Politique

Coronavirus : Le monde d’après ne sera pas décroissant

L’allocution du jeudi 12 mars du Président de la République a fait naître une sensation particulière dans le cœur de nombreux Français. Il en a appelé à modifier considérablement notre « modèle de développement ». Il a affirmé que « la santé gratuite » et « notre État-providence » n’étaient pas « des coûts ou des charges mais des biens précieux ». Ajoutant même que « certains biens et services » devaient « être placés en dehors des lois du marché ». Certains y ont vu un changement radical comme une prise de conscience de notre Président sur la nécessité de réduire les échanges internationaux et la dépendance aux importations étrangères notamment de Chine. Ou encore d’encourager des modes de production plus respectueux de notre planète. Certains y ont même vu un premier signe vers un monde décroissant. Vrai espoir ou réelle naïveté ? En analysants les actions du gouvernement et de l’Union Européenne, l’issue de la pandémie ne fait aucun doute : les affres du néolibéralisme ont encore de beaux jours devant eux.

L’épisode du Coronavirus a été une nouvelle occasion de souligner les croyances obtuses de ce gouvernement (et tant d’autres avant eux) envers les bienfaits de l’initiative individuelle, de la libre concurrence, et du marché.

La solidarité oui mais pas pour les plus aisés

Historiquement, en temps de guerre les nations n’avaient pas hésité à mettre en place des contributions exceptionnelles pour financer l’effort de guerre : que ce soit la dîme saladine visant à financer les croisades au Moyen Âge1 ; de même le gouvernement Daladier, plutôt sensible aux thèses libérales, avait imposé une majoration de 30 % de l’impôt sur le revenu ainsi qu’un prélèvement de 2 % sur les revenus professionnels et mobilisé le « devoir fiscal » en vue du futur conflit avec les Allemands2 ; Roosevelt à partir de 1935 n’hésita pas une seconde à relever le taux marginal d’impôt sur le revenu jusqu’à 91 % afin de mettre à contribution les plus aisés dans l’effort de redressement des États-Unis suite à la crise de 1929.

« Pour le « président des riches » il était évidemment hors de question de faire porter la moindre solidarité supplémentaire aux plus aisés, tellement ces derniers lui semblent indispensables. »

L’effort collectif était requis et il concernait bien souvent les plus favorisés3. Pour le « président des riches » il était évidemment hors de question de faire porter la moindre solidarité supplémentaire aux plus aisés, tellement ces derniers lui semblent indispensables. En tout cas davantage que les vrais utiles de la société notamment les infirmières, médecins, caissières, travailleurs du secteur de l’énergie, de la livraison et tant d’autres habituellement invisibles.

L’écart entre le taux marginal d’imposition des plus hauts revenus par rapport au reste de la population n’a cessé de baisser depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Source : http://www.impotsurlerevenu.org

Le cynisme atteint son comble lorsque le samedi 21 mars, France Télévision ose en appeler aux dons des Français lors d’une grande soirée en soutien pour les hôpitaux et le personnel hospitalier. On oublierait presque que la solidarité à l’échelle d’un pays a un nom qui s’appelle « l’impôt ». On pourrait faire une liste à la Prévert du manque à gagner permis par les réformes en faveur des 1 % au début du quinquennat de Macron. Mais rappelons juste que le rétablissement des patrimoines financiers dans l’assiette de l’ISF, et l’imposition des revenus du capital au barème progressif de l’impôt sur le revenu4 permettrait de faire rentrer dans les caisses de l’État plusieurs milliards d’euros. Malheureusement l’aveuglement idéologique de nos dirigeants est incompatible avec la mise en œuvre d’une véritable solidarité nationale. En janvier 2019, Gérald Darmanin, le ministre des finances affirmait « l’ISF est un impôt idiot » alors qu’il excluait de son calcul tout ce qui est nécessaire à l’économie. Depuis sa suppression aucune étude n’a permis de démontrer que les capitaux seraient revenus par magie. Le 31 mars 2020, le même ministre souhaite mettre en place une grande plateforme de dons en ligne pour que tous ceux qui peuvent puisse apporter leur contribution. On rêve éveillé.

Épargner ceux qui vivent du travail des autres

Le gouvernement, qui s’est jusque-là caractérisé par son manque d’anticipation et ses messages contradictoires, profite du désastre pour continuer de taper sur le dos des travailleurs. La loi sanitaire d’urgence a permis de faire passer sur ordonnances le casse social du siècle : semaine de 48 heures autorisée, totale souplesse donnée aux patrons pour flexibiliser, précariser, intensifier le travail. Terminées les vacances et les dimanches en famille, les jours de RTT ou de repos pourront être décidés unilatéralement par l’employeur sans accord collectif préalable jusqu’à fin 2020.

Une véritable illustration de la stratégie du choc pour reprendre le titre de l’ouvrage célèbre de Naomi Klein5. Cette loi votée sur commande du MEDEF, permet donc de déroger à la durée légale du travail. Une mesure d’apparence de bon sens, sauf que la durée légale du travail n’est pas la durée effective, au sens où la durée légale correspond au seuil de déclenchement du paiement des heures supplémentaires. La loi proclame donc de réduire le salaire des petites mains qui sont au front dans les supermarchés et autres magasins d’alimentation. La solidarité à la sauce Macron existe, mais elle concerne avant tout les actionnaires.

Bruno Le Maire dans ses œuvres

C’est à se demander où sont les 20 milliards de CICE et les autres 20 milliards d’exonérations de cotisations sociales, vous savez toutes ces « charges » qui « plombent » notre économie. Malheureusement par leur baisse, les gouvernements successifs ont réduit comme une peau de chagrin le montant du salaire différé (prestations chômage, retraite, invalidité et maintenant chômage partiel) considéré comme un amortisseur bien utile en temps de crise.

Mais surtout où est la générosité de ceux qui possèdent le capital ? Les soit-disant « créateur de richesse 6 » du système qui pillent la richesse nationale en s’engrossant de dividendes en hausse de 12 % cette année ? Même Bruno Le Maire dans un tweet appelle à une distribution « raisonnable » des dividendes pour favoriser l’économie réelle. Quel aveu de faiblesse du ministre de l’Economie alors que depuis deux décennies, les économistes hétérodoxes soulignent les conséquences malsaines de cette déconnexion entre la sphère financière, spéculative et la sphère réelle de l’économie. L’économiste Dany Lang appelle dès maintenant à ce que les dividendes soient utilisés pour recapitaliser les banques et reversés aux salariés qui assurent la création de richesse.

Mais pas de pitié pour les gueux ! Adieu le gâteau des dividendes français de 60 milliards d’euros, adieu les réquisitions des entreprises pour accélérer la fabrication de masques, gels, aspirateur et de toutes ces choses qui sauvent ce qui n’a pas de prix : la vie.

Au lieu de cela nous sommes obligés d’attendre que LVMH daigne utiliser une partie de ses usines de parfum (enfin le peu qui n’ont pas été délocalisées) pour fabriquer du gel hydroalcoolique. Les naïfs y verront un geste désintéressé, oubliant que l’entreprise n’a sûrement plus besoin de cette chaîne de production car leurs stocks de parfum sont largement suffisants pour répondre à une demande forcément en baisse. Un minimum de connaissance du secteur industriel devrait faire prendre conscience que de nombreux processus de fabrication demandent parfois une exploitation en continu, sans aucun arrêt, au risque d’endommager le matériel et d’obliger l’exploitant à le changer7. Cessons d’être dans le béatification quand l’objectif final d’une entreprise est la maximisation du profit. L’idée qu’elle pourrait faire de la philanthropie est un vaste écran de fumée. Si l’urgence était de fabriquer des gels, des masques ou autres, le plus simple et rapide aurait été de réquisitionner au moins temporairement ces usines pour répondre à la demande de matériel médical. Cela aurait été une solution beaucoup plus efficace que d’attendre des gestes « désintéressés » de grandes firmes multinationales qui s’assoient allègrement sur les réglementations sociales et environnementales.

« Le gouvernement profite du désastre pour continuer de taper sur le dos des travailleurs. »

D’ailleurs, toujours à la pointe du combat pour une économie solidaire et écologique, le MEDEF demande à l’État de nationaliser les entreprises en difficultés. Il n’y a encore que les béni oui oui pour croire qu’il s’agirait des prémisses au retour d’un État irrigateur et stratégique qui aurait les moyens de mener à bien une politique industrielle digne de ce nom. Non. En vérité il s’agit d’une énième antienne du concept du néo-libéralisme selon laquelle on socialise les pertes pour mieux privatiser les profits. La crise financière de 2008 où l’État avait dû mettre la main à la poche pour réparer les méfaits de la dérégulation financière, devrait être dans toutes les mémoires et nous faire douter d’une peu probable nouvelle régulation de l’économie. D’ailleurs le mécanisme de chômage partiel connaît déjà des dérives au sein de nombreuses sociétés qui n’en ont fondamentalement pas besoin. Dès qu’il s’agit d’accroître ses profits sur le dos des contribuables, on peut toujours compter sur le secteur privé. Le logiciel macroniste (et de ceux qui l’ont précédé) n’est pas compatible avec un contrôle accru du secteur privé. C’est tout à fait le contraire. Est-il encore nécessaire de devoir le prouver ?

L’Europe aux abonnés absents

La pandémie a été l’occasion pour les 27 pays de l’UE de suspendre les règles de discipline budgétaire. Une mesure qui va de soi et qui avait déjà été utilisée en 2011 en pleine crise de la dette de la zone euro. Cette dernière permet aux États membres de déroger temporairement au Pacte de stabilité et de croissance, qui fixe les règles budgétaires pour les États ayant adopté la monnaie unique. Cela induit donc que les 27 États peuvent dépenser autant qu’il le faut pour compenser les conséquences économiques du coronavirus. L’Allemagne a fait un grand pas en avant en suspendant sa règle de déficit 0 afin d’avoir recours à 156 milliards d’euros de nouveaux emprunts.

Mais l’assouplissement des règles budgétaires ne signifie en rien que l’Europe fasse front commun contre le coronavirus. Au contraire, comme à l’accoutumée, ce sont les égoïsmes nationaux et la concurrence qui structurent l’idée européenne.

La seule réponse coordonnée consiste en un programme d’achat d’actifs de 750 milliards de dollars intitulé « Pandemic Emergency Purchase Programme » qui n’est qu’un ersatz de la réponse européenne à la crise financière de 2008. L’objectif est avant tout d’éviter l’effondrement des marchés financiers en assurant la liquidité et le mécanisme du crédit. Les projets de mutualisation de dettes publiques sont par contre refusés en bloc par l’Allemagne et les Pays-Bas. Il n’y aura donc aucune annulation de dettes, aucune création monétaire ciblée sur des projets écologiques ou sur la santé. Au contraire, en laissant les États porter le poids de la relance, les dettes publiques vont continuer à croître et une crise d’insolvabilité pointera son nez. Une fois encore, les citoyens seront les victimes unilatérales d’une nouvelle cure d’austérité coupant dans les dépenses sociales et de santé, car on aura préféré soigner le capital financier plutôt que le peuple.

« Tant que nous ne ferons pas table rase de ce système économique mortifère, la seule transition écologique qui prévaudra sera celle dirigée par le secteur privé à coups d’incitations et autres cadeaux fiscaux. »

Y-a-t-il un pilote dans l’avion européen ?

La crise sanitaire que nous connaissons aurait du être celle de la consécration du projet européen tel qu’il fut fantasmé par les optimistes en rimant avec « solidarité » et « progrès ». Point de solidarité ici, mais le respect d’une logique concurrentielle qui est l’unique leitmotiv de l’Europe depuis sa création. Le même projet qui a affaibli notre industrie par la monnaie unique, vendu nos bijoux de famille au secteur privé et brisé nos services publics par l’austérité budgétaire. Pire, dans le cas italien, la solidarité est venue de pays plus ou moins inattendus. La Chine et la Russie, tout d’abord, qui ont tout à gagner sur le plan international en isolant les États-Unis. Mais le plus étonnant a été l’aide de Cuba et le Venezuela, soit les seuls pays qui subissent un blocus commercial et économique de la part des États-Unis. Cuba, reconnu pour la qualité de son système de santé, envoie désormais des médecins dans plusieurs pays du monde, notamment dans les départements d’outre-mer, pour y soutenir les équipes de santé. Tout comme le Vénézuela et ses médecins « communautaires » spécialisés dans les soins à destination des populations les plus défavorisées. En France, des députés ont carrément réclamé l’aide médicale de Cuba. Encore récemment, le Financial Times appellait l’administration Trump à cesser les sanctions contre le régime de Nicolas Maduro pour éviter une catastrophe sanitaire tant le pays est déjà acculé par les sanctions américaines. Le point commun entre Cuba et le Vénézuela est que ces deux pays sont socialistes et font partie de l’Alliance Bolivarienne (ALBA). L’Union Européenne aurait bon ton de s’inspirer du principe défendu par l’ALBA, car elle régit les rapports entre nations sur la logique de l’entraide, du don et contre don. À l’inverse du projet européen fondée sur la concurrence et le moins disant social et fiscal.

La décroissance attendra

Est-ce la naïveté ou le désespoir qui peut faire croire à nombre d’entre nous que le monde de demain sera plus écologique et solidaire ? Les semaines qui ont suivi l’allocution présidentielle ainsi que les signaux envoyés par son équipe gouvernementale devraient nous faire comprendre que le logiciel de nos élites dirigeantes n’a pas bougé d’un iota. Si une transition écologique devait advenir, elle ne pourra pas se faire grâce à la puissance publique, engluée dans une dette abyssale et managée par les caprices des marchés financiers. Pour certains la solution se trouve du côté des pays de la zone Euro en utilisant le levier de la création monétaire massive via la BCE. Ici encore, point d’espoir quand on voit que la priorité de Mme Lagarde est à la sauvegarde de la rente financière au détriment du rachat des dettes publiques afin de donner aux États les moyens d’agir efficacement. Les bourses dévissent à chaque catastrophe sanitaire, mais on voudrait encourager la capitalisation de notre système de retraite ? Pour Patrick Artus de Natixis, le Coronavirus signe la fin de l’ère néo-libérale, mais il s’agit davantage d’un retour à un capitalisme plus modéré plutôt qu’un changement de paradigme.

Beaucoup craignent les conséquences économiques de cette crise. Tout au contraire, il serait au contraire temps d’y voir une bénédiction : arrêtons de vouloir à tout prix protéger la croissance de notre sacro-saint PIB (qu’il soit plus vert ou non) qui « mesure tout sauf ce qui vaut d’être vécu8 « . Arrêtons de consommer toujours plus de biens inutiles ou superflus. Redonnons sens à notre travail et à nos activités. À quoi bon continuer dans cette voie qui sacrifie le vivre ensemble sur l’autel de l’individualisme.

Tant que nous ne ferons pas table rase de ce système économique mortifère, la seule transition écologique qui prévaudra sera celle dirigée par le secteur privé à coups d’incitations et autres cadeaux fiscaux. La société décroissante que l’on appelle de nos vœux risque d’attendre car elle représente autant une révolution anthropologique qu’économique.

Cette crise sanitaire aura eu le mérite de démontrer que les moins payés sont les plus utiles à la société et que ce sont les travailleurs ordinaires qui font tenir le pays. Elle démontre que les services publics sont un trésor et que l’effort collectif doit prévaloir sur le déchaînement individuel.

Encore un effort et peut être il adviendra un socialisme décroissant.

Nos Desserts :

Notes :

1Voir Norbert Elias, La dynamique de l’Occident, 1975.

2Voir Nicolas Delalande, Les Batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, éditions Le Seuil, 2011.

3Dans la Grèce antique par exemple, en cas d’événement exceptionnel – une guerre, par exemple –, un impôt direct était levé, on l’appelle l' »eisphora » (εiσφορά). Il est fondé sur le capital. Aux très riches revenait aussi la prise en charge de la  » liturgie « , c’est à dire les services publics.

4Le ruissellement n’étant qu’une fable idéologique.

5Selon la thèse de cet ouvrage, chaque désastre ou catastrophe, est une nouvelle opportunité pour appliquer des mesures de plus en plus libérales ou liberticides. L’après 11 septembre en est un exemple flagrant mais récemment en France, les attaques du Bataclan ou la tuerie de Charlie Hebdo ont été le déclencheur d’un fichage accru des individus qu’ils soient affiliés ou non à des actes terroristes.

6Qui n’en sont pas en vérité. Une manière simple de l’illustrer est de considérer un apporteur de capital qui achèterait un arbre. Sans une transformation par un artisan de ce bois en table, chaise ou autre bien utile, la valeur marchande créée par l’achat de cet arbre est nul. Sauf à ce que le bois soit une denrée tellement rare que le capitaliste puisse la revendre avec une plus-value. Mais même dans ces conditions, la richesse crée est très faible et la valeur d’usage absolument nul. En vérité, c’est le travail qui crée de la valeur, pas celui qui apporte le capital. Ce dernier n’est qu’un « outil » de la valeur.

7Par exemple, dans le domaine agro-alimentaire, la fabrication de pâtes ne peut pas être interrompue trop longtemps car les substances peuvent se figer, durcir à l’intérieur des machines.

8Pour paraphraser le célèbre discours de Robert Kennedy du 18 mai 1968.

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10 réponses »

  1. Pourquoi dire « l’Europe », alors qu’il s’agit de « l’Union Européenne » ? L’Europe est une réalité géographique. L’UE est une construction politique dont l’échec est patent. Nous ne pouvons pas démonter une réalité géographique, mais nous pouvons démanteler ou du moins nous défaire, d’une construction politique. Autant alors l’appeler de son vrai nom.

    Pourquoi associer « égoïsmes » et « nationaux » ? Comme si les nations sont à l’origine des égoïsmes. Non, c’est la cupidité des classes dominantes qui est à l’origine de ces égoïsmes. On nous avait fait déjà le coup pour ce qui est du déclenchement des guerres… Nous voyons des nations désespérées de ne pouvoir protéger leurs peuples et qui se livrent alors à des actes « égoïstes ». Mais peut-on encore accuser ces nations – et les nations en général – lorsque pendant des années, le dogme fondateur de l’UE a été appliqué, à savoir « la concurrence libre et non faussée » de tous contre tous ? En voici le prix…

    Voici la vérité des prix : quittons toutes ces instances supranationales qui nous font démanteler nos services publics, brader nos fleurons industriels, nous voler nos conquis sociaux et détruire, au bout du bout notre démocratie en nous privant de notre souveraineté, celle-ci étant le pilier de la première.

    Sécession de la France hors de l’UE, abandonnons l’euro-mark, quittons l’OTAN, l’OMC, l’OMS, le FMI, la Banque Mondiale, etc !
    Démondialisons pour pouvoir mettre fin à cette course à l’abime qu’est le capitalisme !
    www . pardem . org

    • L’utilisation du terme « Europe » est tout à fait générique et vous avez bien compris qu’il s’agissait des institutions telles que L’Union Européenne ou l’Euro. D’ailleurs l’article n’appelle pas à l’isolationnisme mais à s’inspirer du principe de l’ALBA qui encourage la coopération plutôt que la compétition. L' »égoïsme » des nations ici s’apparente bien à l’égoïsme de ceux qui souhaitent s’accaparer une part du gâteau de plus en plus grande. Il est le corolaire du fondement de l’UE construit comme un grand marché unique. Il s’agit évidemment ce ceux qui sont à la tête de ces pays et de ces institutions. Sur le fond nous sommes parfaitement d’accord.

  2. Au fond c’est toujours la même chose depuis une centaine d’années les politiciens française : avoir un discours socialiste, faire une politique libérale. Tous, même Pétain. Macron ne déroge pas à la règle.

  3. Il n’y au aura jamais de gouvernement qui mettra en place une politique de décroissance. Impossible, ne serait-ce que parce que les gens n’en veulent pas. Les syndicats n’ont de cesse de prôner l’augmentation du pouvoir d’achat, toutes catégories sociales confondues. Non, la déconsommation, je préfère cette expression qui parle à tout le monde et qui responsabilise, elle ne se fera que si nous commençons à la mettre en oeuvre nous-même en le faisant savoir, en l’expliquant et en la médiatisant. Elle sera progressive et c’est bien. Il nous faut aussi préciser qu’il ne s’agit pas de se priver mais simplement ne plus acheter ce dont nous n’avons pas besoin avec en prime, dépensant moins, du temps libre ! Elle sera forcément progressive et bien répartie en fonction des choix de chacun.

    • On n’est sait fondamentalement rien. Soit on change le système par la politique, soit par une révolution qui impose par le bas une société décroissante et décente. La politique est une question de rapport de force et de blocs sociaux-politiques. Dans cette première optique, il s’agit de faire basculer le débat par des alliances entre blocs pour défendre une société décroissante. J’avoue que je ne suis pas très optimiste face à cette piste mais quand on voit le soutien de nombreux français aux gilets jaunes (souvenons nous du cahier de doléances) et contre la réforme des retraites on peut déjà estimer qu’il existe un ras le bol du néolibéralisme et que de nombreux individus veulent juste vivre décemment.

      Quoi qu’il en soit la déconsommation est le corolaire de la décroissance. Tout simplement car une baisse de la consommation (en achetant uniquement ce dont nous avons besoin, en luttant contre le gaspillage et l’obsolescence programmée) induit automatiquement une baisse de la croissance du PIB. C’est mécanique puisque le PIB mesure les échanges marchands ou dit autrement les activités qui ont une valeur monétaire. C’est extrêmement important de comprendre ce que mesure le PIB pour mieux appréhender le concept de décroissance. Par conséquent, si chacun cultivait son lopin de terre ou avait plus de temps pour effectuer des taches quotidiennes (bricolage, ménage, éducation des enfants, cuisine etc…) cela ne sera pas reconnu dans le calcul du PIB. Par contre, il y aurait une valeur d’usage de nos activités bien plus fortes. On voit bien ici qu’il s’agit de la révolution anthropologique permise par le décroissance : sortir d’une évaluation des activités en termes de valeur d’échange pour la substituer par la valeur d’usage.

  4. Article éclairant, qui nous aide à comprendre les motifs réels de certaines décisions et de certains positionnements.

    Mais : des fôtes de franssè hélas :

    comme à l’accoutuméE
    les populations les plus défavoriséEs

    Quel dommage, heureusement, cela n’enlève rien à la pertinence de l’article.

  5. Tous ici nous attendons « l’événement » qui viendra chambouler notre société, la fameuse « rupture anthropologique » susceptible de modérer le changement climatique et d’établir une équité sociale nouvelle mais… comme dit l’autre ce qui caractérise « l’événement » c’est d’abord sont imprévisibilité. Donc angoisse et colère dans les chaumières, quand bon dieu (!) sortirons-nous du trou ? La décroissance ou la dé-consommation, ou la sous-consommation, et jusqu’où va-t-on ? L’endiguement de nos désirs ? La prédominance du cortex sur le striatum? L’acceptabilité massive et simultanée des nouveaux paradigmes etc…au point d’envisager (et même d’acter, mais j’ai horreur de ce terme) cette rupture anthropologique si nécessaire, là est la question. Cette rupture est nécessaire ou pas ? Va-t-elle s’imposer, faire événement ? En sommes le risque est que nous nous apprêtions à confondre espoirs et réalité immédiate ? Ici, on discute la plupart du temps de l’essentiel de nos vies sociales et existentielles et quand je prends le temps de vous lire je suis invariablement comblé sinon accablé par ce que révèlent la plupart des analyses proposées. Quantités d’autres sources confirment l’état des lieux. Mettons de côté les imprécisions, les fautes, les égos pointus, nous sommes d’accord pour déplorer le cynisme et l’aveuglement du capitalisme en général et de l’ultra-libéralisme en particulier. De fait nous nous heurtons à un mur tantôt angélique, tantôt barbare et cynique, d’où la question: quelle énième catastrophe d’ampleur (suffisante !) viendra modifier nos vies, c’est à dire restaurer l’équilibre « marché-politique-moral-éthique », rien que ça ! Mon sentiment, sans aucune acrimonie, rejoint le vôtre, rien à l’horizon de nouveau, pas de décloisonnement des conditions, pas de politique-vérité en vue, pas de stratégie nouvelle des finances et des projets, c’est le primat de la lutte de classe qui engouffre tout, et au diable l’écologie théorique qui s’imagine que tout deviendra possible du seul fait des catastrophes environnementales, ou du comportement individuel, chacun à sa bêche et aux poules ! A chacune des phases d’un processus civilisationnel quelconque le capitalisme joue pour gagner, en pesant sur tous les détails nécessaires, aveuglé par la récupération de tout, finalement…Au primat vital de changer l’économie aux fins de résoudre la question du dérèglement climatique et de l’utilisation des substances toxiques, il faut imposer aux écolos non encore convaincus le primat de la lutte des classes, autrement dit admettre que seul un rapport de forces puissant et historique peut faire surgir « l’événement », la sortie en ordre accepté du cahot général: famines, répression, guerres, dégradation des écosystèmes, gaspillage, conditionnement des sociétés, perte des langues, perte des libertés, mépris des minorités etc. Et si on part du principe que la démocratie n’a rien à gagner au changement, on se trompe, du moins faudrait-il partir du principe que la démocratie est exemplaire par les temps qui courent pour en arriver à se méfier de « l’événement » ! Un comble ! Prochain épisode, la représentativité…

  6. Rassurant, je vois qu’il a des gens qui réfléchissent, ça change de Netflix et autres décervelages. Mais on est minoritaire à penser comme ça (avec le  » on » je me suis mis dans le groupe)

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