Politique

Ukraine : les peuples contre la guerre

Les bottes claquent, le clairon retentit : le soldat Macron s’en va-t-en guerre. Alors que la résistance de l’armée ukrainienne menace de céder aux assauts de la Russie, se rapproche la perspective de l’entrée de la France dans un troisième conflit mondial qui, en vérité, a déjà commencé.

Il faut bien reconnaître une chose à Emmanuel Macron : il a le sens du coup de com’. Après deux difficiles mois de colère agricole, il est parvenu à cristalliser le débat public autour d’une possible intervention française dans le conflit ukrainien, se replaçant ainsi au centre du jeu à trois mois des élections européennes. Instrumentaliser la tragédie de la guerre à des fins de politique intérieure est d’un cynisme qui sied parfaitement au président français, et dont on pourrait presque sourire, si l’on occulte la gravité des conséquences potentielles de cette escalade verbale.

Faut-il mourir pour Donetsk ? Il semble qu’il faille se poser la question, puisque l’heure est manifestement aux comparaisons historiques. Politiciens et commentateurs s’égosillent au cri de « Munich ! Munich ! », Macron se donne des airs de Churchill, tandis que les responsables politiques ne faisant pas preuve d’assez d’enthousiasme à l’idée d’un affrontement entre puissances nucléaires sont renvoyés à Daladier et Chamberlain – voire carrément accusés de constituer une cinquième colonne aux ordres de l’ennemi, des traitres, des Laval et des Doriot en puissance.

Emmanuel Macron en Roumanie pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés depuis l’invasion russe de l’Ukraine. Constanta, 14 juin 2022.

Bien sûr, ces déclarations martiales n’engagent en réalité à pas grand-chose : les capacités militaires et industrielles actuelles de la France ne permettent pas d’initier un conflit de haute intensité avec l’armée russe. Macron, comme Poutine, le sait. Mais l’idée a fait son chemin en Europe, notamment en Pologne, en Tchéquie et dans les pays baltes. L’escalade guerrière entre l’Occident et la Russie semble déjà amorcée. Face à ce désastre qui s’annonce, comment faire exister la voix de la paix ?  Pouvons-nous encore agir pour éviter ce qui peut être la plus grande catastrophe de l’Histoire humaine ?

Poutine, premier obstacle à la paix

Rappelons d’abord un fait important : il faut être deux pour faire la paix. Poutine ne veut pas la paix, sauf une qui reviendrait à une partition du territoire ukrainien ; les seules négociations auxquelles il accepterait de participer seraient celles qui entérineraient sa conquête de la Crimée et du pourtour de la mer Noire. Or une telle paix, signée sur le dos de l’Ukraine, ne serait qu’une trêve précaire en attendant un nouvel affrontement. Si Poutine parvient à sortir d’Ukraine la tête haute et de nouveaux territoires sous le bras, il consolidera son pouvoir dictatorial, il restructurera son armée, la réapprovisionnera grâce à une industrie de guerre tournant à plein régime.

En conséquence, les pays européens – à moins qu’ils ne succombent à la naïveté imbécile de croire que Poutine en restera là – poursuivront leur course à l’armement, et mobiliseront leurs populations en vue du moment, désormais inévitable, où la Russie tentera à nouveau le coup, en Ukraine, en Moldavie, en Géorgie ou dans la Baltique, et où la guerre totale éclatera en Europe, pour de bon cette fois-ci.

De même, l’idée selon laquelle le conflit ukrainien est une affaire lointaine et que les pays occidentaux ne sont pas menacés est un leurre. Poutine a un compte à régler avec l’Ouest, qu’il considère comme une menace mortelle pour son régime. Lui et ses propagandistes l’ont répété, ouvertement et à l’envi : la Russie serait engagée dans un conflit existentiel avec l’Occident, dont l’objectif ultime est la reconstitution de l’ancien empire soviétique et la liquidation de l’OTAN. Sans doute ne voulons-nous pas entrer en conflit avec les Russes, mais Poutine, lui, a bien l’intention d’entrer en conflit avec nous. « Du moment que nous ne voulons pas d’ennemis, nous n’en aurons pas, raisonnez-vous. Or c’est l’ennemi qui vous désigne. Et s’il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitiés. Du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, vous l’êtes« , nous avertissait déjà Julien Freund.

Donbass de Sergei Loznitsa (2018)

C’est pourquoi les appels répétés au cessez le feu et aux pourparlers entre belligérants sont certes louables, mais risquent fort de ne pas trouver leur chemin jusqu’aux oreilles du dirigeant russe. Comment, concrètement, forcer Poutine à s’asseoir à la table des négociations, alors qu’il semble déterminé à remporter une victoire totale en Ukraine et à imposer son ordre néo-soviétique à tout l’est de l’Europe ?

« Sans doute ne voulons-nous pas entrer en conflit avec les Russes, mais Poutine, lui, a bien l’intention d’entrer en conflit avec nous. »

Nous ne ferons pas la guerre de Macron

Une chose est sûre : personne, en France comme ailleurs, ne veut se battre. Se battre pour quoi, d’ailleurs ? Pour le respect du droit international, que les Occidentaux ne brandissent que quand il les arrange ? Pour les « valeurs démocratiques » ? Pour les beaux yeux de Macron et de Von der Leyen ? La passivité ou l’indifférence d’une partie de l’opinion vis-à-vis de l’impérialisme russe est largement due au fait que, aux yeux de beaucoup de français, il n’y a rien en France qui vaille la peine de risquer sa peau. Les discours grandiloquents sur la démocratie et la liberté des peuples ne valent pas grand-chose lorsque celui qui les prononce envoie la BRAV-M matraquer des manifestants désarmés. Quant aux exhortations à la défense nationale et à l’économie de guerre, elles prêtent volontiers à rire, tant elles sonnent fausses dans la bouche de ceux qui ont depuis des années détruit la souveraineté politique et industrielle française.

Il ne faut dès lors pas s’étonner de la popularité des discours complaisants, voire franchement favorables au dictateur russe, auprès d’un peuple légitimement révolté et défiant envers son propre gouvernement. On a là le raisonnement classique de « l’ennemi de mon ennemi » : si les élites occidentales sont détestables, et que Poutine est l’ennemi des élites occidentales, alors Poutine ne doit pas être si mauvais que cela. Lui-même est devenu un objet de fascination : une partie de la droite l’exalte comme un protecteur des « valeurs chrétiennes et traditionnelles » de l’Europe, et certains à gauche voient en lui le rempart contre « l’impérialisme américain ». Macron, malgré toute sa rengaine martiale, aura été objectivement le meilleur allié de Poutine en France ; de fait, une part grandissante de notre société est prête à penser que vivre sous la coupe du maître du Kremlin serait préférable à vivre sous celle du roitelet de l’Élysée.

Donbass de Sergei Loznitsa (2018)

Un jour viendra peut-être où nous aurons retrouvé un pays, un idéal et une cause qui méritent d’être défendus ; où nous serons parvenus à chasser Macron, Von der Leyen et toute la clique, et où les notions de liberté et de démocratie seront plus que des mots creux qu’on agite pour en tirer quelque bénéfice électoral. Mais cette tâche nous demandera plus de temps que nous n’en avons ; la première chose à faire est de préserver la paix, et c’est au nom de la défense de la paix que nous devrons agir.

« Une partie de la droite exalte Poutine comme un protecteur des « valeurs chrétiennes et traditionnelles » de l’Europe, et certains à gauche voient en lui le rempart contre « l’impérialisme américain ». »

Pour une mobilisation générale

Dès lors, il ne reste plus qu’une question : que faire ? Si les États semblent avoir choisi la voie de l’affrontement, c’est aux peuples européens de s’engager dans une opposition active à la guerre, jusqu’à obtenir une paix juste et durable pour l’Ukraine. Bien sûr, il faudra d’abord se mobiliser contre l’aventurisme va-t’en guerre de Macron et des propagandistes, s’opposer en bloc à toute intervention qui mettrait la France en situation de cobelligérante. Mais il faudra aussi mener une grande campagne de sensibilisation de l’opinion publique autour de cette vérité inéluctable : ce n’est qu’en faisant échouer l’invasion russe que nous pourrons empêcher le déferlement de la guerre, avec son cortège d’horreurs et de désolations.

Le collectif anarchiste des forces de défense territoriale de l’Ukraine, Resistance Committee

Parmi les actions concrètes pouvant être mises en œuvre, on peut d’abord évoquer le soutien matériel et logistique à l’effort de guerre ukrainien, ainsi qu’aux mouvements d’oppositions russes, afin de les aider à mener des actions de subversion politique et de sabotage de la machine de guerre – soutien que l’on peut étendre aux mouvements démocratiques et anti-impérialistes de Sibérie, du Caucase et de Biélorussie. De telles initiatives existent déjà, initiées par des organisations syndicales ou de la société civile ; l’enjeu sera d’amener une large partie de la population à appuyer ces efforts[1].

Dénoncer les relais et les lobbyistes du Kremlin dans les médias et les institutions ; mener des actions économiques contre les entreprises qui contournent les sanctions internationales et alimentent l’économie de guerre russe. Mais surtout, mettre fin au sentiment d’impuissance qui peut s’emparer de nous devant le drame qui s’opère sous nos yeux. Nous ne sommes pas condamnés à rester là, tétanisés, voir devant nous se dérouler le scénario du pire. Les peuples européens peuvent, par leurs actions, aussi modestes soient-elles, contribuer à préserver ce continent du désastre, en œuvrant de manière coordonnée et avec un objectif clair : ébranler le régime du Tsar et le contraindre à mettre fin à son invasion.

« Ce n’est qu’en faisant échouer l’invasion russe que nous pourrons empêcher le déferlement de la guerre. »

Ne pas opposer de résistance à un agresseur ne le fait pas reculer, mais au contraire l’enhardit dans ses ambitions conquérantes. Le pacifisme ne signifie ni désarmement, ni neutralité ; il suppose en fait un réarmement physique, économique, intellectuel et moral, afin de dissuader tout adversaire potentiel de mettre en œuvre ses plans belliqueux. Il n’y a aucune fatalité, à moins que nous nous y résignions ; à la guerre des empires, opposons la résistance des peuples.

Timothé Legrand

Nos Desserts :

Notes

[1] À titre d’exemple, les syndicats français se sont mobilisés dès le début de la guerre pour apporter un soutien logistique et humanitaire au peuple ukrainien (voir le communiqué de l’intersyndicale du 23/02/2024 : https://www.cgt.fr/comm-de-presse/pour-une-paix-juste-et-durable-solidarite-avec-la-resistance-des-ukrainiennes-et-des-ukrainiens)

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15 réponses »

  1. Premier obstacle à la paix : refuser de négocier avec Poutine. Tant qu’on continuera à diaboliser l’adversaire de cette façon en reprenant la propagande atlantiste, à refuser de reconnaître qu’un pan entier de l’Ukraine est historiquement russophone et russophile ainsi que les fautes et erreurs commises par l’Occident depuis au moins 20 ans, alors la guerre continuera au détriment du peuple ukrainien.

    • Vous parlez d’un sujet que vous ne maitrisez pas visiblement ! Peut-être êtes-vous en mal de virilité ? Le déclin de l’Occident fait fleurir ce type de personnage sous nos latitudes mais ça demeure une forme de puérilité ! Poutine n’a aucune envie de négocier autrement que d’imposer le programme impérialiste puis communiste, se concentrer sur les fautes occidentales repose uniquement sur ce goût pour l’autoflagellation, la faute de l’homme blanc dont s’amuse les russes, eux qui n’hésitent pas à faire peu de sens de la vie humaine (relisez le zéro et l’infini) – regardez la forme de jouissance à ne pas restituer le corps de Navalny, jouissance toute asiatique dans ce goût de faire le mal (lien russe avec les mongols) ou plus loin encore Witold Pilecki – un pays souverain a le droit de décider avec qui s’allier :  » Le principal problème, toutefois, de tous ces débats et arguments invoqués est qu’ils sont formulés d’une manière fondamentalement erronée. Nous sommes obligés de discuter de l’ensemble des problèmes et de réfuter la collection d’arguments qui ne font qu’embrouiller la question simple par laquelle nous devrions commencer : l’Ukraine — et la Moldavie, la Géorgie, etc. — sont-elles des États souverains, aussi souverains et internationalement reconnus que la Russie ? Dans l’affirmative, le droit international et les accords interétatiques leur confèrent-ils les mêmes droits ? Leurs « préoccupations en matière de sécurité » sont-elles moins importantes et moins raisonnables que celles de la Russie ? En fait, pourquoi les questions de sécurité sont-elles formulées du point de vue de la Russie et non du leur ? « 

      On n’évoque jamais que Paris et Berlin ont des têtes nucléaires braquées sur elles depuis Kaliningrad alors que s’émeuvent les partisans de Poutine qu’il pourrait en être de même pour Moscou dans le cas d’une intégration de l’Ukraine à l’OTAN. OTAN moribonde avant l’intervention malheureuse de Poutine qui a commis une grave erreur même s’il veut fermer ses portes stratégiques. La Pologne avait de vieux coucous. En fait Poutine a été l’idiot utile des américains sur ce coup et leur a rendu un grand service en faisant ce que Brezinski appelait de ses voeux, rendre les usa indispensables même s’ils ne le sont pas. – Apparemment la propagande atlantiste vous heurte mais vous êtes admiratif de la propagande russe qui est identique à celle que l’on rencontrait lors des agressions de Prague, Budapest ou Varsovie (cette façon d’inverser les responsabilités, de se victimiser quand on est l’agresseur et de multiplier les reductio ad Hitlerum quand notre idéologie est d’essence fasciste (attitude reprise en France par l’espace médiatique, le politique voire à son paroxysme par les blackblocs, antifas) – Vous devriez réétudier la doctrine Brejnev mais surtout le plan Neva d’Andropov et l’influence de l’ancêtre du FSB pour comprendre que ce ne sont que des pions avancés sur l’échiquier international pour récupérer la Bielorussie, les Pays Baltes, une partie de la Pologne et fermer ainsi les portes géopolitiques – Allez visiter les musées de l’occupation à Vilnius ou Riga vous verrez que vos idoles ou vos craintes de vous engager dans ce combat par égoisme ne feront que repousser le moment d’agir à moins d’agir sous pavillon ennemi – Je ne sais pas où vous êtes allé chercher comme argument qu’une partie de l’Ukraine est historiquement russophone et encore mieux russophile (surtout après l’épisode de l’Holodomor) – Vous ignorez sans doute les déplacements de population – La Crimée historiquement est Tatares par exemple ! Si on continue dans ce registre alors vous voulez dire que l’on doit laisser l’Algérie, le Maroc décider de la politique interne du 93, que l’on doit demander aux italiens d’administrer la Corse et que l’on doit agir en Belgique ? Surtout votre argument qui fait fi du droit international comme exposer plus haut est un boomerang pour Poutine qui lui se heure aux japonais sur les iles Kouriles, a une multiplication de chinois dans des villes russes a sa frontière avec la Chine, je ne parle pas des représentants des anciennes Républiques soviétiques ni même des territoires finlandais volés pendant la guerre d’Hiver etc – Je crois que maitriser ce sujet ce n’est pas recracher ce que l’on trouve sur certains sites pro Poutine, il faut aller rechercher plus profondément et voir sans cette la culpabilité de l’Occident car le modèle proposé par ce dernier n’est pas parfait voire s’écroule n’est pas porteur d’avenir – il y a ici un agresseur et un agressé et personne ne dit cependant que tout est blanc ou tout noir – J’ai vécu en Russie, je suis russophile et russophone mais certainement pas une Russie qui agresse ses voisins !

      • Doit-on forcément suivre un schéma binaire (tout pour l’un ou tout pour l’autre) ? L’Ukraine c’est comme la Yougoslavie : des peuples différents enfermés dans des frontières arbitraires. Le clivage entre Ukrainiens pro-occidentaux et Ukrainiens russophiles était largement perceptible dès 2004 avec la « révolution orange ». Il suffit de regarder les cartes électorales sur Wikipédia depuis cette date, les régions de l’Est votaient systématiquement pour des partis régionalistes et pro-russes, même après la « première guerre » de 2014-2015. Le très démocrate Zelensky n’a d’ailleurs rien trouvé de mieux que d’interdire une dizaine de partis politiques de ces tendances le 20/03/2022.

        Je suis conscient que la propagande poutinienne est souvent grossière, personnellement j’estime que la résistance à l’agression début 2022 était parfaitement légitime, en revanche vouloir à tout prix récupérer des territoires qui ont clairement montré leur hostilité envers l’Etat ukrainien depuis des années, c’est un aveuglement criminel. Combien de conscrits ukrainiens on va encore sacrifier pour cette « cause », sachant que la Russie ne lâchera pas d’un pouce et que le rapport de force sur le terrain lui est favorable?

        La propagande atlantiste a déjà fait ces preuves par le passé. Le bombardement de la Serbie en 1999 lors de la guerre du Kosovo (lire « l’opinion ça se travaille » de Serge Halimi et Dominique Vidal), l’Afghanistan en 2001, où après vingt ans de conflit les Occidentaux sont repartis la queue entre les jambes, la Libye mise à feu et à sang en 2011, déstabilisant toute une zone de l’Afrique : toutes ces interventions étaient basées sur des mensonges de guerre… D’où ma méfiance immodérée contre les médias occidentaux, très habitués aux « fake news ». Ce n’est pas de l’autoflagellation, juste un constat. L’OTAN était à la base une alliance défensive pour nous protéger de la menace communiste, elle aurait du logiquement être dissoute en 1991 avec la chute de l’URSS, à la place elle a servi à des opérations extérieures fort discutables. Nous ne sommes plus à l’époque de la guerre froide.

        Le droit international? D’accord, j’attends avec impatience les mêmes sanctions contre Israël qui occupe illégalement des territoires palestiniens (et syrien avec le plateau du Golan) depuis plus d’un demi-siècle. Deux poids, deux mesures, comme souvent.

        Beaucoup d’analystes sont moins manichéens que nos médias par ailleurs, il suffit d’écouter Caroline Galactéros par exemple qui conteste totalement la vision atlantiste, ou des personnalités plus consensuelles comme Pascal Boniface ou Gérard Chaliand (ce dernier déjà invité sur ce site d’ailleurs, même si c’était sur un autre sujet).

      • Ludovic – Sur l’agression oui, pour le reste, en vous disant que je suis russophile et ayant vécu aux Etats-Unis, en Ukraine et en Russie, je ne pense pas être binaire puisque j’ai une vraie tendresse pour la culture russe – Pour revenir aux aspects géopolitiques, je ne vais pas vous dire que les Etats-Unis ne font pas de coups tordus et n’appliquent pas le droit international selon leur bon vouloir donc sans cohérence mais votre argument est orienté car comme je vous l’ai dit vous méprisez l’intégrité d’un territoire – vous soutenez alors selon votre raisonnement l’existence des territoires perdus de la République ? Vous validez la séparation de la Transnistrie avec la Moldavie ? Vous mettez des guillemets sur la révolution orange laissant voir la main des américains ce qui n’est pas acquis – 1 – Le président d’alors était la marionnette de Moscou mais ce que vous ne supportez pas du côté occidental vous le trouvez très bien apparemment quand il s’agit de l’Est – 2 - Vous ne nous émouvez pas qu’un homme comme Loukachenko utilise la même rhétorique pour jeter son peuple en prison et cette rhétorique servira à Moscou pour s’emparer de la Bielorussie en se présentant une nouvelle fois comme victime – Parler des territoires russophones en oubliant l’action des services secrets russes pour destabiliser la région ne manque pas de sel – d’ailleurs les événements et la politique russe valident l’action de l’Estonie qui a rejeté les russes à la frontière en sachant qu’une intégration sans contrepartie des russes à Tallinn serait un prétexte russe pour intervenir et absorber le pays – il y a le droit international et des frontières, le voisin n’a pas à se mêler de ce que l’on fait tout comme l’Algérie n’aura pas à se mêler de nos affaires quand le peuple français décidera de siffler la fin de la récréation dans le 93 et ailleurs – Vous condamnez une agression en validant le résultat ? Les territoires ont été volés ou alors en admettant que l’Alsace demande son rattachement à l’Allemagne et que cette dernière intervienne alors vous laisserez l’Allemagne y aller idem pour le Pays Basque ou la Catalogne ?

        Sur la guerre en ex Yougoslavie et ailleurs je suis de votre avis mais en matière de propagande, la Russie n’a rien à apprendre et votre haine de l’Occident ou votre autoflagellation vous aveuglent – c’est même eux les maitres en matière de propagande !

        Pour Israël, conflit que je ne maitrise pas mais je vois simplement que l’antisémitisme de gauche se libère et il me semble que l’ONU n’est pas en termes de droit internationnnal particulièrement raccord avec Israël –

        Vous semblez être plutôt favorable à l’hydre communiste – qui n’a pourtant rien à envier au nazisme – (je suis à Memorial vous n’êtes pas sans savoir qu’ils sont persécutés à Moscou) et vous rapprochez ce qui se passe en Israël pour justifier l’agression mais Poutine est proche de Netanyahou donc ce n’est pas cohérent ! Quant aux deux poids deux mesures vous pouvez l’appliquer à l’Armenie, la Georgie etc où on a laissé faire Moscou et ses sbires – pourquoi le conflit palestinien cristallise à ce point votre attention ? Je vous passe les alliés de Poutine : Corée du Nord, Iran, Chine etc c’est mieux qu’Israël ?

        Vous me citez deux intervenants pro russes et pour le coup sont plus que manichéens !

        Caroline Galactéros devrait être dégradée car elle a un devoir de réserve et joue contre son pays ce qui pour une militaire même de réserve est une forme de trahison – si elle est contre, elle doit démissionner de ce fait je suis étonné qu’elle continue à être invitée à l’ihedn – Outre le fait qu’elle dit beaucoup de choses erronées que vous recrachez ici !

        Elle le fait en étant qui  plus est sous l’effet de ses émotions – elle est tout de même allée jusqu’à ce féliciter de l’interception par les russes de nos militaires qu’elle est censée représenter c’est limite !

        Je l’avais remarqué déjà avec des gradés de la Légion qui faisaient chier des légionnaires ukrainiens, j’avais été choqué et je trouvais assez puéril leur poutinophilie au nom de la virilité

        Quant à Pascal Boniface, il a été mon professeur à l’iris, déjà il était très pro-palestiniens et antiaméricains !

      • Entendons nous bien : je n’applaudis certainement pas les régimes autoritaires. Je dis d’ailleurs que l’existence de l’OTAN était justifiée, avant 1991, contre la menace communiste…

        Seulement aujourd’hui l’Occident doit être cohérent avec ses valeurs, il ne peut pas applaudir des annexions illégales dans un cas (Israël avec Jerusalem-est, une partie de la Cisjordanie et le Golan pour Israël) et les condamner dans l’autre (Russie). Je ne parle même pas du Kosovo dont l’indépendance proclamée en 2008, au détriment de l’intégrité territoriale de la Serbie, a été une véritable boîte de Pandore. Nous pourrions multiplier les exemples sur toutes ces indignations à géométrie variable.

        Je citais la révolution orange car c’est mon premier souvenir de l’Ukraine à la télévision (j’étais adolescent en 2004), le traitement médiatique était très grossier dans les médias occidentaux, déjà à l’époque. Le candidat « pro-russe » Ianoukovytch était diabolisé… et pourtant il a été démocratiquement élu en 2010. Après cette date nous aurions pu très bien attendre 2015 que son mandat se termine, si les Etats-Unis et l’UE avaient été respectueux des institutions ukrainiennes au lieu de soutenir Maïdan, il n’y aurait pas eu la guerre du Donbass en 2014, prélude à la guerre actuelle..

        Quant à être anti-américain, oui selon moi ça se justifie, ce qu’a fait Bush en 2003 en Irak mériterait un procès devant une juridiction internationale. Pour le reste Pascal Boniface est plutôt nuancé.

        Le plus important selon moi : comment on arrête, maintenant, le carnage? Est-ce que nous nous battrons jusqu’au dernier Ukrainien? Je préfère qu’on trouve un compromis maintenant, pouvant satisfaire les deux parties de préférence.

      • Ludovic – Si je suis votre raisonnement alors que vous n’assumez pas totalement un certain penchant pour Poutine vous voulez vous servir des incohérences occidentales pour justifier la résurgence de la logique soviétique en Europe ? Géométrie variable comme je vous l’ai dit qui s’applique également à la Russie, notamment pour l’Arménie et la Géorgie ! La pureté que vous appelez de vos voeux ne s’applique donc qu’à l’Occident ? Regardez si les allemands de kaliningrad, les Chinois en territoire russe, les japonais aux iles kouriles, les finlandais au nord de Saint Petersbourg demandaient la cohérence territoriale comment réagirait Poutine !

        Vous n’avez pas vécu en Russie, je vous conseille le traitement médiatique là-bas ça ne signifie pas que les médias très politiquement correct voire de gauche pou rne pas dire d’extrême gauche en France sont des exemples de pluralité mais cette pluralité a des limites aussi, sud radio, tvl et autres se font rouler dans la farine par le fsb et ses agents d’influence qui sont des professionnels bien plus aguerri que les spin doctor américain pendant la guerre dans l’ex Yougoslavie, Tucker Carlson a été l’idiot utile de Poutine – Quant à votre demande d’attendre que son mandat se termine, êtes-vous à la place du peuple ukrainien, votre  » on » signifie que l’on a renversé le régime ? Rien ne le prouve – ce n’est pas parce que la geste de BHL était ridicule que le mouvement était noyauté et donc vous vouliez que Maidan soit réprimé dans le sang comme çe fut fait en Bielorussie ?

        Vous parlez souvent d’élection démocratique dans ces zones, visiblement vous n’avez pas vécu là-bas et le niveau de corruption généralisée, les irrégularité – je parle de zone et pas uniquement de la Russie mais tout de même je vous trouve un peu hémiplégique car je vous rappelle qu’un opposant politique est mort en prison récemment et vous continuez à nous présenter la Russie comme un pays démocratique – je vous conseille d’aller en Russie et d’échanger comme on le fait, je vous donne deux jours avant d’être interrogé par la police !

        Bush mériterait d’être jugé certes mais vous ne croyez pas que Poutine le mériterait ? Votre anti américanisme biaise vos propos – vous en êtes à soutenir des régimes autoritaires sous prétexte que les américains font tout et n’importe quoi en se faisant passer pour des chevaliers blancs !

        il n’y a pas à satisfaire les deux parties, il y a un agresseur et un agressé ! Et puis ce n’est pas certain que ce soit jusqu’au dernier ukrainien ça pourrait être jusqu’au dernier russe ! Ca ne me fait pas plaisir, j’ai des amis dans les deux camps et contrairement à vous j’ai des attaches en Russie mais ce n’est pas à moi de décider pour eux dans cette zone qui est une terre de sang ! https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/repliques/l-europe-entre-hitler-et-staline-8293224

        Le comportement du peuple ukrainien est pour moi admirable et cela alors que ce pays donnait l’image d’un pays uniquement corrompu – c’est un message fort face à des jeunes occidentaux avachis soit hyper mollassons soit hyper violents !

        Par ailleurs les enjeux dépassent ce conflit, il s’agit de faire comprendre à Poutine (qui est le vrai perdant, il a réveillé l’OTAN qui était totalement amorphe et se retrouve avec la Finlande intégrée donc avec des missiles pointés sur Saint Petersbourg – une population dont les diplômés ont fui (même si pour lui cela purge du mauvais sang la sainte Russie) que l’impérialisme russe est un vœu pieux, ils peuvent oublier l’agression future des pays Baltes mais surtout de lancer un signal fort à la Chine !

      • Attention, je n’ai jamais prétendu que la Russie était démocratique, je suis bien conscient que c’est tout le contraire (je me fie souvent à « l’indice de démocratie » de The Economist), même si une dictature peut très bien être populaire.

        En 2010 en Ukraine l’élection présidentielle avait été reconnue par l’OSCE pour sa régularité. Puis en 2013-2014 les dirigeants occidentaux ont ouvertement soutenu la « révolution » de Maïdan en interrompant le mandat, le passage de Victoria Nuland est d’ailleurs resté dans les mémoires… Un tel comportement (appuyer la destitution d’un chef d’Etat démocratiquement élu) serait jugé inacceptable s’il avait eu lieu dans n’importe quel pays occidental.

        L’agression de 2022 est incontestable, mais elle a été précédée de huit ans de guerre civile à l’intérieur de l’Ukraine. Donc oui un compromis me semble indispensable. Sacrifier des centaines de milliers de vies humaines et risquer une guerre nucléaire pour faire revenir la Crimée et le Donbass dans l’Etat ukrainien, je ne pense pas que ça vaille le coup. On peut toujours trouver une solution d’équilibre, un peu comme les accords de Dayton pour la Bosnie.

        Pour finir, je ne doute pas du patriotisme sincère de nombreux Ukrainiens, mais personnellement je doute sérieusement du rapport de force réel, qu’il soit militaire ou économique (écoutez des commentateurs comme « Historylegends » ou encore Emmanuel Todd et son dernier ouvrage). Poursuivre la guerre avec des objectifs inatteignables, c’est vraiment le pire service qu’on puisse rendre à l’Ukraine.

      • Ludovic – on peut reconnaitre une élection sans pour autant être en phase avec les ingérences du pays et c’est un rapport de force propre aux Etats avec ses services spéciaux ! Je n’aime pas les ingérences peu importe d’où elles émanent et je serais même très fortement du côté de la vision russe quant au déclin de l’Occident donc les raisons pour lesquelles l’Occident approuvait Maidan n’étaient pas exactement celles qui me faisaient approuver le mouvement – Je soutenais ce mouvement car je voyais se réveiller la tentation soviétique d’intervenir dans les pays satellites – Ce ne sont pas les Etats européen qui ont interrompu le mouvement mais la rue, visiblement vous ne voulez pas l’entendre et vous oubliez en ce cas ce qui s’est passé avec Eltsine- Gorby et les modifications constitutionnelles pour établir Poutine au pouvoir avec des enjeux sous-terrains – Vous avez une vision qui reste à la surface des choses mais vous avez des clans, des tiraillements non perceptibles –

        Vous parlez d’une guerre civile avec des manipulations, des ingérences russes – Pendant la guerre d’Algérie, je ne crois pas que l’on appréciait le jeu trouble des américains avec le FLN – Justifier l’agression d’un pays tiers en raison de l’aide à la sécession d’un territoire – Ce n’est pas à nous de décider si l’Ukraine doit céder son territoire – pour le coup vous critiquez l’intervention mais voulez intervenir comme un gendarme du monde – vous nous disiez que le traitement de l’ex Yougoslovie était inadmissible et là vous vous nous parlez de Dayton – et puis de toute façon cela repousserait à 5 ou 10 ans l’agression d’un pays Balte – donc là encore pour ne pas avoir un risque nucléaire vous céderez ? En fait on est au coeur des accords de Munich, tout cela pour la plupart ce n’est pas une conviction mais un instinct de préservation quitte à sacrifier son voisin (de manière étonnante la Pologne avait tenu un peu ce discours alors qu’ils sont les prochains sur la liste) – Franchement qu’à t’on à perdre – nous allons tout droit vers le film idiocraty (Une pochade cinématographique sortie il y a quinze ans décrit une dystopie dans laquelle l’humanité a sombré dans la bêtise. La comédie grinçante apparaît de moins en moins comme une caricature de notre société et de plus en plus comme un simple documentaire, parfois même plutôt optimiste). Autant saluer la foule avec un peu d’honneur ! Plus sérieusement, de toute façon l’escalade de la menace est une arme de négociation russe, il faut leur tenir tête sinon ils vont nous manger

        On n’a pas à décider à la place des ukrainiens et vous ne me citez que des poutinophile – Todd a tout de même salué Poutine quelques jours après avoir laissé pourrir en prison Navalny et se réjouir par la suite de ne pas rendre le corps à travers un sadisme hérité des origines mongols de l’âme slave !

        Le rapport de force militaire on ne le connait pas – ce que l’on sait c’est que contrairement à ce qui était avance l’armée russe n’est pa sla troisième armée du monde, elle est une puissance régionale mais pas une puissance internationale, elle n’a même pas été ne mesure de prendre kiev ou plus exactement n’était pas prete à d’immenses sacrifices (peut-être pour se laisser une marge de négociation)

        Sur les hommes, nous sommes avec des officiers qui ont été sur les mêmes bancs de l’école de guerre avec les mêmes règles sordides – un peu celles qui ont prévalu pour nous lors de la Première guerre mondiale – ce qui compte ce ne sont pas les pertes mais les réserves – autrement dit pour être cynique et c’est terrible de l’écrire, pour que l’ukraine tienne il faut un rapport de 1 à 8 sur les pertes – récemment ils étaient sur un rapport de 1 à 24 – ça a pu évoluer depuis !

        Si vous aimez écouter des avis sur ces questions allez plutôt écouter les interventions d’Alain Bauer qui n’est pas un expert mais qui se montre bien plus équilibré sur la question ! Evitez Conesa, Todd, et cette colonelle de réserve qui a oublié son devoir de réserve et qui devrait éviter de se féliciter des pertes françaises

  2. Article de va-t-en-guerre vraiment surprenant pour ce site.

    J’y vois des déclarations de principe auxquels tout le monde adhérera (« tous contre Macron ») enrobant grossièrement le pseudo-argument d’une défense nécessaire face à un Poutine qui voudrait assouvir une revanche en lançant son armée vers d’autre pays que l’Ukraine, un argument déjà martelé sur les média de propagande comme France Inter ou LCI.

    Ce pseudo-argument peut évidemment être retourné contre lui-même : si Poutine a envahi l’Ukraine, ne serait-ce pas parce lui aussi, a voulu se défendre contre l’installation de l’Otan aux frontières de la Russie ?

    Toujours ce deux poids deux mesures de l’occident américanisé qui refuse absolument de se regarder en face.

    • Ovni – En quoi les pays n’ont pas le droit de choisir avec qui s’allier surtout si on met en relief l’histoire et le bonheur que fut pour ces pays l’occupation russe ! Le droit international mon cher tout simplement

       » Le principal problème, toutefois, de tous ces débats et arguments invoqués est qu’ils sont formulés d’une manière fondamentalement erronée. Nous sommes obligés de discuter de l’ensemble des problèmes et de réfuter la collection d’arguments qui ne font qu’embrouiller la question simple par laquelle nous devrions commencer : l’Ukraine — et la Moldavie, la Géorgie, etc. — sont-elles des États souverains, aussi souverains et internationalement reconnus que la Russie ? Dans l’affirmative, le droit international et les accords interétatiques leur confèrent-ils les mêmes droits ? Leurs « préoccupations en matière de sécurité » sont-elles moins importantes et moins raisonnables que celles de la Russie ? En fait, pourquoi les questions de sécurité sont-elles formulées du point de vue de la Russie et non du leur ? « 

      Ce sont vos propos qui sont des pseudos arguments car Poutine a déjà lancé ces armées contre ces pays qu’ils considèrent comme satellite de sa vision géopolitique à commencer par la Géorgie !

  3. Nous sommes que trop habitués aux « arguments » de la gauche-kremlin légitimant l’invasion et l’impérialisme de Poutine. Les articles en lien à la fin de notre papier les démontent méticuleusement, et nous en ajoutons deux autres :

    « On a pu constater que plusieurs organisations ou figures de gauche, qui sont par ailleurs respectées pour leurs positions fortes contre l’impérialisme américain, ont manifesté une complicité étonnante avec leurs adversaires de droite sur le sujet de l’invasion de l’Ukraine. On retrouve souvent chez eux une ignorance, voire un déni complet de l’expérience historique de nombre de pays qui ont subi l’oppression du régime russe impérial et puis soviétique. Je pense qu’il y a une forte composante psychologique qui entre en jeu. Nous sommes face à un égocentrisme méthodologique. Il est plus facile de croire que l’Occident, et plus particulièrement les États-Unis, serait derrière toutes les guerres sur la planète que de supposer que les pays non-occidentaux peuvent agir par eux-mêmes. D’après cette logique, même l’État russe est dépourvu de sa capacité d’action propre et ne peut qu’agir qu’en réponse aux actions de l’Occident omnipotent. C’est lui le seul vrai acteur de l’histoire, qu’il soit méchant ou gentil. Ainsi, les critiques les plus virulents de l’impérialisme occidental n’échappent pas à  l’occidentalocentrisme, mais en sont une expression paradoxale. 

    Certes, il faut s’opposer à l’impérialisme des États-Unis et à l’hégémonie occidentale, qui est de moins en moins une hégémonie d’ailleurs. Mais ne restons pas dans cette logique binaire d’opposition entre l’Occident et le reste du monde, qui ne serait composé que des opprimés. Dans cette logique, on se retrouve, parfois sans le comprendre, à soutenir les classes dirigeantes des pays qui se prétendent opprimés par les États-Unis, mais qui, en réalité, cherchent à redistribuer les sphères de domination exclusive.

    Concrètement, la gauche occidentale se retrouve souvent à justifier les actions des classes dirigeantes chinoises, russes ou iraniennes sous prétexte qu’elles sont dirigées contre les États-Unis. Cette approche stratocentrée est intrinsèquement incompatible avec les valeurs politiques de gauche, car il rend invisibles les classes populaires de ces pays. Certains militants de gauche en Europe, trop occupés à contester l’hégémonie américaine, se sentent, visiblement, plus proches de Poutine, de Xi ou de Raïssi que de travailleurs et travailleuses qui résistent à ces dictateurs et se battent pour la liberté et la dignité, souvent au prix de leur vie. Si on réfléchit en termes de solidarité de classe et non pas en termes d’intérêts d’État, comment alors ne pas être solidaires avec celles et ceux qui luttent pour leur liberté, que ce soit contre l’impérialisme des États-Unis ou contre celui de la Chine ou de la Russie?

    Saluer la montée en puissance des impérialismes non-occidentaux, parce qu’ils présentent une soi-disant alternative « multipolaire » à l’hégémonie occidentale serait avant tout irresponsable vis-à-vis de ceux et celles qui vont réellement vivre les conséquences de ce monde « multipolaire », dont l’émergence passe par les guerres et le renforcement des dictatures. Je veux dire que ces personnes qui vivent tranquillement dans les pays riches et protégés par la coupole de l’OTAN ne subissent pas les conséquences de ce qu’elles défendent comme étant le « monde multipolaire ». Mais ce sont les Ukrainiens, les Syriens, les Kurdes, les Ouïgours qui paient déjà le prix de cette « multipolarité ». 

    J’ai l’impression que ce qui compte le plus pour les militants ici, ce n’est pas tant la solidarité avec les sociétés qui luttent contre l’oppression, mais l’envie d’être à contre-courant du « mainstream ». Et souvent, la seule raison pour laquelle ils soutiennent, par exemple, la lutte des Palestiniens et pas celle des Ukrainiens, c’est que la lutte palestinienne leur permet d’affirmer leur identité anti-mainstream aux yeux des membres de leur groupe d’appartenance. En réalité, ni les Ukrainiens ni les Palestiniens ne sont perçus comme des sujets agissants, comme des êtres humains en chair et en os, mais seulement comme des objets de fantasmes et de projections. Pour favoriser la solidarité réelle, tangible, avec les gens qui se battent contre l’oppression, la gauche va devoir sortir de cette bulle identitaire. »

  4. Curieux article et curieux commentaires…qui ne sont pas très curieux quant au suivi historique et pour certains, présentent une solidarité à géométrie variable. Solidarité avec les Ukrainiens…en lutte, solidarité avec le bataillon d’Azov (« plutôt » bandériste ), mais pas solidaire avec les dizaines d’Ukrainiens syndicalistes massacrés à Odessa, ni avec les milliers de mort Ukrainiens du Donbass…tués par une armée ukrainienne ??

    Rien n’est jamais très simple dans les situations de guerre mais ici, réussir à ne même pas évoquer les accords de Minsk, c’est remarquable. On a eu même droit à 2 accords de Minsk (dans lesquels le Donbass ne réclamait pas l’indépendance). Signés, par Russie et Ukraine…et garantis en particulier…par la France et l’Allemagne. Et Hollande, très benoitement, vient de reconnaître sur une télé qu’il s’était surtout appliqué à ce que ces accords ne soient pas appliqués : il avait soutenu leur signature pour faire gagner du temps à l’Ukraine afin qu’elle puisse s’armer davantage. Pourquoi, sinon pour qu’il y ait guerre?

    Et mettre ces réflexions sur la table n’a rien à voir avec je ne sais quel « poutinisme ». Poutine n’est pas un doux humaniste. Khadafi et Sadam Hussein, pas davantage mais sous leur botte féroce régnait une certaine laïcité, les femmes pouvaient s’instruire, accéder à l’université et obtenir des emplois dignes. Mais ces régimes n’étaient pas que cela et pas que des dictatures : ils n’acceptaient plus de se soumettre la loi du dollar. Ce qui, fort heureusement, n’est pas le cas des démocraties flamboyantes de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït, des Emirats…

    Dans ces situations, on ne peut s’en tenir à des réflexions psychologiques,sur les comportements, les désirs des uns ou des autres, les visées forcément impérialistes,…Quand se mêlent géopolitique, idéologie, références nationales et historiques…mâtinées de morales et de « normalités » particulières… au sein d’un monde quadrillé par les bases de l’OTAN …on peut se douter que le peuple ukrainien n’a pas fini de souffrir.

    Méc-créant.

    (Blog: « Immondialisation: peuples en solde! »)

  5. Mé-créant – Vous pensez que la géopolitique se fait sur le respect des accords, si c’était le cas alors la Russie n’aurait pas agressé l’Ukraine car ils avaient signé fin des années 90 un accord sur la base du désarmement atomique ukrainien contre la garantie de l’intégrité du territoire, alors vos accords de Minsk dont il n’a jamais été écrit ce que vous avancez repose sur rien si ce n’est de reprendre mot pour mot la propagande russe jusque dans les reductio ad Hitlerum en laissant croire que la Russie fait barrage à l’hydre nazi – ceci étant dans cette terre de sang, ils ont connu l’holodomor et le joug soviétique – seul vous et vos amis continuent à penser que vous valiez mieux que les nazis, vous étiez les mêmes ! Votre antiaméricanisme vous aveugle § Vous parlez de ne pas tenir compte des artifices pour se forger une opinion et vous reprenez un échange de Hollande – Voulez-vous écoutez ceux de Poutine quand notamment pour accélérer la guerre en Tchétchénie il a demandé à ses services d’organiser les attentats de Moscou ? Moi à votre place puisque vous détestez l’Occident j’irai vivre à Téhéran !

  6. Non, ici, c’est un débat d’adulescents

    Je n’arrive pas à lire l’entier de ces sornettes caractéristiques

    D’un dogmatisme mimétique

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