« C’est une romance d’aujourd’hui… »
Pierre est réalisateur, Manon est monteuse. Ils sont mariés. La quarantaine bien tassée, ils vivent pauvrement, manquant même de se faire jeter de leur deux-pièces miteux sous les combles. Ils travaillent ensemble sur des documentaires dans une belle fusion amoureuse et professionnelle. Manon, surtout, nourrit d’une énergie inépuisable son mari qui a l’air perdu. Ils ne percent pas dans le milieu artistique et font des petits boulots, sûrs, pourtant, que leur œuvre sera reconnue un jour.
Autour d’un repas mère-fille dans un café bruyant, la mère de Manon l’avertit : elle ne devrait pas sacrifier sa vie et sa carrière pour son mari. « Mais il n’y a rien de plus beau que de travailler avec l’homme qu’on aime ! » répond Manon, des étoiles dans les yeux. Elle ne prend pas en compte l’expérience de sa petite maman qui, on nous le suggère, a dû passer dans les années 1970, par le combat de la femme seule élevant sa fille à bout de bras. C’est un peu le départ du film, ça. L’avertissement de la mère. La cause est définie dès le début : ce sera celle des femmes.
Malgré sa foi, les misères de la vie ébranleront le mariage idéalisé par Manon. Les yeux enfoncés de Pierre ne présagent rien de bon. Il marche de plus en plus lourdement à côté de son épouse. Et, à défaut de maîtriser sa carrière, il finit par coucher avec Elisabeth, une étudiante qui subventionne sa thèse d’histoire en bossant aux archives. Il jouit de son corps, seule matière sur laquelle il a prise, pendant que, dans une rotation de style classique, la caméra s’oriente lentement vers la fenêtre.
De son côté, Manon, sentant le détachement froid de son époux, prend aussi un amant, un homme doux, qui la regarde et qui la fait se sentir aimée. Il fait du bien, cet homme. Il fait envie. Pas comme l’autre. Il sourit parfois, ce qui n’est déjà pas si mal. Il a des yeux brillants. On se sent en confiance avec lui. Il est rassurant, ce bel homme gracieux. Car la grâce plaît aux femmes. Mais ce n’est malheureusement pas avec lui que se terminera l’histoire. On le regrette.
« Mais ici le cinéaste a choisi de montrer des « working poors », comme il y en a tant dans l’Europe d’aujourd’hui, de l’Angleterre à la Grèce, et ça fait tout simplement du bien de voir cette réalité au cinéma. »
On pourrait croire de ce cinéma qu’il est « bourgeois », avec un Garrel qui se réclame avant tout de l’esprit des années 1960, avec des sujets « bobo » portant sur les relations amoureuses, l’infidélité et la vie de bohème. Mais ici, le cinéaste a choisi de montrer des working poors, comme il y en a tant dans l’Europe d’aujourd’hui, de l’Angleterre à la Grèce, et ça fait tout simplement du bien de voir cette réalité au cinéma. Celle de ceux qui, dans les milieux artistiques au XXIe siècle, s’arrachent encore la vie pour manger, ou conserver leur bail, menacés par la moindre facture imprévue, et parfois déjà quadragénaires. Produire des documentaires, travailler à la télé, ou dans les archives, faire une thèse… En France, aujourd’hui, on pourrait dire, comme Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, que cela concerne ces « travailleurs, voués au précariat, plutôt jeunes, plutôt urbains, ayant un niveau d’instruction élevé et souvent associés à des activités que l’on peut qualifier – pour dire vite – de culturelles […] » [i], une frange de la population qui attend son film, sa Loi du Marché ; il y en a tant d’ailleurs de ces « franges de population » qui vivent dans la précarité, qu’on se demande comment le monde du cinéma se refuse encore autant à les voir. On peut remercier Philippe Garrel d’avoir, lui, fait ce choix.
Mise en scène classe et comédiens superbes
On aime la douceur du regard de Philippe Garrel, son envie de comprendre les femmes, de dénoncer la brutalité tragique dans laquelle elles sont souvent percluses, et d’avertir les hommes : qu’ils cessent de vouloir dominer, de se comporter en égoïstes. On aime la mise en scène de ce fan affirmé de la Nouvelle Vague, simple, à la fois fervente de spontanéité, et un peu ancienne, un peu classique, ce qui donne à son travail un ton, paradoxalement, moderne et bricolé.
Peu de lieux : quelques rues de Paris, quelques chambres, un appartement, un café. Peu de personnages. Peu d’actions. C’est comme un huis clos, et il y a aussi ce quelque chose d’une pièce de théâtre filmée, tant les mouvements de caméra et les moyens s’économisent. En cause, entre autres, d’après le cinéaste, l’appauvrissement du cinéma français depuis la crise européenne de la dette de 2011[ii]. Les personnage se cherchent, ou déambulent seuls dans des rues de Paris, avec, dans le fond de l’écran, des échoppes de kebab ou de téléphonie mobile, et quelques tags, histoire de rappeler qu’on est bien en 2015, et non en 1967. On pourrait s’y tromper pourtant. Les cheveux en bataille, les comédiens ont un petit style casual sixties bien étudié, engoncés dans leurs vieux t-shirts ou leurs blazers parfois légèrement mal ajustés aux épaules. Tous ces êtres semblent errer, inquiets, pénétrés, cherchant une solution à l’impasse où ils gisent. Le chef-opérateur, Renato Berta, qui effectue ici un beau travail en pellicule argentique 35 mm, choisit un grain épais, un noir et blanc fort en contraste, qui évoque le béton des cimetières.
« Stanislas Mehrar dans son obscurité pseudo-virile, joue un mari égocentré, suffisant, très infantile. Avec une maladresse stylisée, et beau dans ses chemises à moitié fermées, il incarne un Antoine Doinel sur le retour, charpenté et taiseux. »
Comédiens parfaits. Il sont tous bons. Stanislas Merhar dans son obscurité pseudo-virile, joue un mari égocentré, suffisant, très infantile. Avec une maladresse stylisée, et beau dans ses chemises à moitié fermées, il incarne un Antoine Doinel sur le retour, charpenté et taiseux. Clotilde Courau, pleine d’ardeur, avec son grand sourire franc et ses yeux malicieux, est la source d’énergie permanente, le « foyer à chaleur constante » [iii], maternelle, souriante, optimiste. Peu de maquillage, cernes gracieuses, elle brille dans ses souliers simples et sa coupe à la Jennifer Aniston un peu débraillée. Jeans droits, démarche volontaire en belle working girl des faubourgs. Drôle, comme d’habitude. Elle fait des merveilles.
Lena Paugam, en Elisabeth over convaincante, énerve comme il se doit. Amante amoureuse, très amoureuse, dominée, soumise à l’emprise de l’uomo ; elle exaspère vite le spectateur tant son personnage s’affaisse comme une molle odalisque, qui décidément ne comprend vraiment rien à la force de l’indépendance et de l’autodétermination féminine. Punching ball rêvé de tout homme en mal de pulsion bestiale, elle se passionne pour Pierre, voudrait ne l’avoir que pour elle, le suit, l’espionne, encaisse sans réaction ses mots brutaux, et finit pas lui avouer qu’elle a vu Manon, son épouse, embrasser un autre homme. Les protagonistes ont l’air de penser à ce que commente alors, la belle voix off sur un accord monocorde et doux : « Pierre croyait, comme beaucoup d’hommes, qu’il était normal qu’un mari trompe sa femme, parce que c’est comme ça. » Le labyrinthe des affaires de cœur prend le dessus : ce mystère si commun et rempli d’habitudes que chacun d’entre nous convoite et construit petit à petit, à l’aide, parfois, de préjugés et de chantages.
Femmes : entre fatalisme et abnégation
Dans L’Ombre des femmes, Manon, Elisabeth, la mère, les amies, ne s’entraident pas beaucoup, elles ne s’écoutent pas, elles sont en concurrence, et toutes affaiblies sous l’emprise de l’homme. Constat un peu accablant. Où se terre l’espoir ? Sur l’oreiller, Elisabeth explique à Pierre son triste destin de doctorante, déterminée qu’elle fut, d’après elle, par une société qu’elle traite d’« élitiste », où les études sont perçues comme une course de lévriers, et les femmes perdues comme elles, des victimes égarées dans un monde de « culture bourgeoise » dictatoriale : « Mes parents sont d’un milieu modeste. Ils ont tenu à ce que leurs enfants aient cette culture élitiste. Je suis la seule qui a tenu. J’ai fait une licence en histoire et maintenant un doctorat. » Et elle a l’air de s’ennuyer grave, dans la vie, cette pauvre Elisabeth, entre son doctorat qu’elle n’a pas l’air de vouloir vraiment, mais qu’elle effectue presque en obéissant, et ce mec marié délétère auquel elle s’accroche.
Pas de geste tendre. Conversation un peu aigre. La sensualité n’est pas le but central du film, ni la qualité première du héros. Ça non. Et mieux vaut filmer une discussion autour d’un doctorat, que des câlins. Garrel ne montre pas le corps amoureux. C’est son choix. Pudeur qui intrigue. Est-ce une façon d’exprimer le point de vue et le ressenti féminin, quant à l’utilisation de l’image de la femme ? En revanche, il montre une femme qui n’a pas l’air de maîtriser son destin, qui erre, qui suit Pierre dans les rues pour espionner sa vie qu’elle jalouse tant. Une femme un peu vague, dominée par une méchante société qui a tout décidé pour elle, et contre laquelle elle semble impuissante. Elisabeth incarne une sorte de misère humaine, au bord de la dépression. Elle ne trouve pas d’échappatoire. Elle s’autodétruit lentement sous nos yeux, perdant toute dignité.
Manon, quant à elle, reine d’énergie et de volonté, ne représente pas autrement la condition de la femme, toujours selon certains poncifs un peu élimés : frappée par l’humeur de son époux, victime d’un manque de tendresse, et tout simplement empêtrée face à lui dans sa faiblesse physique, elle représente, par sa foi en son ménage, par son amour entier, l’abnégation et la patience. Mais quand les écueils se multiplient, et que Pierre la maltraite ou la délaisse, au lieu de discuter, ou de piquer une bonne colère, elle prend un amant, elle pleure, elle subit. Jusqu’à ce que Pierre la chasse tout simplement au moment de la rupture. Quelle représentation de la femme est-ce là ? N’y a-t-il que la faiblesse ? C’est important, la faiblesse, mais n’y a-t-il que ça pour notre charme ? Le destin des femmes est-il si sombre en nos latitudes ? Et leur rapport aux hommes toujours si fatal ?
Dans ce genre de minute, le personnage de la jeune fille amoureuse, mais combative et impitoyable, jouée par Reese Weatherspoon dans Freeway (1997) d’Oliver Stone — dont le synopsis est le récit d’un petit chaperon rouge moderne massacrant un grand méchant loup croisé sur une autoroute — manque particulièrement. Dans le même genre, on pense aussi à Death Proof de Quentin Tarantino. C’est une autre représentation de la femme : celle qui intervient comme une lionne pour tenir son destin. Et non celle qui tombe doucement comme un cadavre le long d’une butte. Deux images de la femme moderne. Bigre. Était-on plus libre à la fin des années 1990 ?
Le macho moderne
Rarement, dans le cinéma français, le machisme ordinaire n’aura été montré si efficacement. Le mythe de l’homme légèrement infantile et joliment irresponsable cher à Truffaut, s’est mué peu à peu en créature pleine de pulsions, transformant son immaturité en tyrannie. Pierre retrouve sa femme après avoir entendu de la bouche d’Elisabeth qu’il était cocu. Il l’engueule, il ne lui pardonne pas. Il se sert de sa force physique pour en imposer, roule des épaules, marche lourdement comme un fauve. Colérique, il réalise que son préjugé sur la sexualité ne fonctionne pas. Les femmes trompent, elles aussi. Quelle est la cause de sa colère ? Le fait d’être trompé, ou celui de subir ce qui n’est finalement qu’un traitement égalitaire ?
« Le mythe de l’homme légèrement infantile et joliment irresponsable cher à Truffaut, s’est mué peu à peu en créature pleine de pulsions, transformant son immaturité en tyrannie. »
Garrel prend le parti de nous montrer une brute épaisse. La réaction de Pierre, défendant sa position contradictoire avec aplomb et menace, est outrageusement exagérée. Il incarne tous ceux qui, en exhibant leurs muscles au moindre accroc, sont des tyrans. Manon est en pleurs, elle est débusquée, elle tremble, elle regrette. Elle avoue comme un animal piégé. Elle se soumet. Elle a fauté. Voir ça, ça dérange toujours, et Garrel le fait subtilement. Inutile de rappeler les statistiques de décès des femmes battues pour l’expliquer. Cet air menaçant, cette utilisation du rapport de force — physique — pour en imposer, dans une situation qui est devenue totalement incohérente des deux côtés…
Cette scène a le mérite de rendre clair un certain machisme encore peu perçu comme tel, machisme qui s’exprime dans l’utilisation abusive de la force physique, sans pour autant que les coups soient donnés. Une force physique orientée pour impressionner, faire baisser la voix : qui crie le plus fort, qui a le plus de coffre, qui tape le plus fort sur les murs, qui interrompt le plus souvent, qui… stratégie que certaines femmes elles aussi, dans des cas plus rares, n’hésitent pas à appliquer pour stigmatiser leurs amants soumis.
Ces femmes ne peuvent finalement pas grand chose, quand l’homme est ainsi violent. On peut se dire que le scénario évoque un système névrotique interne à un couple, terriblement banal, injuste, violent, destructeur. C’est un rapport masochiste. C’est un rapport de dépendance. Or, Garrel ne souhaitait-il pas faire un film qui parle d’amour ? Petit à petit, dans cet enchaînement de plans très simples, au rythme calme et propice à la réflexion, on entre dans l’univers d’un couple qui fait peur, plongé dans cette déprime où chacun, comme le balance Pierre, « [se] vampirise ».
Un curieux happy end
Ce couple finit d’ailleurs par exploser, malgré les sentiments que se portent encore Pierre et Manon : « Lui ne le voulant pas, elle ne le voulant pas, ils se séparèrent. » Manon sait que Pierre la trompe. Pierre ne le reconnaît pas. Ils se séparent un an. Et puis, un jour, Pierre dit à Manon : « Je ne suis rien sans toi. » Alors ils se remettent ensemble. Comme ça. Un happy end qui met mal à l’aise. Garrel dit à ce sujet : « J’ai pensé à mes spectateurs, qui devaient par ailleurs faire front à cette noirceur de la crise économique et à toute l’anxiété que cela crée, et je me suis dit qu’avec un happy end, ce serait peut-être plus facile de rentrer chez eux après. » [iv] Je serai rentrée plus sereine, si Manon était restée loin de cet homme. Ou s’il y avait eu une réelle et profonde remise en cause du comportement de ce mari.
Ce que le personnage de Stanislas Mehrar aurait dû dire à sa femme, c’est : « Excuse-moi. J’étais mal. Je m’en suis vengé sur toi, mais ce n’était pas à toi de payer. J’aurais dû réaliser que l’échec ce n’était pas toi, mais moi. C‘est d’autant plus dégoûtant qu’au lieu de le reconnaître je m’en suis caché, j’ai nié, j’ai menti. Je te supplie de me pardonner. Tu mérites d’être avec un homme qui te regarde et qui soit fier. » Voilà ce que j’aurais voulu entendre pour supporter cette fin. Mais non. Pierre émet un hasardeux signal, et paf, ils se remettent ensemble. Le temps efface bien vite les mauvais souvenirs, ici. Autant dire que c’est reparti pour un tour de manège dans le jeu débilitant des crises.
Manichéisme post-MLF
Le problème principal : l’intitulé L’Ombre des femmes. La représentation d’une névrose partagée par un couple ne suffit pas à constituer un argument de type féministe. Fort heureusement, peu d’hommes se reconnaîtront dans le personnage de Pierre, peu de femmes dans celui de Manon. Et donc, au lieu de charmer, l’histoire finit à la longue par déprimer, coupable même de sombrer dans un certain manichéisme : il y a les méchants, les hommes machos et puérils, et ils sont comme ça, et on ne sait pas comment les faire changer, et il y a les femmes, généreuses et victimes de vivre un long destin de sacrifices. C’est aller contre l’idée d’une égalité homme-femme aboutie et respectueuse, que d’essentialiser ainsi les populations humaines. Le but, en ce qui concerne les questions de genres, ne devrait-il pas plutôt être d’échapper à la mise en boîte des individus ainsi qu’à la construction d’un rapport de force entre les deux sexes ?
Le merveilleux personnage de l’amant doux, qui, au passage, est joué par un comédien d’origine maghrébine — une excellente idée de Garrel, qui assène ainsi un beau coup dans les dents à la sempiternelle accusation de paternalisme faite à l’encontre de ces populations —, est le seul espoir du film. Et des hommes comme lui, au cinéma, on en voit décidément peu. Et ces hommes-là, peut-être, de nombreuses femmes aimeraient-elles en voir davantage, afin que le septième art reflète plus sincèrement la société où l’on vit aujourd’hui, et le couple moderne.
Quant aux femmes, elles ne sont pas, non plus, toutes persécutées comme Manon ou Elisabeth. Or, le seul personnage réellement indépendant du film s’avère celui de la mère de Manon, lucide, qui hérite de toute cette tradition allant de la femme transformée par le MLF (Mouvement de libération des femmes) à Lara Croft, et qui a décidé de vivre sans les hommes. Quel triste constat. Les femmes et les hommes ne peuvent-ils vivre ensemble l’amour vrai et épanouissant ? Le féminisme ne mènerait-t-il qu’à la solitude ? Quelle défaite. Garrel nous énerve. Peut-être est-ce aussi là qu’il frappe fort. Le grand amour doit-il forcément torturer ? Il faut croire qu’on a besoin de l’autre, aussi, pour vivre. Et voir ce film y fait songer.
Nos Desserts :
- Le Comptoir a déjà parlé de La Loi du Marché
- Quelques points de vue différents, et fort intéressants, de deux hommes : celui de Philippe Azoury dans ce bref extrait d’interview, ou celui d’Olivier Pérou dans Le Point
- Un site rappelant les statistiques de décès des femmes battues
- Un article intéressant sur les hommes battus
- Le point de vue de l’historienne Marie-Jo Bonnet, co-fondatrice des Gouines rouges, sur le néo-féminisme
Notes :
[i] Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, Vers l’extrême, Extension des domaines de la droite, Éditions Dehors, 2014.
[ii] À lire dans l’excellent entretien donné par Philippe Garrel à Michel Ciment et à Philippe Rouyer dans le dernier Positif, juin 2015.
[iii] Citation tirée de Venises où l’écrivain, Paul Morand, évoque sa mère.
[iv] Positif, juin 2015.
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