle de 0,15 % qui s’appliquera à tous les comptes-titres d’une valeur de plus d’un million d’euros. Elle devrait rapporter 428 millions d’euros par an.
L’économie de guerre ou business as usual
Souvenons-nous du discours du 16 mars 2020 annonçant le premier confinement. Le chef de l’État n’a pas hésité à affirmer que nous étions « en guerre ». Or, dans l’histoire de l’humanité, une telle posture aurait signifié des mesures drastiques afin de gagner cette « guerre ». En temps de guerre, les principes qui sont les fondements mêmes de l’économie ne sont plus de mise. Il ne s’agit plus de faire des profits avant tout, mais de tout mettre en œuvre pour sortir gagnant.
D’après l’économiste et polymathe viennois Otto Neurath, une véritable économie de guerre vise à éclipser les préoccupations monétaires (de valeur d’échange), remplacées par des préoccupations matérielles (de valeur d’usage). Cela suppose donc des formes inhabituelles d’intervention de la puissance publique.
Dans le cas de la crise sanitaire, il s’agirait par exemple de :
– réquisitionner des moyens du secteur privé ;
– flécher des budgets vers la santé ;
– améliorer l’attractivité des métiers de la santé ;
– mettre en place un service public de la dépendance ;
– accroître massivement la dépense publique de matériel sanitaire ;
– ou encore mettre en place un prélèvement exceptionnel visant à financer cet effort.
Que nenni dans les démocraties libérales et occidentales. En France, le retour de l’ISF n’a jamais été d’actualité malgré l’échec du « ruissellement » et les trois milliards d’euros qu’il rapporte. Pire, le gouvernement, un an après le début de la crise, n’a pas profité de l’accalmie de l’été pour augmenter les capacités d’accueil hospitalier. Le Canard Enchaîné nous apprend que le nombre de lits de réanimation opérationnels en Île-de-France est passé de 2 500 en mars 2020 à…. 1 700 aujourd’hui. On ne change pas une équipe qui perd.
Nos gouvernants et leurs bureaucrates ne changeront donc jamais leur fusil d’épaule, bien incapables qu’ils sont d’admettre l’échec de leurs politiques de gestion. La crise du Covid aura eu le mérite de démontrer leur manque flagrant de volonté et de courage pour assurer un service public de qualité aux services de tous les citoyens.
« En France, le retour de l’ISF n’a jamais été d’actualité malgré l’échec du « ruissellement » et les trois milliards d’euros qu’il rapporte. »
Une politique volontariste digne de ce nom supposerait, de prime abord, d’accroître l’attractivité des métiers de la santé. C’est-à-dire de faire l’exact opposé de ce qui a été fait depuis le tournant libéral du milieu des années 1980. En effet, le salaire de nos « héros » reste sous la moyenne de l’OCDE, loin derrière l’Allemagne, les conditions de travail sont dégradées et le manque de matériel plus que flagrant.
De plus, le recours croissant aux intérimaires (payés parfois le double sans aucune contrainte de planning) décourage d’autant plus les titulaires. Le dernier rapport annuel sur l’emploi public fait état d’une stagnation du nombre de fonctionnaire dans la fonction publique hospitalière entre 2008 et 2018 alors que la population française, et particulièrement celle des personnes âgées, ne cesse d’augmenter. Au contraire, le recours aux contractuels a fait un bond de 3,3 % sur cette même période alors que ces personnels sont moins spécialisés et intégrés aux équipes de titulaires, ce qui les obligent à davantage de vigilance. Si la santé, puisqu’elle n’a pas de prix, était un objectif prioritaire de politique publique, alors le gouvernement aurait tout fait pour encourager les vocations en améliorant les rémunérations et les conditions de travail. Quel mépris de classe envers les prolétaires de la santé de penser qu’une augmentation de 180 € par mois est suffisante pour compenser leur dur labeur rattraper la perte de 18% du pouvoir d’achat occasionnée par le gel du point d’indice. Le comble du cynisme est atteint par la reconnaissance de façade des soignants par nos gouvernants, qu’ils accueillent à coups de tonfa lorsqu’ils protestent contre le manque cruel de moyens.
« Si la santé, puisqu’elle n’a pas de prix, était un objectif prioritaire de politique publique, alors le gouvernement aurait tout fait pour encourager les vocations en améliorant les rémunérations et les conditions de travail. »
Aujourd’hui, beaucoup considèrent que l’éradication totale du SARS-CoV-2 est impossible, que ce soit par la vaccination ou autrement. En outre, personne ne sait quelles seront les futures mutations du virus et ce qu’il en sera de l’efficacité des vaccins censés les combattre. Sans oublier que nous ne serons pas à l’abri de nouvelles pandémies. Pour l’instant, la stratégie adoptée reste celle du « stop and go » et nous fera subir les dégâts sociaux et psychologiques du manque d’interactions sociales (suicide, maladie cardio-vasculaire encouragée par le stress, etc.3). Il serait temps d’adopter une stratégie offensive visant à mettre notre système de santé au cœur de la régulation de la pandémie pour favoriser une prise en charge plus précoce des malades, ce qui semble être le nerf de cette guerre. Au vu de la situation, il ne serait pas choquant que l’État « surinvestisse » dans le système de santé pour parer à de nouvelles pandémies. D’un point de vue comptable, ces investissements d’avenir sont beaucoup moins coûteux que les mesures de soutien aux entreprises et de chômage partiel.
Mais le maudit logiciel libéral de nos élites visant à diminuer depuis plus de trente ans les dépenses publiques et à vouloir la rentabilité du secteur non lucratif ne sera jamais mis en cause par ceux en place. Car, soyons clairs, un service public n’a pas vocation à être rentable puisqu’il répond justement en premier lieu aux limites du secteur privé, ce dernier recherchant le profit et non pas la fourniture d’un service de qualité sans discrimination. Il serait possible de financer la relance de l’hôpital public en faisant appel à l’épargne abondante des Français par le biais d’un grand emprunt. Cette gestion marchande des biens publics a suffisamment détruit des bureaux de poste, des lignes de chemins de fer et dorénavant la santé, pour qu’on cesse de leur appliquer des stratégies de New Public Management4.
« C’est donc sûrement le moment idéal pour réinventer un monde post-libéral et créer une alternative socialiste pour remodeler en profondeur notre système d’organisation économique et sociale. »
La mise à l’épreuve de nos gouvernants est donc avant tout idéologique. Elle suppose de remettre en question ce logiciel de pensée qui a tué nos solidarités et notre vivre ensemble. À la catastrophe sanitaire suivront l’effondrement de nos économies et la précarité.
C’est donc sûrement le moment idéal pour réinventer un monde post-libéral et créer une alternative socialiste pour remodeler en profondeur notre système d’organisation économique et sociale. Enfin, cette façon de remettre la santé au cœur de notre société s’inscrit plus largement dans un projet politique visant à garantir l’accès aux droits fondamentaux (santé, logement, alimentation, éducation…) en réduisant à néant le poids du capital et des intérêts privés. C’est ce point que nous aborderons dans la seconde partie de cet article consacrée aux conséquences économiques de la crise sanitaire.
Nos Desserts :
- Au Comptoir, nous affirmions, dès avril 2020, que « le monde d’après ne serait pas décroissant »
- Lire aussi notre article « Coronavirus : la maladie du monde malade »
- Une longue analyse : « Économie de pandémie, économie de guerre » sur Le Grand Continent
- « Comment les soins en ambulatoire favorisent le secteur privé plutôt que l’hôpital public » sur Bastamag
Notes :
1. Notamment l’interdiction de manifester qui n’a jamais été aussi longue depuis l’Occupation nazie.
2 . La polémique sur le port du masque étant peut-être le summum du mensonge d’État visant à masquer l’insuffisance des moyens.
3. D’après le généticien Axel Kahn, « pratiquement 100 000 cancers n’ont pas été détectés en 2020 ».
4. L’idée principale du NPM est que le secteur public, organisé selon les principes de la bureaucratie wébérienne, est inefficace, et qu’il est souhaitable de transposer dans le secteur public les méthodes de gestion du secteur privé. À la rigidité d’une administration bureaucratique centralisée, focalisée sur son propre développement, le NPM oppose un secteur public reposant sur les trois E « Économie, Efficacité, Efficience », capables de répondre à moindre coût aux attentes des citoyens, désormais devenus des clients (Amar et Berthier, 2007).
Catégories :Politique
Bonne synthèse des défaillances, des faillites, des désastres dans la « gestion » du Covid19. Je reste, par contre, dubitatif quant à la solution « socialiste ». On a déjà donné avec le socialisme comme emplâtre sur une jambe de bois, ou le social-libéralisme, retournement complet mené par Hollande et autres pour devenir le meilleur soutien de leur ennemi l’Argent.
Il faudrait au minimum une révolution structurelle comme celle que propose B. Friot (le salaire à vie).
Mais tout cela va être dépassé, du passé, avec l’Effondrement qui vient. A ce propos, je conseille la lecture du bouquin d’Y. Cochet, comme résumé d’une foultitude de théories, analyses, observations, diagnostics sur la faillite annoncée de la civilisation humaine dans son ensemble. Ce qui nous ramènera à imaginer – si nous en avons encore la force et les moyens- un monde radicalement différent.
Vous avez tout à fait raison sur e socialisme. La deuxième partie de cet article défend justement une solution de socialisation du revenu « à la Friot ».
J’attends donc avec curiosité cette alternative socialiste qui serait communiste, et révolutionnaire par surcroit dans le monde de l’Effondrement qui devra se passer des fondamentaux de la Production et des axiomes du Profit..
S’il en était encore besoin, un virus démontrerait que le choix du titre du blog « Immondialisation: peuples en solde! » était loin de n’être qu’une provocation mais résumait ce à quoi nous sommes confrontés et que nous devrons bien, un jour ou l’autre, combattre frontalement si nous souhaitons garder quelques bribes de capacité à agir sur notre société et son contenu économique et social. Ce qui nous impose déjà de réfléchir à la nécessité de reconquérir souverainetés populaire et nationale, indépendance et, un peu, de démocratie. Faute de cela, on peut déjà prévoir, après avoir eu « la vache folle », que les fermes aux 1000 vaches, aux 10 000 porcs ou aux 100 000 poulets nous offriront d’autres minuscules visiteurs incongrus.
Méc-créant.
(Blog: « Immondialisation: peuples en solde! » )
Ce n’est pas de l’apathie, c’est du crime.
Ils savent très bien ce qu’ils font en privant de ressources la santé, l’éducation, l’énergie, les transports, etc.. ils continuent leur sale besogne de vente à la découpe du pays aux intérêts purement mercantiles.
Ces gens sont tout simplement des traîtres à la nation qui devraient être jugés et punis comme tels.
Espérons que l’histoire leur « rendra justice » et surtout, que nous aurons la maturité électorale de mettre tout ce « beau monde » dehors en 2022.
Je suis peut-être dure mais l’esprit de cette fausse gauche, de la droite ainsi que de la droite extrême est basé sur l’égoïsme, la cupidité et tous les pires défauts de la création. Après tout, ils nous traitent comme des esclaves, nous méprisent (alors que c’est notre force de travail qui les enrichit) et nous font crever à petit feu, en même temps que l’humanité car nous sommes bien partis pour, au vu de tout ce qui devrait être fait pour éviter la flambée des températures qui fera de notre paradis la terre, un enfer de feu, de faim, de soif et de maladie pour les jeunes et futures générations.