Politique

La stratégie du « starve the beast » ou l’art de tuer la solidarité nationale

Le vote du budget du gouvernement pour l’année 2019 est l’occasion de revenir sur une des stratégies politiques utilisées par les libéraux pour remettre en cause le poids des solidarités et des services publics dans le budget de l’État – il s’agit de la stratégie du « starve the beast », soit littéralement « affamer la bête ». L’image n’est pas anodine car il s’agit de faire mourir de faim le secteur public en lui coupant les vivres et en dégradant son état de santé. Une fois “l’animal” à terre, il suffira de lui administrer un remède à base de privatisations et de marchandisation des solidarités sociales pour le guérir.

Depuis une trentaine d’années, une bonne partie des questions économiques et sociales semble pouvoir se résumer à une seule problématique : celle de la dette et de son poids grandiloquent qui rend impossible toute nouvelle dépense. Ainsi face aux marchés financiers qui prêtent aux États, il semble impensable de devoir continuer à dépenser plus pour notre système social et de solidarité. Du côté des recettes, on aurait atteint un point de non retour tant la pression fiscale serait à son comble… Enfin surtout pour ceux qui n’ont pas les moyens d’échapper à l’impôt étant donné qu’ils doivent payer pour ceux qui partent ou s’exilent. Il semble dès lors inéluctable que la seule issue pour sauver notre modèle social est d’engager des « réformes courageuses » pour réduire son train de vie en coupant drastiquement dans les dépenses sociales destinées aux ménages. Pourtant cette asphyxie des budgets publics peut également être vue comme une stratégie tacite de l’oligarchie afin de rendre inévitable la fin de l’immixtion de l’État dans les affaires privées. Si l’on en croit certains théoriciens néo-conservateurs américains de la fin des années 1970, cette stratégie porte un nom : le « starve the beast ».

Le « starve the beast » en question

Le principe de cette stratégie est au demeurant assez simple mais à bien des égards diaboliques. Son succès repose sur cette façon “douce et lisse” dont les esprits sont préparés à la chute inéluctable de notre modèle de services publics et de sécurité sociale. En effet, il serait politiquement suicidaire d’annoncer une réforme du modèle de sécurité sociale sous la forme de baisses des prestations et de privatisations. Il est donc préférable d’installer petit à petit le doute chez les citoyens dans la capacité du système à assurer sa survie.

« Il s’agit dans un premier temps de baisser les recettes de l’État et des organismes sociaux afin d’assoiffer la bête publique qui voit ainsi ses déficits augmentés. »

Il s’agit dans un premier temps de baisser les recettes de l’État et des organismes sociaux afin d’assoiffer la bête publique qui voit ainsi ses déficits augmentés. Il en est ainsi en France depuis les années 1990 où, à force d’exonérations de cotisations sociales pour un faible effet économique, on baisse les recettes destinées aux retraites, à la santé ou au chômage. Pour les services publics, le mitage de l’assiette de l’impôt par le biais de niches fiscales à l’efficacité parfois douteuse réduit les marges de manœuvre budgétaires et imposent des choix drastiques comme la diminution des implantations locales des services du fisc ou des hôpitaux ou tout simplement la réduction du service fourni. À force de coupes budgétaires, la qualité du service devient de plus en plus déplorable. C’est ainsi le cas dans le système ferroviaire où très récemment lors d’une réunion du conseil régional de l’Occitanie, la région a affirmé ne pas être en mesure de rénover les petites lignes qui traversent la région car la puissance publique refuse de mettre la main à la patte. C’est ainsi que les retards augmentent et les accidents se multiplient fautes de dépenses d’entretiens suffisantes ou de suppressions de personnel qui entraîne un mécontentement généralisé des usagers. On note les mêmes problématiques au sein de l’hôpital, de la justice ou au sein des services locaux des impôts, les universités…

Dans ces conditions, comment défendre un service dont chacun déplore le mauvais fonctionnement au quotidien ? Si l’on ajoute la charge des intérêts qui ampute une large part des marges de manœuvre (de façon illégitime pour la plupart d’ailleurs1), la boucle est bouclée : « il faut dégraisser le Mammouth » comme dirait l’autre climato-sceptique Claude Allègre. Car une fois ce travail de sape effectué, la bête publique suffoque et peine à rester à flot. Il ne reste plus qu’à l’achever en transférant ses activités aux acteurs du privé et à laisser aux charognards du secteur des assurances, du travail intérimaire et précaire le soin de se lécher les babines face à la bête publique qui se tord de douleur face à sa mort certaine.

« L’idée est née dans les milieux politiques avant d’être repris par les économistes les plus libéraux pour justifier les bienfaits d’une baisse des dépenses publiques. »

Aux origines du « starve the beast »

La stratégie a été mis en œuvre sous l’impulsion du parti conservateur aux États-Unis dans les années 1980 où les baisses d’impôts ont été justifiées pour réduire de façon unilatérale les dépenses publiques. Cette réduction entraîne un déficit budgétaire plus important et force les législateurs à réaliser des réductions de dépenses face au déficit grandissant.

L’idée est née dans les milieux politiques avant d’être reprise par les économistes les plus libéraux pour justifier les bienfaits d’une baisse des dépenses publiques2. Alors que les présidents Hoover et Eisenhower avaient privilégié les hausses d’impôts pour équilibrer les budgets, les républicains au Congrès et dans les États fédéraux ont commencé à expérimenter des réductions d’impôts (et donc de recettes) comme une façon de réduire la sphère d’intervention de l’État.

Deux événements majeurs aux États-Unis ont conduit les libéraux à reconsidérer leurs stratégies politiques vis-à-vis des impôts. En 1977, le membre du congrès Jack Kempf et le sénateur Bill Roth ont présenté leur fameux projet de loi fiscale Kemp-Roth visant à réduire drastiquement l’ensemble des taux d’impositions de 30 % sans aucune réduction de dépenses correspondantes. Puis en 1978, lorsque les électeurs de Californie ont ordonné l’application de la Proposition 13 de la Constitution américaine afin de réduire les taux des impôts fonciers. Ce mouvement a incité d’autres États à réduire unilatéralement les impôts, provoquant une révolte fiscale au niveau national. La popularité de ces deux mesures a ainsi amené les tenants de l’austérité budgétaire à encourager la baisse des recettes publiques pour mieux affaiblir le budget de l’État.

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James Buchanan, prix Nobel d’économie, est le père de l’école du Public Choice

Ensuite, le relais a été pris par le milieu universitaire car il fallait bien labelliser de manière académique les bienfaits du « starve the beast ». Sous la houlette du prix Nobel d’économie James Buchanan et son école du Public Choice, les économistes proches des néo-conservateurs ont théorisé et légitimé cette stratégie. Pour Buchanan, il est urgent que l’équilibre du budget soit garanti constitutionnellement car le déficit serait l’instrument utilisé par les hommes politiques pour se faire réélire. De façon encore plus “perverse”, un dirigeant aurait tendance à favoriser l’augmentation de la dette nationale afin de réduire les marges de manœuvre d’un gouvernement plus favorable à la dépense publique. En effet, la part de plus en plus importante des revenus consacrés aux paiements des intérêts obligera un tel gouvernement à ne pas pouvoir dépenser autant qu’il le souhaiterait et donc à ne pas se faire réélire. Cela doit vous rappeler des discours sur la dette déjà largement diffusés. Toute ressemblance avec une situation connue n’est évidemment pas fortuite.

En support aux justifications politiques du courant du Public Choice, les économistes libéraux s’appuient ensuite sur l’idée que la baisse des impôts et des dépenses publiques est un préalable à la croissance économique. La courbe de Laffer en est un avatar les plus représentatifs. D’après cette courbe, il existerait un niveau de taxation à ne pas dépasser, sous peine de voir le produit de l’impôt diminuer suite à la réduction de la base d’imposition, car les individus seraient moins enclins à produire, à travailler voire incités à frauder. L’histoire de la courbe de Laffer commence en 1978 avec un article de Jude Wanniski paru dans la revue The Public Interest. L’économiste Arthur Laffer aurait, au cours d’un dîner dans un restaurant de Washington en 1974 accompagné notamment de Donald Rumsefld et Dick Cheney, dessiné sur la nappe une courbe illustrant l’arbitrage entre les taux d’impositions et les revenus fiscaux. De cet article est sorti le principe de l’effet Laffer qui connut un grand succès sous l’administration Reagan lors des importantes réductions d’impôts en 1986, alors que sa validation empirique est inexistante, sauf à prendre des hypothèses théoriques totalement farfelues et déconnectées de la réalité.

« Le projet d’Emmanuel Macron de garantir l’accès à l’assurance chômage aux salariés en cas de démission pouvait être la parfaite illustration d’une tactique de “starve the beast”, c’est à dire le genre de mesure impossible à financer avec le montant des recettes actuelles. »

Le « starve the beast » made in France

En France les attaques en règle sur les recettes de l’État et de la Sécurité sociale sont devenus monnaie courante depuis une trentaine d’années.

Agnès Verdier-Molinié et la fondation iFRAP (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) sont les dignes représentants du « starve the beast » en France

Depuis 1993, la politique de lutte contre le chômage s’est attelée à réduire doctement le coût du travail mais sans vouloir toucher au salaire net des salariés. Ceci a été rendu possible par les différentes politiques d’allègements de cotisations patronales et salariales comme celles  prévues dans la loi de Finances 2019. Ainsi, avant la mise en place du CICE (Crédit impôt compétitivité emploi), l’allègement des cotisations patronales a fait perdre la bagatelle de 27,6 milliards d’euros aux caisses de Sécurité sociale, à laquelle le CICE est venu se greffer pour un montant compris autour des 30 milliards d’euros. Sur vingt ans, on a vu s’envoler près de 400 milliards d’euros de recettes de la Sécurité sociale. Dans le même temps le chômage reste important et avec lui le montant des prestations afférentes, malgré les différentes tentatives de baisser le chômage de façon artificielle en faisant passer dans la case inactifs les chômeurs. Le projet d’Emmanuel Macron de garantir l’accès à l’assurance chômage aux salariés en cas de démission pouvait être la parfaite illustration d’une tactique de « starve the beast », c’est à dire le genre de mesure impossible à financer avec le montant des recettes actuelles et qui, à force d’exonérations de cotisations sociales, verra son déficit exploser.

« L’allègement des cotisations patronales a fait perdre la bagatelle de 27,6 milliards d’euros aux caisses de Sécurité sociale, à laquelle le CICE est venu se greffer pour un montant compris autour des 30 milliards d’euros. »

Il s’agit donc encore et toujours de réduire les recettes tout en conservant un niveau de dépenses important pour creuser les déficits. C’est exactement la même chose pour les retraites où l’objectif du gouvernement est de “figer” à 16 % la part des retraites dans le PIB (Produit intérieur brut) alors que la population vieillit. Sans hausse du montant du salaire différé (c’est à dire des cotisations) le déficit des caisses retraites va exploser et une baisse globale des pensions est à l’œuvre. Pour la maladie c’est la même chose alors que sur le plan macroéconomique, la moitié des débouchés des entreprises proviennent d’une façon ou d’une autre des dépenses publiques ! Sur le plan de la gestion des caisses de Sécu, le poids de l’État devient de plus en plus prégnant au détriment des partenaires sociaux. En effet, la part des cotisations sociales dans le financement de la Sécu est passé de 86,8 % à 67,3 % depuis 1995, remplacé par un impôt du type CSG (Contribution sociale généralisée). On peut se demander ce qu’il adviendra lorsque la Sécurité sociale sera abandonnée totalement aux mains de l’État. Une seule ordonnance pourra engendrer des coupes drastiques, voir une privatisation immédiate. En vérité, la mort de la cotisation sociale n’est rien d’autre que celle de la Sécu.

Sous Macron, des faits avérés

Les différents budgets votés par le gouvernement Philippe illustrent parfaitement la manière dont il faut « assoiffer la bête ». D’un côté, le gouvernement engage une diminution des recettes de l’État par la réduction du rendement de l’ISF (Impôt sur la fortune), des prélèvements sur le capital. Il parait qu’il s’agit d’encourager le ruissellement de ce cadeau aux riches dans l’économie. Pourtant, aux États-Unis, ce type de politique fiscale fit dire au Prix Nobel Joseph Stiglitz : « Qu’avons nous dit au pays à nos jeunes quand nous avons réduit l’impôt sur les plus-values et augmenté les prélèvements sur ceux qui gagnent leur vie en travaillant ? Qu’il vaut mieux vivre en spéculant3« . De bien belles perspectives en somme qui correspondent bien à l’objectif de Macron « d’encourager les jeunes à devenir milliardaires ».

Lors de son allocution pour faire face à la grogne sociale des Gilets jaunes il a annoncé une hausse de la prime d’activité (et non du SMIC horaire) et de nouvelles exonérations de cotisations et impôts sur les heures supplémentaires. Les mesures annoncées se chiffrent à plus de 10 milliards d’euros et on imagine mal des hausses d’impôts futures pour assurer un déficit contrôlé. Le couplage de ces mesures avec le vote d’énièmes exonérations de cotisations sociales type généralisation du CICE est donc la voie parfaite pour ne pas respecter les engagements budgétaires vis-à-vis de Bruxelles et contraindre la France à rééquilibrer sa balance budgétaire en coupant dans les dépenses publiques et sociales. La partition est déjà jouée d’avance.

« Cette mission de dégraissement de la “bête” semble promise à un bel avenir sous l’ère Macron, et ce dans le but de réduire la qualité du service tout en étant sûr que ses usagers vont se retourneront contre elle. »

À titre d’exemple, en dix ans, les services des finances publiques (DGFIP) ont connu une réduction de près de 20 000 agents. Une chute des effectifs qui, dans la sphère privée, serait l’équivalent de l’un des plus gros plan social jamais vu en France. Mais le pire reste à venir, puisque le recours généralisé à l’externalisation est “en marche” dans les administrations publiques via le CAP 22 qui, d’après le site du gouvernement, est un « programme ambitieux [qui] vise à repenser le modèle de l’action publique en interrogeant en profondeur les métiers et les modes d’action publique ». Pour la DGFIP, les missions de recouvrement et de calcul de l’impôt sont concernées, puisqu’il est écrit que « dans les ministères économiques et financiers, la législation fiscale continuerait d’être exercée en administration centrale. Toutes les autres missions pourraient être conduites dans des agences : le recouvrement de l’impôt et le contrôle aujourd’hui exercés à la DGFIP ». Comment garantir la probité du service public dans ce cas ? Comment s’assurer que les CDD ou intérimaires embauchés seront suffisamment formés à la technicité que réclame une matière comme la fiscalité ? De nombreux dysfonctionnements sont à craindre, mais il paraît que c’est pour votre bien.

Cette mission de dégraissement de la “bête” semble promise à un bel avenir sous l’ère Macron, et ce dans le but de réduire la qualité du service tout en étant sûr que ses usagers se retourneront contre elle. Ainsi, sur l’ensemble du quinquennat, Macron a prévu de supprimer 50 000 fonctionnaires. Pour l’instant, il n’a pu qu’en supprimer 3 000. Il reste donc un énorme effort à faire. Mais cet effort sera justifié en toute fin du mandat (lors du CAP 22), lorsque les baisses d’impôt pour les hauts revenus et le pillage des recettes de la Sécu par le biais des diverses exonérations de cotisations auront rendu inéluctable la privatisation de pans entiers de missions de service publics4.

Et à la fin, c’est le peuple qui perd

« Malheureusement pour les autres, il sera trop tard pour réaliser que la réduction des dépenses publiques aura réduit leur sacro-saint « pouvoir d’achat » car les services privés seront beaucoup plus onéreux. »

Face à ces coups de marteau politique et autres bourrages de crâne sémantiques, les citoyens décideront sans véritablement comprendre qu’on ne peut plus dépenser autant. Pour les attendrir, les politiques auront “augmenté” leur salaire net en façade, en réduisant leur salaire différé (maladie, retraite, chômage…). Mais ces derniers se rendront compte que ce qu’on a gagné d’un côté a été largement repris de l’autre, notamment quand ils s’apercevront du coût élevé de ces services rémunérés ou indemnisés par le secteur privé dans une logique de profit et de marge commerciale.

Ceux qui le pourront auront la possibilité de cotiser à une assurance maladie privée, à une retraite privée par capitalisation de qualité. Malheureusement, pour la grande majorité des citoyens, il sera trop tard pour réaliser que la réduction des dépenses publiques aura réduit leur sacro-saint “pouvoir d’achat” car les services privés seront beaucoup plus onéreux. Cette fois, leur salaire net ne sera plus “mangé” par l’infâme bête publique affamée, mais par l’ogre du secteur privé qui sacrifiera, comme il l’a souvent démontré, la solidarité nationale sur l’autel du profit et des actionnaires.

Notes :

1 D’après Pucci et Tinel (Revue de l’OFCE, 2009), le gros de la dette publique jusqu’aux années 2000 est dû à l’effet boule de neige qui vient inexorablement alimenter la dette par l’accumulation des intérêts à payer. Ainsi au cours des années 1980 et 1990, le taux d’intérêt des obligations était passé au-dessus du taux de croissance. La baisse des taux au début des années 2000 n’a pas vraiment profité à l’État puisque les différents gouvernements ont décidé par la suite de réduire les impôts. Dans le rapport publié par le Collectif pour un audit-citoyen de la dette publique avec la participation des économistes Michel Husson et Henri Sterdyniak, on évalue à 59 % la part de la dette qui serait illégitime.

2 Bruce Bartlett, « Starve the Beast. Origins and Developement of a Budgetary Metaphor », The Independent Review (12, 2007).

3 Joseph Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête (Fayard, 2003).

4 Le nouveau management y est aussi pour quelque chose en favorisant, sous couvert de modernité, la mise en place d’outils d’évaluations. Ces derniers peuvent avoir une utilité mais malheureusement toutes les décisions sont prises en fonction des indicateurs quantitatifs et perdent de vue l’essence même du service public qui est celle de la qualité et de l’accessibilité, ceci visant notamment à contrebalancer les inégalités territoriales.

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22 réponses »

  1. A part qu’on ne peut pas dire que les dépenses publiques n’augmentent pas en France (ici le problème serait plutôt le coût de fonctionnement de la décentralisation comparé aux dépenses sociales)

    • Ce qui est un ramassis de conneries mon cher lecteur, c’est de sortir un graphique de son chapeau sans tenté de l’interpréter. Je ne vais pas commenter l’utilisation d’une échelle qui donne un effet loupe mais je vais commenter sur le fond.

      Il n’y a pas eu de d’ « explosion » de dépenses publiques. En effet, la part de l’ensemble des dépenses dans le PIB, qui est de 45,7 % en 1980 suite aux chocs pétroliers (baisse du PIB et hausse des dépenses contra cycliques ce qui augmente mécaniquement le ratio… cf. cours de mathématiques du collège) et suite à l’augmentation des dépenses sociales notamment des allocations chômages qui augmente en vertu de l’augmentation du taux de chômage. Puis atteint 51,8 % en 1985 pour redescendre à 48,8 % en 1989 et remonter en 1993 à près de 55 %, son point le plus haut dû à la récession. Depuis, elle fluctue autour de 53 % et tend légèrement à baisser : au-dessus de 54 % entre 1993 et 1997, elle passe en dessous de 53 % entre 2006 et 2008 ; un bond a lieu à nouveau en 2009 où la limite des 55 % est franchie en raison de la crise. En fait vous posez très mal la question.

      Si vous aviez compris l’article, vous auriez compris que la stratégie du « starve the beast » consiste principalement à créer du déficit et du dysfonctionnement. La création du déficit se fait par la baisse des recettes que j’ai assez développé. Mais là où vous semblez ignorant ( et je ne vous en veux pas), c’est que quand il y a un déficit des caisses de sécurité sociale, qui vient résorber ce déficit en piochant dans son budget???? L’Etat évidemment ! et lorsque celui çi résorbe les déficits de la sécu, cela augmente le déficit de l’administration centrale (car les budgets sont séparés entre administration centrale, local et secu). Donc en fait c’est le budget de l’Etat qui paye les allègements fiscaux !

      Ensuite vous oubliez d’indiquer que l’un des principales postes de dépenses de l’Etat est la charge d’intérêts… une dépense publique fort peu utile vous en conviendrait mais qui absorbe plus de 45 milliards d’euros du budget. Pour mieux comprendre d’où vient principalement le déficit je vous invite à lire cet article : https://docplayer.fr/10367418-Reductions-d-impots-et-dette-publique-en-france.html

      Mais à quoi sert la dépense publique?

      Et bien pour moitié à la dépense sociale de santé, retraite, chomage, invalidité etc…. Ainsi 16% du PIB concernent notre système de retraite par répartition. Un système par capitalisation permettrait ainsi d’arriver à 40% de dépenses publiques mais sans pour autant que vous ayez plus d’argent à la fin du mois car il faudra cotiser à une assurance privée (et plus cher en général qu’un système socialisé). Ce qu’on ne vous prend pas sur la fiche de paye en cotisation ou CSG, sera repris sous forme de dépenses privées sur votre compte en banque. En quoi est ce mieux de financer des retrites de façon inégalitaire en jouant vos pensions en fonction de la volatilité des cours de bourses alors que les fonds de pension étrangers sont créateurs d’instabilité économique et financière?

      On ne peut pas non plus dire que la France est sur administré par rapport à d’autres pays (voir le lien d’alter eco en « dessert »). D’ailleurs les comparaisons sont fallacieuses car beaucoup de services publics sont effectués par des contrats privées ce qui excluent ces dépenses des dépenses publiques alors qu’elles ont le même coût. Exemple de l’Allemagne, où le personnel hospitalier est en général payé via des contrats privés passés par l’administration avec des fournisseurs de soins. Résultat : nos voisins d’outre-Rhin enregistrent un très faible niveau d’emplois publics dans la santé, alors que le système de soins y est aussi important qu’en France et qu’il est financé sur des deniers publics dans des proportions similaires.

      Enfin je suis désolé mais je vais devoir vous faire un cours de compta nationale. Sachez qu’on calcule le PIB en faisant la somme des valeurs ajoutées (production- conso intermédiaires). Or, dans le cadre du calcul de la valeur produite par le secteur public, la production ET les conso intermédiaires sont comptabilisées comme des dépense publiques. C’est à dire pour calculer la valeur ajoutée du secteur public, on fait production + conso intermédiaires. Cela signifie que le poids des dépenses publics est hypertrophié en pourcentage du PIB à cause de cette convention comptable. Si on devait calculer de la même façon la dépense privée comme la dépense publique, on serait à 200% du PIB.

      Vous voyez des ramassis de connerie c’est un peu plus dur de les affirmer quand on a des arguments.

      Bien à vous 🙂

    • A priori le privé essaiera toujours de se faire une marge sur le service rendu parce que son objectif est de faire du profit, alors qu’a priori un service public n’a pas de bénéfice à faire donc un budget équilibré à la fin est suffisant. Donc un service privé coûtera toujours plus cher qu’un service public.

      Guillaume Pepy directeur de la SNCF illustre parfaitement le principe expliqué dans cette article : un mec qui a été placé à la tête de la SNCF pour.. couler la SNCF.

    • Il y a plusieurs éléments permettant d’affirmer cela.

      Sur le plan empirique je ne connais pas d’étude qui a pu comparer le rapport coût/efficacité/équité des différents types d’assurance sociale. La difficulté réside dans le fait de comparer des systèmes de prélèvements des cotisations et des conditions du versement des prestations extrêmement différentes d’un système à l’autre.

      On sait par contre que le système de santé américain est le plus couteux du monde et coute près de 4 points de PIB de plus qu’en France. Pourtant l’espérance de vie y est inférieure de 2,5 années entre ces deux pays. On a donc ici l’exemple d’un système à dominante privé qui coute plus cher et qui est moins efficace.

      Ce que l’on sait par contre d’après les théories de l’assurance, c’est qu’un risque est mieux assuré et moins couteux dès lors qu’il est partagé par un nombre important d’individus. A ce titre un système d’assurance sociale centralisé ou socialisé comme l’est (plus pour très longtemps je le crains) la sécurité sociale permet une meilleure prise en charge des risques et une meilleure répartition des contributions.

      Dans le cas d’une offre concurrentielle entre diverses assurances privées, des couts de fonctionnement viennent s’ajouter par rapport à une assurance socialisée qui se répercute directement sur le niveau des contributions. Il en est ainsi des dépenses en publicité, marketing ou encore celle concernant le « benchmarking ». Ainsi, les dépenses de fonctionnement des assurances privées sont supérieurs à ceux de la SECU.

      Enfin concernant les services publics à proprement parler. Si l’on prend l’ensemble des industries de réseau (électricité, ferroviaire, autoroutes…), les études en économie industrielle nous montrent que lors des privatisations, toutes ses entreprises se retrouvent en situation de monopole sur chaque partie du réseau qu’elle contrôle. En effet, on imagine pas construire une voie de chemin de fer parallèle à celle déjà existante (d’ailleurs les couts fixes sont si importants qu’aucune entreprise privée n’assurerait ce genre de dépenses). Il en est ainsi pour les infrastructures de distribution d’electricité ou les autoroutes. Un monopole privé a ainsi les mains libres pour fier son taux de marge au maximum face à une demande contrainte d’accepter ce prix de monopole. Voilà pourquoi cet article peut complètement s’appliquer dans le cadre de la privatisation de la SNCF…. on a déjà préparé les usagers à l’explosion des prix tout en mettant l’entreprise en déficit car l’Etat (de par les nouveaux statuts de la société) refuse de « mettre la main à la pâte » pour assurer le cout des investissements.

  2. Services Publics et de solidarité ont forcément un coût. Affamer la bête pour mieux la détruire signifie aussi la fin d’une société plus juste et solidaire. Si c’est l’objectif poursuivi, c’est très inquiétant !

    • Bin en fait, je crois qu’on attend tous la démonstration inverse: à savoir que le privé revient moins cher parce que la problématique actuelle, c’est bien le dépeçage du public au profit du privé…

  3.  » stratégie du starve the beast » : un grand merci pour cet article.
     » starve the beast  » , un des fleurons des  » Reaganomics » de sinistre mémoire.
    Cette stratégie meurtrière est encore aggravée dans un contexte économique où la croissance potentielle est estimée à 1,5% : la fameuse « stagnation séculaire » qui semble faire consensus chez les économistes US .

  4. Tissu d’inepties. La France est déjà le pays le plus taxé au monde et Reagan a sauvé les USA de la faillite. On peut aussi parler du sabotages des restrictions budgétaires par les tenants du « tout impôt » qui font exprès de sabrer dans les dépenses vitales mais ne touche pas aux milliards gaspillés dans les privilèges des commis d’état qui financent leur train de vie avec les fonds publics, l’argent dépensé pour graisser la patte des syndicats richement financés alors qu’ils ne représentent plus personnes, les milliards donnés à la presse ou claqués dans les pays du tiers-monde. Sans parlé des 45 milliards de déficit que nous coûtent chaque années les colonies de peuplements. On pourrait réduire les impôts massivement sans toucher aux dépenses vitales, juste en éliminant les parasites et les privilégiés qui sucent l’argent de l’Etat et après gueulent contre le privé. A quand une nuit du 4 août qui mettra fin aux privilèges de la haute fonction publique ? On peut faciement réduire la fonction publique de 30 % en réduisant le nombre d’échelons intermédiaires, ses dépenses somptueuses (locaux princiers, logos payés 10 million pièce, pléthore de cadres A surpayés) de 6 à 3.
    Excellent livre à lire, balayant les lieux communs des socialistes omniprésents en France : https://www.amazon.fr/France-v%C3%A9ritables-syst%C3%A8me-renouer-puissance/dp/2864772655

    • Avec ce genre d’inepties dans votre commentaire ça va être dur de faire court mais il y a énormément à dire sur vos affirmations.

      Tout d’abord la France est le pays le plus taxé du monde… j’ai envie de dire « et alors? ». Vous pensez que les impôts consistent à prendre l’argent des contribuables et à le jeter par la fenêtre? Le jour où vous mettrez une pièce pour vous éclairer dans la rue ou que la police vous fera payer votre dépot de plainte vous vous rendrez compte que les impôts (curieusement!) ça finance des services collectifs.

      Non en vérité le poids des prélèvements obligatoires (impôts + cotisations) correspond davantage à un choix de socialiser certaines dépenses. Ainsi en France, la retraite par répartition représente 16% du PIB en étant financé notamment principalement par les cotisations sociales. Si l’on mettait en place un système par capitalisation. On pourrait réduire les dépenses publiques de 16% et les prélèvements obligatoires dans les mêmes proportions. Ainsi vous aurez l’impression d’avoir plus d’argent sur votre fiche de paie ou votre compte en banque. Mais malheureusement vous allez devoir cotiser à une assurance privée et là tout de suite il va falloir piocher dans votre compte en banque et permettez moi de dire que la note sera beaucoup plus salée (en plus votre pension dépendra du bon vouloir des cours de bourse volatiles par définition). Vous pouvez très bien vous plaindre de la pression fiscale en France mais vous devriez plutôt vous plaindre de sa structure et de sa répartition. Piketty a très bien démontré que la pression fiscale globale des 10% des plus riches est plus faible que celle des 20% juste en dessous. Pourquoi? à cause de niches fiscales et de technique d’optimisation qui fait subir la pression fiscale à ceux qui n’ont pa les moyens d’échapper à l’impôt. Elle est là la gabegie et elle coute près de 100 milliards d’euros par an.

      100 milliards ça fait environ 10% du montant des PO en France. Tandis que vos exemples sur lequel vous vous excitez pour expliquer ce poids de la fiscalité correspondre à des cacahuètes dans le budget de l’état.
      J’avais calculé que le cout de fonctionnement de l’Assemblée nationale et des ministres représentait (à quelques 0 près !) environ 0,00000000002% des dépenses publiques. Vous pensez donc vraiment que les impôts servent uniquement à payer les privilèges des nantis? Allons un peu de sérieux !

      Quand au milliard claqué je ne sais ou il faudrait arrêter de délirer et se poser 2 secondes car vous devez avoir du mal avec les chiffres à plusieurs zéro. L’argent pour graisser la patte des syndicats = peanuts, l’argent pour les pays du tiers monde = environ à 0,4% du PIB, la presse c’est encore moins. Par contre pour les 45 milliards « de déficit que nous coûtent chaque années les colonies de peuplements », là je dois avouer que je bug car je ne sais pas du tout de quoi vous parlez ! Par contre 45 milliards c’est exactement la somme que l’on paye chaque année au marché financier pour les intérêts de notre dette, dont je vous invite à lire les articles en 1) des notes de bas de page.

      Après je suis tout à fait d’accord pour remettre en question les privilèges de certains en haut de l’Etat mais la gabegie est aussi dans le secteur privé et celle çi n’a pas l’air de vous gêner. Il en est ainsi pour les rémunérations astronomiques des patrons du cac 40 qui augmentent tous les ans de plus de 10% alors qu’ils licencient à tour de bras. Il faut dire qu’il faut aussi satisfaire des actionnaires voraces. C’est ainsi que quand vous achetez votre Doliprane, vous payez en partie les 70% de bénéfices après impôts que Sanofi donne à ses actionnaires sans que cela ne profite à l’économie réel. Les perditions de flux de revenus ne sont pas exactement ou vous croyez cher lecteur….

      Quand à votre livre, vu le pedigree de l’auteur (frère d’une des plus grosses fortunes de l’industrie pharmaceutique française) je doute de son objectivité mais il serait très facile de démontrer un à un ses arguments.

      Ah oui enfin Reagan n’a pas sorti les Etats Unis de la faillite car il a au contraire fait exploser le déficit en baissant les impôts pour les plus aisés, tout en augmentant les dépenses publiques (notamment militaire). Dans le même temps il a fait augmenter les taux d’intérêts ce qui a permis un véritable hold up de Wallstreet qui a pu profiter de l’augmentation de l’émission des obligations d’Etat à des taux compris entre 5 et 10%… vous appelez cela de la vertu????

  5. Si on parle d’une société privée avec un monopole d’exploitation (comme la gestion de l’eau d’une ville ou concession autoroutière) on peut deviner que les prix s’envoleront, et c’est d’ailleurs vérifié empiriquement. Mais si elle est sur un secteur concurrentiel (comme les fournisseurs d’energie, transports etc…), les prix seront logiquement plus bas qu’un monopole publique. Je suppose qu’il y a de nombreuses études à ce sujet, ça serait intéréssant d’en avoir un aperçu pour évaluer le bien fondé du « starve the beast ».

  6. Il faudra se projeter 20 ans dans l’avenir pour comprendre ce qui se passe actuellement.
    Dans 20 EU sera un pays comme les USA. Et pour en devenir il frauda se préparer. C’est fini avec l’état français, l’état allemand, l’état je sais pas quoi … Il y aura l’EU avec ces membres , un seul gouvernement , une armée européenne et etc.
    Et donc ceux qui se permettent à traîner et ne pas reformer leurs économies, vont simplement voir leur services publiques faire faillite, càd se faire racheter par les autres dans l’EU. Par exemple, la Sécu ne pourra pas s’en sortir telle quelle est aujourd’hui parce que si aujourd’hui on est plus au moins obligé de cotiser en France, dans 20 ans on pourra cotiser ailleurs parce que c’est moins cher et mieux remboursé ou pas ?
    Exemple d’aujourd’hui, pardon d’hier. On prend la société Flixbus, aujourd’hui elle domine le secteur des voyages en bus. Mais quel était le début de ce nouveau business. En fait vers 2009-2011 le marché allemand s’est ouvert au voyages en bus. Ceci a fait naître pas mal d’entreprises (au moins une dizaine) qui proposaient ce service, dont faisait partie Flixbus. Au fil du temps ces sociétés, ont plus au moins pris des parts du marché en Allemagne (un pays assez grand). Après certaines se sont fait rachetées par d’autres et au final c’est Flixbus qui a gagné. Entre temps la France a traîné jusqu’à 2015 où ouibus (sncf) et isilines (eurolines) ont vu le jour. 10 contre 0 c’est cela le résultat – 10 entreprises de créées en Allemagne contre 0 en France au début. Puis 1 entreprise étrangère privée est entrée sans bcp de problèmes en France et a pris une part du marché. Et c’est une entreprise sans histoire, sans SNCF, ni Eurolines pour l’aider.
    Donc que fera la Sécu le jours quand les caisses étrangères, déjà reformées auront le droit de venir en France ?
    On ne peut pas obliger les français, citoyens européens de cotiser pour la Sécu (même aujourd’hui ceci n’est pas obligatoire !) quand ils verront qu’une autre compagnie d’assurances propose des meilleurs conditions. Ou quand la Sécu va disparaître (parce qu’elle saura pas opérer sur le marché libre) et qu’on devra choir la caisse la moins pire!
    Donc soit on accepte le cours pour une reforme et ensuite on espère que les futures dirigeant de cette nouvelle Sécu auront la capacité d’opérer sur un marché libre, soit on va payer et cotiser pour d’autres entreprises et on sera contraints d’accepter les conditions de qqn qu’on n’aime pas forcement (rien contre l’Allemagne, ici c’est un exemple de réussite).
    Donc reformons notre état, faisons le de la manière dont cela nous arrange le mieux (en prenant en compte nos traditions et spécificités) et espérons que notre modèle sera plus performant que celui des autres.

  7. Bonjour « AU RL « : Merci pour vos réponses documentées et pédagogiques.

    Sinon je suis consterné par le déficit de connaissance des basiques des macro mécanismes économiques par certains intervenants entre autre, et de leurs affirmations qui sont très rarement étayées par des données factuelles.

    Ces interventions sont un des indicateurs de la confusion des esprits dans le domaine de l’histoire économique mondiale , européenne et française, et du lavage de certains cerveaux par la pensée néolibérale qui sévit sur notre planète qui veut tout transformer en or au profit des 1%…

  8. Je n’ai pas lu votre article en entier (je vais rattraper ça bientôt) mais j’admire la manière dont vous faîtes preuve de pédagogie et de sérieux dans vos réponses aux commentaires. Merci

  9. Bonjour AU RL,
    Merci pour cet article très bien écrit, pédagogique et documenté, jusque dans vos réponses.
    Questions, un peu simplistes, mais je les pose quand même :
    – Comment faire pour qu’une majorité de personnes lise votre article ? (certes, le diffuser par Facebook ou autre, mais cela est hélas bien trop insuffisant)
    – S’il vous plaît, ne pourriez vous pas demander audience auprès de Macron-Philippe pour les mettre face à leurs décisions et leur en montrer les conséquences ? Prendre la parole pendant le tour de France actuel du président par exemple?
    – Intervenir en lycée (terminales), fac, grandes écoles et prépa ? À la radio, à la télé ?
    (Je travaille dans le privé .)
    Encore merci
    Cordialement

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