En rentrant du boulot, je monte, comme d’habitude, dans mon bus bondé. « Pour faciliter la montée des passagers, veuillez avancer vers le fond du bus », déclame la pratique boîte vocale enclenchée par un simple bouton à l’avant. Une femme entre : « Ça servira au moins à ça la COP21, on a la gratuité des transports pendant deux jours ! » Rires du chauffeur. « Tout ce bordel juste pour se partager des droits à polluer… » Apparemment, personne n’est dupe.
Non, personne n’est dupe : la COP21 ne débouchera pas sur une prise de conscience sérieuse de nos élus, ni sur un changement de paradigme politique. À coup sûr, elle ne permettra pas non plus de remplir l’objectif que les grands de ce monde se sont eux-mêmes fixés, à savoir la limitation du réchauffement climatique à deux degrés d’ici une centaine d’années. Pourquoi, d’ailleurs, ce choix arbitraire d’un objectif chiffré aussi précis et catégorique ? Cette volonté traduit une certaine vision du monde limitée à une injonction comptable, mathématique : rien ne vaut la peine d’être fait sans résultat, et donc sans prévision chiffrée.
Même les journalistes des grands médias – d’ordinaire plutôt solidaires des “combats” de notre élite éclairée – font la moue. Certes, on parle dans les journaux, à la radio ou sur internet du grand “rassemblement pour le climat”, mais sans se faire d’illusions : « la question de savoir si ces conférences permettront un changement réel est une autre histoire », peut-on entendre ici ou là, de la part de ceux qui présentent volontiers la COP21 comme une sorte de festival de Cannes du greenwashing.
« La COP21 est une chimère ridicule précisément parce que c’est un événement à ambition mondiale sponsorisé par certains des plus gros pollueurs de la planète, qui regroupe la cohorte de chefs d’États employée par ces mêmes sponsors pour protéger leurs intérêts. »
On peut donc s’entendre sur une affirmation : tout le monde a entendu parler de la fameuse Conférences des parties numéro 21, mais personne n’y croit, et surtout pas la frange de la population française qui agit réellement pour que l’écologie redevienne une question politique centrale. La COP21 est une chimère ridicule précisément parce que c’est un événement à ambition mondiale sponsorisé par certains des plus gros pollueurs de la planète – EDF, Carrefour, L’Oréal, etc. – qui regroupe la cohorte de chefs d’États employée par ces mêmes sponsors pour protéger leurs intérêts.
Une bonne occasion pour se rendre compte, s’il en était besoin, que les chefs d’États ne se donnent plus le droit d’être libres de grand chose. Ou plutôt, si. Ils sont libres de permettre le développement du capitalisme et de ce que l’on appelle la mondialisation avec plus ou moins de vigueur, en dosant l’écrasement des peuples selon leur propre empressement. Aujourd’hui, du moins en Europe, un chef d’État n’a pas d’autre choix que de continuer à libéraliser son pays – c’est, du moins, ce qu’il essaie de nous faire croire à chaque nouveau mandat. Aucun contre-modèle n’est admis. Pour que la pilule passe mieux, le chef d’État peut prendre son temps s’il veut – et être plus facilement élu. L’agenda des financiers n’a pas de date d’expiration. Sans être trop violentés, on finit par se dire soi-même : « Mais ça fait déjà longtemps que le monde va ainsi. On ne peut plus revenir en arrière. »
Avant d’écrire ce papier, partout autour de moi, j’entendais des commentaires qui me poussaient à ne pas le faire. « Y a des choses plus urgentes, la France est en guerre. » Moi aussi, je suis encore sous le choc de l’actualité récente, et j’ai même parfois honte de cet esprit critique qui revient toujours au galop. « Quand même, on ne va pas commencer à critiquer la COP21, l’écologie, c’est important, c’est un événement qui est positif ! » Je suis d’accord, penser l’écologie est primordial aujourd’hui, et c’est spécifiquement pour cette raison que le sujet mérite d’être mieux traité que par une armada de nantis motivés avant tout pour parfaire leur image.
J’observe une forme de raillerie populaire, un esprit frondeur dans les rues, les transports, les cafés, un genre de « on ne me la fait pas » qui traduit le discrédit total dont est victime notre monde politique, ainsi qu’un ras-le-bol généralisé. J’aime bien explorer les intuitions : c’est ce qui me conduit à y ajouter des mots.
Total arnaque
Il y a quelques jours, je me promenais au musée du Louvre, quand je me suis retrouvé dans la galerie d’Apollon, chef d’œuvre du classicisme français dont les murs sont parés d’or et de tableaux immenses. En ressortant, j’ai aperçu, à gauche de l’entrée, une plaque en marbre qui portait cette inscription : « La galerie d’Apollon a été restaurée grâce au mécénat de Total. » Incrustée dans le luxe du lieu, comme si elle devenait à son tour une pièce du musée. Eh oui, les rois du pétroles peuvent aussi être des esthètes : du moins, ils peuvent se le permettre.
Un rapide tour sur le site web de la Fondation Total m’a permis de constater que le géant de l’énergie se donne, au quotidien, du mal pour être (omni)présent partout ou l’on ne l’attend pas, allant jusqu’à s’accaparer des missions qui devraient être du ressort des puissances publiques : « nous favorisons l’insertion des jeunes », « nous contribuons au dialogue des cultures », « nous préservons la biodiversité marine [sic] »… Ils sont très occupés chez Total, on se demande même où ils trouvent encore de l’énergie pour pomper du pétrole. Alors ? Bienfaiteurs de l’humanité ? Pourquoi une entreprise si énorme, présente dans 130 pays, a tant besoin d’étaler ainsi ses largesses ? Mais pour se racheter une image, pardi : n’oublions pas que Total fait partie des 15 plus gros pollueurs de la planète, rejetant même, par son activité mondiale, plus de gaz à effet de serre que certains pays à eux seuls. Malheureux exemple parmi tant d’autres, personne n’a oublié l’explosion de l’usine AZF, suivi des déclarations scandaleuses de Thierry Desmarest, alors PDG du groupe. Total a donc tout intérêt à financer des “actions qui vont dans le bon sens”, pour apparaître comme la généreuse entreprise qu’elle n’est pas.
« L’Oréal, Axa, Carrefour et consorts tentent de repeindre le capitalisme en vert pour qu’il puisse continuer sa route envers et contre tout. »
Vous devez vous dire « Rien à voir avec la COP21, tout cela ». Vous auriez tort. Total, empoisonneur mondial connu et reconnu, participe à l’“agenda des solutions” qui viendra compléter le potentiel “accord sur le climat” négocié à la COP21. À cette ignominie s’ajoute la présence sous forme de sponsors d’un grand nombre d’entreprises polluantes qui tâchent – en vain – de “verdir” leur image et d’apparaître comme des bienfaiteurs de l’humanité. Ce procédé a un nom : il s’appelle l’écoblanchiment (ou greenwashing), technique marketing extrêmement perverse dont le but est d’utiliser les bons sentiments pour se faire de la publicité. L’Oréal, Axa, Carrefour et consorts tentent de repeindre le capitalisme en vert pour qu’il puisse continuer sa route envers et contre tout. Une ultime tentative de “moralisation” de la part des multinationales, pour faire entrer dans les esprits l’idée d’une mondialisation heureuse, “qui va (enfin) dans le bon sens”.
Développement ? Du rab !
Ainsi, la COP21 sera surtout consacrée à brasser du vent, à remuer des évidences, à prévoir d’agir mais pas trop. En plus des petites manœuvres des gros entrepreneurs d’ici et d’ailleurs, qu’est-ce qui est au programme de la conférence mondiale sur le climat ? Il s’agit quand même pour plus de 130 chefs d’États de se mettre d’accord sur des décisions qui doivent avoir un impact réel sur la limitation du réchauffement climatique. Le programme, un peu fouillis, annonce pêle-mêle des conférences sur le “développement durable”, la “croissance verte”, des concerts, des expositions, des installations… En apparence, beaucoup de festivisme, de néons et de cotillons en perspective, pour peu de concret. Aucune information sur la tenue des négociations à proprement parler. En se baladant sur Twitter, on peut cliquer sur le hashtag #COP21 et éventuellement se retrouver face aux liens postés par Ségolène Royal, ministre de l’écologie et du fameux “développement durable”. Dont son agenda. Mazette, y a du boulot pour la ministre ces prochains jours ! Outre un « Grand Rendez-vous Europe 1 – I Télé – Le Monde », un « entretien avec M. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies », elle va se fader tout un tas de conférences, d’inaugurations, de remises de prix… et de « dîners de travail ». Dans tout ça, je me demande quand est-ce qu’elle aura le temps, humainement, de réfléchir à l’avenir de la planète et à celui du genre humain. C’est vrai quoi, un ministre, ça reste un être humain : moi, si on me demande de tenir un tel agenda ET de trouver des solutions contre le réchauffement climatique, pas sûr que je tiendrais la deadline.
« Le rassemblement apparait surtout comme une bonne occasion pour s’acoquiner avec de nouveaux amis, industriels, politiques, médias. »
Si tous les autres participants de la COP21 disposent d’un tel emploi du temps, il est évident que ceux-ci n’auront pas le temps non plus pour trouver des solutions pour un monde meilleur. Ceci me pousse à dire que cet objectif n’est pas le but premier de la conference of the parties. Le rassemblement apparait surtout comme une bonne occasion pour s’acoquiner avec de nouveaux amis, industriels, politiques, médias. Une fois de plus, nous n’en verrons que des annonces, des mots, jolis parfois, sans doute, mais rien de révolutionnaire.
L’événement aura sans doute le mérite d’éveiller les consciences, de poser des questions, d’amorcer un débat. Mais la COP21 en tant que telle se tiendra à huis-clos entre grands de ce monde, politiques, industriels et médias, qui n’ont de toute façon absolument aucun intérêt à ce que l’écologie devienne une donnée politique centrale. Cela reviendrait à limiter l’extension du capitalisme, et la COP21 n’entend absolument pas penser le schmilblick en d’autres termes que ceux du capital. « L’écologie, oui, mais avec la croissance », tel est son credo. La rhétorique bien connue du développement durable ne signifie pas autre chose : « On veut continuer à produire toujours plus, toujours moins cher, mais la pollution, c’est mal, et c’est pas de notre faute ! » Le lundi 30 novembre, l’une des premières conférences avait d’ailleurs pour objet d’inciter le continent africain à engager la « transition énergétique pour une croissance verte »… Alors que rien de tout cela n’a encore été engagé chez nous ! Il est toujours bon de se méfier de ceux qui se proposent d’apporter au monde une solution qu’ils n’envisageraient pas d’appliquer chez eux.
L’écologie comme paravent : histoire d’une imposture
Les discours semblent écrits comme si le mot “écologie” était auto-réalisateur. Comme s’il suffisait de le prononcer pour qu’instantanément, l’incantation fasse effet. Misère de la communication contemporaine, mais pas seulement : depuis son apparition dans la sphère politique française, au milieu des années 70, l’écologie est un concept qui a été vidé de son sens. La préoccupation environnementale, dans l’histoire de l’humanité, n’est pourtant pas nouvelle. En forçant le trait, on pourrait faire remonter la prise de conscience de l’immense diversité environnementale par l’Occident aux grandes découvertes maritimes (XVe-XVIIIe siècles). Les racines intellectuelles du concept d’écologie adviennent cependant plus tard. Les littéraires aiment citer le nom de Henry David Thoreau (1817-1862) et le présenter comme le précurseur de la pensée écologiste. Ils n’ont pas tout à fait tort, mais les concepts de biosphère, d’écosystème, sont créés au XXe siècle, et sont issus du monde scientifique.
En France, c’est René Dumont qui, le premier, introduit l’écologie dans le débat politique. Intellectuel anticapitaliste et anti-productiviste, il se présente à l’élection présidentielle de 1974 en tant que candidat-témoin, portant ses idées au plus haut. Membre fondateur d’Attac, il est aussi l’inspirateur de partis politiques tels que “Les Verts”. En parallèle, d’autres courants de pensée existent, comme celui de la décroissance, plus subversif et conservateur, représenté en France notamment par Serge Latouche ou l’équipe du bien-nommé mensuel La Décroissance.
Quarante ans après l’essai de René Dumont, l’écologie politique en France est en miettes. Les partis s’en réclamant ne prônent plus un changement de société radical, et participent tous au maintien et à l’expansion de l’idéologie dominante qu’est le libéralisme. En tête de pont, le parti Europe Écologie-Les Verts, coalition de libéraux au vernis écolo, s’emploie depuis sa création à détruire la crédibilité et le sérieux qui devraient caractériser la question environnementale. Cette tendance, qui ne remet pas en question le capitalisme, est celle qui triomphe actuellement à la COP21. Dénaturée, broyée par le Talon de Fer, l’écologie est ainsi devenue une manière de plus pour les politiciens et grands patrons de protéger leurs intérêts économiques et stratégiques. Lorsque ces derniers déclament leurs bonnes intentions, il est donc permis de douter.
« Les partis se réclamant de l’écologie ne prônent plus un changement de société radical, et participent tous au maintien et à l’expansion de l’idéologie dominante qu’est le libéralisme. »
Au moment même ou la question environnementale est sur toutes les ondes, le gouvernement français se montre d’ailleurs très éloquent quand il entreprend, sous couvert d’état d’urgence, de lancer une traque aux militants zadistes et alternatifs qui représentent, quant à eux, les véritables idéaux écologistes dont notre monde aurait besoin. Le retour des tomates tueuses sans George Clooney, voilà l’idée que nos “représentants” essayent d’imprimer dans les cerveaux lorsqu’ils comparent des producteurs “hors-circuit” à des terroristes. Tout cela, bien évidemment, avec l’approbation de l’ex-EELV Jean-Vincent Placé, qui ne trouve rien à redire au fait que ces personnes soient en ce moment assignées à résidence.
Des solutions entre sobriété heureuse et démondialisation
La COP21 est une conférence de la mauvaise foi. Si l’on souhaite vraiment se préoccuper de la question environnementale, des solutions existent, mais celles-ci sont proscrites, rayées de l’agenda libéral. L’idéologie libérale voudrait nous faire croire au There Is No Alternative d’un monde globalisé, productiviste et ouvert aux quatre vents. En réalité, les chefs d’États et les grands industriels ont peur que certaines grandes idées reprennent place au centre des débats et viennent limiter leur désir d’expansion. Ils sont effrayés, par exemple, par le mot “décroissance”, qu’ils aiment caricaturer comme un retour à l’âge de pierre, à la bougie. Pour sûr qu’on n’en entendra pas parler cette semaine, sauf peut-être au détour d’une phrase railleuse d’un ou deux oligarques.
« Le mouvement décroissant, qui incite à penser autrement le concept de Progrès, s’oppose à la destruction du monde programmée par l’Homme, et entend redonner à ce dernier une place plus modeste dans la nature. »
Si nous voulons réellement préserver notre environnement et éviter l’extinction de l’humanité, nous avons besoin d’une société qui décroît. Nous devons accepter l’idée que nos vies seraient possiblement meilleures si elles étaient relocalisées, si leurs épicentres n’étaient pas le pouvoir d’achat et la consommation, si nous adoptions un mode de vie plus sobre, éloigné de l’injonction au “toujours plus”. Le mouvement décroissant, qui incite à penser autrement le concept de Progrès, s’oppose à la destruction du monde programmée par l’Homme, et entend redonner à ce dernier une place plus modeste dans la nature. À l’heure où les ressources naturelles de la Terre n’ont plus le temps de se reconstituer parce qu’elles sont incessamment pillées, il paraît logique de pointer, avant tout, la responsabilité des artisans de la mondialisation dans la destruction environnementale.
Bien sûr, une société décroissante ne saurait advenir en un seul jour. Mais l’idée fait son chemin, notamment chez des penseurs comme Paul Ariès, qui prône un socialisme “gourmand” et fait l’éloge du “bien-vivre” : une forme de socialisme épicurien, une société où les hommes auraient la capacité de tirer parti des plaisirs les plus minuscules, sans rechercher la démesure à tout prix.
Plus pragmatiquement, et en attendant des jours meilleurs, il semble urgent, à la fois pour des questions écologiques et sociales, de ressortir du placard une vieille arme politique dont on n’ose aujourd’hui plus se servir : le protectionnisme. Là encore, cris d’orfraies de nos têtes couronnées et des grands patrons qui voudraient nous faire croire que contrôler et taxer davantage les marchandises aux frontières, c’est facho. Non, ça ne l’est pas : avant que le Front National ne récupère l’idée dans ses discours, le protectionnisme était un concept éminemment de gauche, gauche qui l’a, entre-temps, abandonné, le laissant en pâture au FN. À ceux parmi vous qui seraient sceptiques, jetez-vous sur « Leur grande trouille – Journal de mes pulsions protectionnistes », l’excellent ouvrage du journaliste François Ruffin.
C’est simple comme bonjour, pourtant. Mais fabriquer à nouveau des frontières économiques, ça fait très peur aux riches et puissants, à ceux que ça empêcherait de commercer n’importe comment et sans limites, et à ceux que ça pourrait obliger à débloquer des crédits pour favoriser l’émergence d’une économie démondialisée. Ils ne pourraient alors plus mettre les peuples en concurrence les uns contre les autres dans une logique perpétuelle de baisse des coûts.
Qui dit démondialisation dit davantage de production locale, des circuits économiques plus courts, donc moins de pollution, un effacement progressif des monopoles mondiaux en France… et, bien sûr, des recettes fiscales supplémentaires pour l’État et une réduction du chômage. Si ça, c’est facho, je veux bien bouffer l’intégralité de ma bibliothèque.
La dame du bus, et pas mal d’autres qui pensent comme elle, ont donc raison : on se moque de nous avec cette COP21, ce regroupement de personnes issues d’une seule et même classe sociale, celle qui prend l’avion de façon hebdomadaire ; celle qui choisit d’appliquer une politique de l’offre plutôt qu’une politique de la demande ; celle qui dénonce le réchauffement climatique tout en y participant ; celle qui prend toutes les décisions à notre place depuis trop longtemps.
Comme le dit le vieil adage, on a raison de penser ce qu’on pense lorsque l’on voit ce que l’on voit et que l’on entend ce que l’on entend. Cet esprit frondeur doit rester intact, malgré les dures épreuves que traversent notre pays aujourd’hui. Tant en ce qui concerne l’écologie qu’au niveau du reste car de l’économie au social, tout est lié. Ce sont les mêmes mains – organisées, habiles, retorses – qui tiennent toutes les manettes. Ces mains là – gantées, diamantées, manucurées – nous ne pouvons nous permettre la naïveté d’en attendre un véritable progrès.
Nos Desserts :
- Pour se faire une idée générale de la COP21, en quelques questions/réponses.
- « Employeurs et salariés, riches et pauvres, tous unis pour la transition ? » se demande Maxime Combes dans son dernier livre. Extraits à découvrir sur Bastamag.
- « Prolos et écolos, entendez-vous !« , une tribune écrite par François Ruffin, à lire sur Reporterre.
- Malgré ses réticences, Naomi Klein, journaliste et militante canadienne, participe tout de même à la COP21. Elle explique pourquoi ici.
- Lors de son allocution à la COP21, Evo Morales, actuel président bolivien, a porté haut une critique musclée du capitalisme, qui n’a sans doute pas ravi ses pairs.
- À lire sur Le Comptoir, une interview du décroissant Serge Latouche.
- Le site web du mensuel La Décroissance.
Catégories :Politique
Voilà encore un article d’une grande qualité sur le Comptoir. Bravo.
Je souscris tout à fait à cette critique de la farce COP21 : les tartuffes habituels du « greenwashing » se réunissent pour brasser du vent, se donner bonne conscience et s’acheter une meilleure image à moindre coût. Le copinage est insupportable entre multinationales, rentiers cow-boys de la finance et politiciens vendus qui trahissent les peuples qu’ils sont censés représenter. Cela est bien souligné dans ce billet mais il faut, me semble-t-il, ajouter les fausses promesses prométhéennes des technobéats convaincus que la technoscience nous sauvera de ce dont la technoscience est en grande partie responsable. Que la science doive participer à la résolution de notre situation catastrophique, c’est certain. Mais elle ne doit pas servir de faux-nez aux complexes indistrialio-financiers ni aux gourous qui prophétisent le dépassement merveilleux de l’humain par la technique (je me permets de renvoyer à https://cincivox.wordpress.com/2015/04/27/ecologie-entre-tartuffes-et-idiots-utiles/ ).
Je suis un peu moins enthousiaste au sujet de la décroissance. Je reconnais que ses penseurs ont l’immense mérite de rappeler qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies est une supercherie suicidaire. Toutefois, leurs discours sont trop souvent porteurs d’une haine implicite de l’humain et de la civilisation qui peut confiner à l’antihumanisme. Le continuum est large et les nuances nombreuses, je le sais, des décroissants aux adeptes de la « deep ecology ». Pourtant, je ne peux cautionner la culpabilisation complète de l’homme au service d’un idéal de sa disparition. Pour le dire brutalement, je refuse de mettre dans le même sac Monsanto et Michel-Ange.
Entre folie libérale et eschatologie décroissantiste, une troisième option est possible, qui ne cède rien sur le rationalisme ni sur l’éthique (je me permets encore de renvoyer à des versions plus approfondies de ces réflexions : https://cincivox.wordpress.com/2015/05/04/ecologie-de-lapocalypse-a-la-pensee-magique/ et https://cincivox.wordpress.com/2015/05/11/ecologie-pour-une-reponse-republicaine/ ).
Cincinnatus
https://cincivox.wordpress.com