Société

Une lecture clitoridienne de la finance

« La finance est à l’économie ce que le clitoris est au sexe féminin, un organe dédié exclusivement au plaisir… ». Ni vulgaire, ni à charge, cet article s’interroge sur la clito-finance, une thèse qui séduit de plus en plus de membres.

La finance est un domaine très sérieux de la recherche académique. Elle a toujours mobilisé d’importants bataillons de gens qui pensent. Hélas, plus d’un siècle de théories et modèles n’aura pas percé le mystère, tout juste levé un coin du voile. Le tribunal de l’expérience livre un constat amer : à quoi sert la finance ?

Qu’elle se console, la finance n’est pas la seule dans ce cas de figure. Le clitoris aussi égara les anatomistes durant bien des années. La faute à un certain anthropomorphisme de type masculin qui incita le chercheur à considérer le clitoris comme une verge à l’envers, bi – tâches donc : urinaire et sexuel. Sauf que depuis quelques années maintenant, la recherche a enfin dévoilé la vraie fonction du clitoris : le plaisir, exclusivement. Un plaisir pouvant culminer jusqu’à l’orgasme, si les conditions s’y prêtent.

Et c’est là que les choses deviennent très troublantes. La finance aussi n’aurait pas le rôle que la théorie lui prête. La finance aussi serait dédiée exclusivement au plaisir. Et enfin la finance aussi serait capable de produire des orgasmes… Finance et clitoris, même combat ? Du plaisir et rien que du plaisir…  Cet article n’est pas si débile qu’il en l’air. Les trois points suivants vont tenter de lui donner quelques lettres de noblesse en éclairant le métaphorisme introductif : « La finance est à l’économie ce que le clitoris est à au sexe féminin, un organe dédié exclusivement au plaisir… »

Les Freuds de la finance

La finance aussi a eu ses Freuds à elle. Des hérésiarques convaincus que l’investisseur en proie aux fantasmes devait forcément être malade ( le débat Shiller vs Fama pour les anachorètes de la finance), et qu’il fallait donc intervenir afin de ramener la bête à la raison. Car l’investisseur est un animal rationnel qui pondère ses décisions en fonction des conséquences possibles. Cela donne des prix d’actifs omniscients sachant tout ce qu’il faut savoir sur le sexe des anges : « Toute l’information nécessaire et suffisante est déjà contenue dans les prix », nulle place pour la déraison. Et si les prix varient ? No problemo. Ces variations des prix doivent alors obéir à une forme d’isomorphisme à la Poincaré (Berthoz, page 7)  : cela signifie que la « distance » qui sépare le PIB d’aujourd’hui du PIB d’hier doit se retrouver dans la « distance » qui sépare le prix de marché d’aujourd’hui du prix d’hier, modulo la complaisance ou l’aversion pour le risque de l’investisseur. Voilà pour la théorie. Pour la pratique, on repassera. Car l’investisseur n’est pas aussi rationnel qu’il en a l’air, lui aussi est capable de simuler.

Les économistes Robert Shiller et Eugene Fama

L’investisseur n’aime pas les préliminaires

Acheter ou vendre, intensément, telle est l’ambition première. La contrainte du geste pondéré et éclairé est plutôt secondaire, voire inexistante en finance de marché. Il s’agit juste d’y aller franco, plus vite et plus fort que l’autre. L’investisseur n’est pas du genre à se soucier du plaisir de ses partenaires. Le sien lui suffit, celui des autres est accessoire. Plaisir solitaire donc, un genre d’onanisme de la finance.

Au fait, saviez-vous qu’onanisme est aussi un anagramme de monnaies ? Troublant. Mais l’onanisme n’a jamais eu très bonne presse, surtout celui des femmes. Ainsi de telles pratiques eurent parfois des conséquences dramatiques, même en Occident, même passé le siècle des Lumières. La masturbation féminine jugée excessive pouvait être interprétée comme un terrain favorable à l’hystérie. Il fallait donc intervenir… On n’en est pas là en finance, certes. Les sanctions appliquées à l’investisseur exubérant n’existent pas ou peu. Le seul risque est qu’il perde de l’argent, ou plutôt l’argent de son client. 

Zones érogènes

La finance a aussi ses zones érogènes. C’est lorsque la Banque Centrale propose des politiques monétaires ultra-accommodantes afin de produire les conditions favorables à l’expression du bien être chez l’Homo economicus. Prolongez le geste, et vous produisez alors une forme d’exubérance des marchés qui deviennent impossible à raisonner. « De la mesure en toute chose » comme dit l’Horace, la politique monétaire devra veiller à ne pas trop en faire. Il faut savoir doser, faire preuve de doigté donc. Au risque de provoquer l’orgasme… En finance on appelle ça la bulle.

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