Culture

L’idée de nature : stop ou encore ?

Spécialiste du sujet, Patrick Dupouey livre ici un ouvrage accessible, mais qui ne cède rien quant à une certaine exigence intellectuelle.

Éditions Agone, 2024, 240 p.

Il faut d’abord louer la forme. On est loin de l’ambiance d’un plateau d’une chaîne d’infotainment où prédomine la recherche du buzz et du clash. Dupouey se place à bonne hauteur. Il se confronte à Descola, tout en étant capable de lui accorder le crédit de multiples acquis, de souligner des points de convergence (notamment une critique radicale du capitalisme) et en se montrant ouvert à la nuance. Mais, signe d’un réel respect, il n’élude rien des divergences.

Sur le fond, Dupouey livre un travail de grande facture. Il a lu et analysé toute l’œuvre de Descola, ainsi que nombre de ses entretiens. On n’entrera volontairement pas ici dans les différents points d’achoppement entre les deux intellectuels. On ne peut que vivement recommander à chacun de lire ce Pour ne pas en finir avec la nature.

Mais pour y inciter, on s’autorisera cependant à évoquer les principales questions mises en débat :

– d’où vient le naturalisme et comment a-t-il été défini ?

– la distinction nature/culture doit-elle être abandonnée ?

– que pouvons-nous espérer d’une « subjectivation » des non-humains ?

– l’éventuelle objectivation des non-humains engendre-t-elle nécessairement leur domination et leur exploitation ?

– jusqu’où pousser le relativisme des ontologies ?

Loin d’être cantonnés à une réflexion spéculative susceptible de ne concerner que les intellectuels en chambre, ces enjeux sont au cœur des luttes environnementales actuelles. On aura donc tout intérêt à lire cet ouvrage, afin de se garder de quelque « périlleuse glissade ».

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