Notre contributeur, enseignant dans une école élémentaire de Réseau d’Éducation Prioritaire Renforcée (REP+), située dans un Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville (QPV), nous livre sur son quotidien professionnel, quelques chiffres, quelques faits et quelques considérations sur l’état de l’enseignement dans les quartiers pauvres.
Quelques chiffres pour commencer
Avec ses 400 élèves, ma petite école est en fait assez grande. On compte, au gré des départs et des arrivées en cours d’année, environ 25 élèves dans ma classe de CM2, comme c’est peu ou prou la règle pour les Réseaux d’Éducation Prioritaire Renforcée (REP+). Sur ces 25 élèves, deux vivent en foyer, 20 appartiennent à des familles monoparentales – réelles ou supposées, si l’on tient compte de l' »astuce » consistant à se déclarer « parent isolé » auprès de la Caisse d’Allocations Familiales.
Dans la ville, le taux de pauvreté approche les 50% et le taux de chômage des 15-64 ans est d’environ 40% (INSEE, 2015). Les chiffres du quartier ne me sont pas connus ; mais dans ma classe, trois parents d’élèves occupent à ce jour un emploi.
Sept enfants accusent un an de retard, deux ne savent ni lire, ni écrire, 12 sont en très grande difficulté, trois sont suivis par le CMPEA [i], huit par le RASED [ii], un seul est excellent. À ce que nous appelons les « évaluations-diagnostiques » (tests de début d’année, généralement en français et en mathématiques, servant à évaluer le niveau des élèves et concevoir des programmations annuelles et des progressions par période ajustées), réduites au plus élémentaire (repérer le verbe d’une phrase, compléter un texte à trous par des pronoms personnels, mettre des noms communs au pluriel, poser une addition, identifier des figures géométriques, ranger des entiers inférieurs à 1000 dans l’ordre croissant, etc.), la moyenne tourne autour de 6/20.
« Sur 25 élèves, sept enfants accusent un an de retard, deux ne savent ni lire, ni écrire, 12 sont en très grande difficulté, trois sont suivis par le CMPEA, huit par le RASED, un seul est excellent. »
Cette année, Open Office tient le prénom de 100% de mes élèves pour une faute d’orthographe, et m’a obligé, à la rentrée, à tous les « ajouter au dictionnaire » pour ne pas les voir systématiquement soulignés en rouge dans mes documents de travail. Anecdote : il y a trois ans, l’un de mes CM2 s’appelait Tintin. L’ordinaire des prénoms se décompose au reste en cinq grandes catégories :
- Les prénoms des enfants musulmans, traditionnels ;
- Les grands classiques anglo-saxons (Dylan, Wendy, etc.), qui périclitent toutefois ;
- Ces mêmes grands classiques, à l’orthographe rafraîchie (Brayane, Djonesone, etc.) ou stylisés par un suffixe (Kyliana, Jessican, etc.) ;
- Les dessus de listes de Maman.com (Timéo, Lila, etc.) ;
- Les pures inventions, extrêmement en vogue depuis que les stars elles-mêmes en sont folles (Djanatik, Kayis, etc.).
Résiduels, subsistent ici ou là quelques Julien ou Émilie. Pour les Mathurin, Alphonse et autres Prune et Églantine (sans rien dire des Marie-Victoire ou des Charles-Henri), se rendre ailleurs – ou demander à ce phare de la pensée qu’est Éric Zemmour.
100% des filles déclarent avoir déjà changé la couche d’un bébé. 0% des garçons. 24 élèves possèdent une tablette et/ou un smartphone. 17 ne savent absolument pas nager. Huit, dont sept filles, ne savent pas faire de vélo.
L’Académie de Créteil, où je n’enseigne pas, a enregistré pour la session de 2018 du CRPE (Concours de Recrutement des Professeurs des Écoles) un seuil d’admissibilité (note du dernier reçu aux épreuves écrites, censées jauger les acquis dits « disciplinaires » et donnant accès aux épreuves orales, plus « professionnelles ») de 5,50/20 . Taux, certes, le plus faible de France.
Quelques faits
Un de nos élèves présente des troubles psychiatriques sévères. Nous l’accueillons deux matinées par semaine, selon une procédure dite « d’inclusion », et il passe le reste du temps scolaire en hôpital de jour. Il lui arrive de dévaster sa classe et d’agresser quiconque passe dans son champ de vision. J’ai dû esquiver une fois une chaise qu’il me jetait au visage. Récemment, notre directeur a appelé les pompiers pour le maîtriser, en pleine crise. Un autre est trisomique, sans AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap), et peut, toute la journée, répéter en boucle « j’ai pété ! » à haute voix dans sa classe. Un garçon, il y a quelques années, a vu son grand frère se faire tuer par balles. Un autre a disparu dans la nature après que son père a été accusé d’avoir violé sa petite sœur. Le papa d’une petite fille a récemment frappé son cousin à mort pour quelques dizaines d’euros. Celui d’une de mes élèves est mort d’un accident du travail, sur un chantier, un autre, l’année dernière, s’est tué en escaladant le balcon de son voisin pour régler un contentieux. À la rentrée, une mère est arrivée totalement ivre déposer ses enfants, quand deux autres se sont battues devant tout le monde à la fête de Noël. Il y a plusieurs années, un collègue a été passé à tabac devant tous ses élèves. Une autre fois, deux personnes ont traversé la cour armés d’un fusil, avant d’abattre un homme à quelques rues de là. La voiture du directeur a été démolie à son arrivée, il y a 14 ans. Un enfant a tenté de se suicider pendant les heures de classe, valant à l’école les honneurs de la presse. Assez souvent, une vexation ou une contrariété donnent lieu à une « évasion » : un enfant saute le portail, s’enfuit, passe sa journée dans la rue.
La plupart des infrastructures (stades, etc.) restent en friche des semaines durant, car toutes les débroussailleuses de la commune ont été volées. La piscine est fermée un jour sur trois « en raison de problèmes techniques », l’école est sans électricité plusieurs fois par semaine, la sonnerie, Dieu sait pourquoi, ne fonctionne plus, et il est arrivé une dizaine de fois l’année dernière que les bus affrétés aux sorties soient en retard de deux ou trois heures, ou ne viennent simplement pas. La plupart du matériel de sport (sifflets, ballons, etc.) a été acheté par les enseignants, sur leurs deniers. La salle informatique a été entièrement dévalisée l’an dernier, l’école étant parfois visitée le week-end pour être retrouvée mise à sac le lundi.
« L’Éducation Nationale aime s’enticher, avec cinquante épisodes de retard et sans parfaitement les comprendre, des techniques de marketing/communication/management à la mode à Rouen ou à Quimper dans les années 70′. »
En notre qualité d’enseignants en REP +, mes collègues et moi bénéficions de 18 demi-journées de formation par an, dites « formations REP+ ». C’était, quand je suis arrivé dans ma circonscription, assez douloureux, car consistant souvent en des power-point criblés de fautes nous expliquant les bienfaits du vivre-ensemble, parsemés ici ou là d’équations chimiques afin d’assurer aux choses leur scientificité. On invoquait aussi vaguement Brissiaud, Meirieu, un lointain Bourdieu, Montessori davantage, depuis qu’il paraît que la jet-set s’en pique.
Tout cela quand nous ne nous adonnions pas à des « jeux » et activités directement inspirés du management le plus désuet. Règle immuable : un peu comme nous percevons tardivement la lueur des étoiles, l’Éducation Nationale aime s’enticher, avec cinquante épisodes de retard et sans parfaitement les comprendre, des techniques de marketing/communication/management à la mode à Rouen ou à Quimper dans les années 70′. Et badigeonner le tout d’un genre particulier de « bienveillance », que même de la MDMA à haute dose ne saurait susciter. Exemple : jeu des « 3 x 7 » : le formateur inscrit le mot « Europe » au tableau, nous avons 7 minutes pour écrire autour un mot qui nous vient, 7 minutes pour barrer un mot écrit par d’autres et 7 minutes pour en discuter « sans se juger« . Autre exemple : des instruments de musique « ethniques » (on passera sur le vocable…) sont posés à terre, chacun les contourne en produisant le son de son choix : l’abeille, le hibou, les pompiers. Il fut fort rare, en fin de compte, que l’on quittât les lieux avec quelconque outil concret, réel et utilisable un jour ou l’autre dans nos classes.
Les choses, ou ce que j’en attends, ont certes un peu changé : ces formations nous permettent à présent surtout de sympathiser avec tous les enseignants du réseau, ce qui n’est pas sans être intéressant.
Le cadre typique de notre institution, de l’IEN [iii] au DASEN [iv], est bien souvent un hybride de conscience politique lointaine (quelques touches de Benoît Hamon diluées dans quelques gouttes d’intersectionnalité floue et de bon ton) et d’aspiration priapique à être feu Steve Jobs – sans rechigner pour cela à l’idoine panoplie : Mac, Applewatch, nesspresso et combo baskets/jupe/costume décravaté. Ces messieurs-dames, comme nous, font de leur mieux avec les moyens dont ils disposent – et un plus ou moins grand talent.
Quelques considérations politiques
J’enseigne dans ce que l’on appelle une « école à points ». Le jeune professeur qui, après une année de stage, y est affecté, doit attendre environ quatre ans pour capitaliser les points nécessaires à sa mutation. Sur 21 classes que compte mon école, donc, 16 professeurs débutent dans le métier – et n’aspirent souvent qu’à une chose : partir. À notre arrivée, il nous faut composer avec les rudiments vus en stages et à l’ESPE [v], et les quelques réalités plus haut mentionnées. La première urgence, attendu le climat général, est d’apprendre à tenir ses élèves. Comprendre : faire en sorte que la classe, en particulier au cycle 3 (CM1, CM2, puis 6e), ne se transforme pas en cage de MMA. La chose arrive chaque année à un malchanceux, et chaque année un collègue est arrêté pour dépression, tandis que dans sa classe se succèdent les remplaçants, qui eux-mêmes finissent par se mettre en arrêt. Nota : les remplaçants sont d’authentiques enseignants, reçus comme tout le monde au CRPE ; je peux, demain, demander ce poste et eux, le mien ; il est donc stupéfiant que chacun persiste encore à les tenir au mieux pour des vacataires ou des étudiants en stage, au pire pour des intermittents du spectacle.
Pour éviter la catastrophe, plusieurs « trucs » : être en très grande forme, physique et mentale (délicat quand arrivent, par exemple, les grossesses, les nouveaux-nés qui pleurent la nuit…), nouer une certaine complicité avec chaque élève, individuellement, ne pas hésiter à taper du poing sur la table, cibler ses réprimandes et, ce qui sans doute est le plus important : préparer ses séances avec une extrême minutie. Plus les choses sont millimétrées, mieux elles se passent. Opère enfin, qu’on contrôle assez peu, un charme, ce plus ou moins grand respect qu’inspire le personnage que l’on présente chaque matin. Là, tout est une affaire hautement personnelle ; arriveriez-vous, comme Monsieur Finkielkraut semble le prescrire, farci de IIIe république et de culture classique, il n’est pas dit qu’on ne vous le fasse pas payer. Le style décontracté, plus cher, faut-il croire, à Monsieur Bégaudeau, peut également vous faire perdre toute considération. C’est un peu sur-mesure.
« Le souhait réel semble être d’instruire le gigantesque bataillon des enfants de France juste ce qu’il convient, dans ses strates les plus basses, pour qu’il sache se rendre où il faut pour acheter et consommer les choses que lui aura dictées son écran. »
Ce cadre posé, ce qui peut prendre des mois, il faut tenter d’avancer. Alors, lentement, on dégrise un peu des aspirations qui nous ont fait passer le CRPE et, lentement, chacun renonce à être Celestin Freinet. On compose. Jongle avec les injonctions contradictoires d’une institution qui rédige des programmes (en CM2, au mois de juin « théorique » : résoudre des problèmes avec des nombres décimaux) et nous somme de nous adapter au rythme de chaque élève (au mois de juin « réel », parfois : compter de 10 en 10).
On ne saurait d’ailleurs, à ce stade, que sourire des componctueuses querelles médiatiques sur ce que devrait être notre métier. Suffit-il de décréter, à droite, que « l’autorité doit être rendue aux maîtres » ? Ou, à gauche, d’entonner les mantras bourdivins ?
Ces quelques notes pour arriver ici : naît l’amère impression – et qui va croissante – d’être, en quelque sorte, la CMU de l’instruction. Tout se passe comme si se dessinait en France un monde éducatif à trois stades : très en haut, un enseignement de pointe, privé, payant, cher. Au milieu, tout juste de quoi former quelques cadres moyens. En dessous : ce sous-sol dont je parle. Avec la cynique ambition, couverte d’un bavardage incessant, d’en finir pour de bon avec toute idée de peuple éclairé. À l’os, équarri des graisses menteuses, le souhait réel semble être d’instruire le gigantesque bataillon des enfants de France juste ce qu’il convient, dans ses strates les plus basses, pour qu’il sache se rendre où il faut pour acheter et consommer les choses que lui aura dictées son écran. Être instruit ce peu qu’il suffit pour allumer les réseaux et leur obéir.
On saupoudrera le tout, dans les strates légèrement supérieurs des quelques savoir-faire nécessaires à ce que la machine tourne et l’on ne dispensera plus, des plus élémentaires dans les filières professionnelles aux plus complexes dans les écoles d’ingénieurs, que des savoirs techniques : des compétences.
Notes :
[i] Centre Médico Psychologique Enfants et Adolescents
[ii] Réseau d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté : dispositif composé d’enseignants spécialisés et de psychologues scolaires intervenant dans les écoles.
[iii] Inspecteur de l’Éducation Nationale : Supérieur direct des professeurs des écoles.
[iv] Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale : cadre supérieur de niveau départemental.
[v] École Supérieure du Professorat et de l’Éducation, renommée en Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) en 2019.
Nos Desserts :
- Au Comptoir nous défendions l’enseignement de la culture « classique » : « L’école contre le divertissement »
- Nous nous sommes aussi demandé, à la suite d’Ivan Illich, si une société sans école était possible ?
- Écouter l’émission Être et avoir consacrée à l’éducation et la transmission des savoirs sur France Culture
- Écouter également le documentaire sur la Place de la République sur France Culture
Catégories :Société
Cet article est d’un réalisme troublant doté d’un style caustique et d’un excellent niveau de culture générale. Bravo et merci.
Dommage que cet article ne fasse pas référence à Freinet que l’on ne veut surtout pas voir venir par delà trop perturbant pour ces programmateurs de conscience que sont les décideurs (ministère) de la pensée unique.
Cet article me refait vivre l’année que j’ai passé en rep +avec une classe de cm2 à 29….
Très douloureux effectivement.
Bon courage à tous.
Ne pas devenir défaitiste
Toujours faire le maximum pour ces enfants qui sans l école vivraient dans une jungle permanente pleine de violence
Moi j y crois toujours
Certains enfants arrivent à s en sortir
D autres moins mais j ´ ose espérer que le peu de souvenirs qu ils auront de leur passage à l école sera positif
Tout ce témoignage est très intéressant, et la situation est sans aucun doute douloureuse à subir au quotidien, mais les attaques en pilote automatique de Finkielkraut ou Zemmour (et aussi de Bégaudeau, tout de même), couplées à l’absence totale du mot « immigration » dans le texte (on note tout de même une irritation dûment contenue quant au sacro-saint « vivre-ensemble »), laissent à penser que rien, absolument rien, même la violence journalière ou les coups réels dans la gueule réelle, ne peut guérir le progressiste moyen de l’Éduc’ nat’ de son incroyable dissonance cognitive. Plutôt mourir que de dire, et de se dire.
1) Zemmour n’est évoqué qu’en tant qu’il s’est un jour prononcé sur les prénoms.
2) Finkielkraut est désigné comme le pendant de Bégaudeau.
3) Croyez- moi si vous voulez, mais il n’y a pas un seul immigré, ou enfant d’immigrés, dans cette classe, située dans un lieu un peu spécifique.
4) Je ne vois pas bien ce qui, ici, vous permet de me qualifier de « progressiste « .
Mais puisque vous parlez de « pilote automatique « , comment appelez-vous cette manie de tout ramener, du prix du gaz au temps qu’il fait, à l’immigration ? Je ne sache pas que les formations de l’Educ Nat soient conçues par des hordes d’immigrés, ni que les Frères musulmans incitent quiconque à faire du Montessori.
Plutôt mourir que de dire n’importe quoi, certes.
Allons, un peu d’honnêteté : Eric Zemmour est tout de même qualifié, sans rapport aucun avec le corps du texte, de «phare de la pensée». Si ce n’est pas de l’ironie, c’est à s’y méprendre. Mais cela a le mérite de bien montrer le bord où penche dans sa grande majorité l’éducation nationale, qui n’a toujours pas compris d’où venaient une bonne partie de ses problèmes. Et qui, pour commencer, devrait être rebaptisée «instruction nationale».
Éric Zemmour essuie en effet une boutade (qui n’est du reste pas de mon fait, mais ajoutée, mais peu importe), en sa qualité d’homme de spectacle, d’amuseur, pour ne pas dire d’animateur, dont les propos sont pris très au sérieux, à gauche comme à droite.
Je ne vois pas en quoi cela « montre bien » où « penche » l’EN.
Si vous y tenez, il est en revanche très « gauchiste « , très antifa, même, de voir partout la marque du camps d’en face, dont on désignera à la louche les ressortissants pour mieux les disqualifier, de préférence sans les entendre.
Mais puisque vous affirmez comprendre d’où viennent « une bonne partie des problèmes » de l’EN, je brûle d’en savoir plus.
Merci de témoignage courageux, ancré dans le réel, mais consternant. C’est donc à ce point…
Pour les formations imprégnées de pédagogisme façon IUFM, à mille lieues des réalités, et dont on sort aussi démuni qu’on y est entré, je ne suis pas surpris : j’ai passé mon BAFA dans les années 70, et j’ai fait un stage AFPA de formateur début 2000, c’était pareil. Lavage de cerveau gauchisant et mépris absolu de toute application concrète. J’ai appris plus en une semaine de management en entreprise qu’en 6 mois d’Afpa !
Par contre je regrette comme d’autres que vous n’évoquiez jamais l’immigration non européenne comme cause fortement aggravante.
« Croyez- moi si vous voulez, mais il n’y a pas un seul immigré, ou enfant d’immigrés, dans cette classe ».
Pourtant vous placez en tête des 5 catégories les prénoms musulmans… Il y aurait tant de convertis ?
J’ai grandi à Sarcelles, dans les années 60/70. J’y ai suivi le cursus jusqu’à la terminale, soit 13 années, 400 semaines, 2000 jours : pas une fois je n’ai asssisté à un des faits que vous décrivez. Pas la moindre bagarre, ni insulte envers un enseignant, ni jet de quoi que ce soit, ni même colère d’un élève. Ca paraît incroyable, n’est ce pas ? Et qu’on ne me dise pas que Sarcelles, la « ville-dortoir » était une banlieue favorisée !
Maintenant demandez l’avis de vos collègues qui y enseignent aujourd’hui, puis comparez les photos de classe et… les prénoms – oui, désolé. Ca se passera de commentaire.
Merci de m’avoir lu.
Merci pour votre témoignage:éprouvant mais vous restituez bien le climat, y compris celui de ces formations au rabais, quel manque de créativité ! il y aurait beaucoup à faire mais à 25 !
Par ailleurs, je pense que ces enfants sont trop minés par l’équation familiale et sociale pour être disponible à un véritable enseignement, j’ai une amie, thérapeute qui reçoit des enfants perturbés que lui adresse l’école et elle réalise tout un travail sur les origines des parents, voire des grands parents par ex. venus en France après une guerre: on n’a pas idée combien ces événements pèsent sur les générations et elle remonte alors, à l’aide de cartes géographiques, (si possible avec les parents et grand-parents) au trauma insensé de la guerre et de l’exil évoqué pour la 1° fois et qui pesait tant sur l’enfant!
Connaissez-vous le film Swagger réalisé par Olivier Babinet avec Aïssatou Dia, Mariyama Diallo qui nous transporte dans la tête de onze enfants et adolescents, tous singuliers.