Le Comptoir : Les partisans du revenu de base avancent souvent qu’il peut contribuer à renverser le rapport de force travail/capital en faveur des travailleurs. Disposant d’un minimum garanti pour la subsistance, les citoyens seraient moins enclins à être employés pour des tâches ingrates et sous-payées. Surtout, le revenu de base les doterait d’un pouvoir de négociation renforcé face au patronat. Est-ce si sûr ?
David Cayla : L’argument touche juste. L’un des problèmes fondamentaux de notre système socio-économique actuel est justement qu’il génère des inégalités extrêmement violentes. Sous couvert de généraliser les mécanismes d’un marché réputé neutre et efficace, le capitalisme concurrentiel produit des gagnants et des perdants. On constate actuellement ses effets dans l’agriculture. La déréglementation des marchés agricoles a entrainé l’effondrement des prix à un niveau où ils ne couvrent parfois même pas les coûts de production. C’est le cas également dans l’emploi. Le chômage de masse pousse de nombreuses personnes à accepter des boulots mal payés, mal considérés et physiquement très durs, comme dans la restauration par exemple.
Le revenu de base permettrait-il de résoudre ce problème ? Imaginons l’hypothèse la plus favorable. Un revenu de base, inconditionnel, suffisant pour vivre décemment est versé à l’ensemble de la population. Immédiatement, de nombreuses personnes qui occupent un emploi pénible démissionnent et se mettent en quête d’un meilleur emploi. Les serveurs dans les restaurants, les agents de propreté, les vigiles, les commis de cuisine, les ouvriers en usine, les déménageurs, les livreurs de pizzas, les employés de restauration rapide, les guichetiers sur les autoroutes, les conducteurs de poids lourds, les aides à domicile, les manutentionnaires… obtiennent immédiatement la possibilité soit de quitter leur travail, soit de travailler moins et d’être payés davantage. Dans tous les cas, cela fait beaucoup de monde. La majorité des emplois. Qui va-t-on alors trouver pour accomplir ces tâches indispensables ?
« Notre système social paraît complexe, mais il permet de donner “à chacun selon ses besoins” en reconnaissant le fait que nous n’avons pas les mêmes besoins car nous ne vivons pas les mêmes situations. »
Une réduction massive du temps de travail dans ces métiers accompagnée d’une hausse de salaires impliquerait mécaniquement une hausse très forte des prix de ces services… ou leur disparition de notre économie. Mais sommes-nous prêts à voir disparaître les terrasses en centre-ville ? Acceptons-nous que le ménage dans les bureaux soient faits par les ingénieurs, ou dans les classes par les profs ? Et qui s’occuperait de nettoyer les rues ?
Je veux dire, notre économie repose largement sur des emplois pénibles, et je vois mal comment nous pourrions nous en passer pour l’instant. Dès lors qu’il faut des gens pour accomplir ces tâches, il faut un système contraignant. Libérez totalement la contrainte, et plus rien ne fonctionne. Réduisez fortement la production de ces services et leur prix explose. Ils ne deviennent accessibles qu’à une minorité. Du coup, le pouvoir d’achat du revenu de base s’effondre. On n’en sort pas ! Les serveurs en terrasse sont comme tout le monde : ils aiment des rues propres, être livrés lorsqu’ils commandent sur Internet, et qu’il y ait des agents de sécurité dans les grandes surfaces. Alors si leur revenu de base ne leur permet pas d’accéder à ces services, ils devront trouver un emploi complémentaire et nous en reviendrons au point de départ.
Libérer la contrainte pour être libre de se consacrer à des activités plus utiles mais moins rémunératrices, c’est pourtant une promesse du revenu de base…
Le travail est indispensable à notre société et à notre bonheur. C’est lui qui produit les richesses que nous consommons. La très grande majorité des emplois qui servent à accomplir ce travail correspond à des tâches rébarbatives et pénibles. Vouloir rendre ces tâches facultatives risque de détruire notre capacité collective à produire les richesses nécessaires à notre survie. Nous ne sommes pas libres. Nous avons besoin qu’une grande partie de la population consacre une part importante de son temps à la production de richesses. Une infime minorité de cette population a la chance de produire des richesses en occupant un emploi passionnant. Mais la majorité des tâches nécessaires au bon fonctionnement de notre société sont ingrates et doivent être considérées comme contraignantes.

Paru en 1977, ce livre développait une utopie de société décroissante où l’on partagerait le temps de travail “incompressible”, tout en étant libre de ses autres activités.
Cette contrainte, une fois acceptée, n’est pas nécessairement un drame social. D’abord parce que même les métiers les plus pénibles n’occupent jamais qu’une part minoritaire de la vie d’une personne. Les carrières évoluent. Il y a la retraite, les congés payés, la durée légale du travail, le droit social. En fait, beaucoup de droits sociaux – dont la plupart ont été conquis dans les luttes sociales – font que les métiers sont moins pénibles aujourd’hui qu’ils ont pu l’être au XIXe siècle.
Fondamentalement, je crois que les partisans du revenu de base se trompent de diagnostic. Une allocation universelle ne rendra pas moins nécessaires les métiers pénibles. Il faudra toujours des gens pour accomplir ces tâches essentielles. Selon moi, la meilleure solution pour inverser le rapport de force entre dominants et dominés n’est donc pas de distribuer une allocation monétaire à tout le monde, allocation qui, par construction, risque surtout d’être dévaluée et de ne pas permettre d’accéder à de nombreux services essentiels, mais de protéger les salariés qui occupent des emplois pénibles et qui, en quelque sorte, se sacrifient pour que d’autres (et eux-mêmes) vivent. Cela implique, bien sûr, de diminuer le temps de travail, notamment en avançant l’âge de la retraite, d’améliorer les conditions de travail, de mécaniser autant que possible les tâches les plus ingrates et pour cela, d’augmenter les salaires les plus faibles. En somme, il faut revoir profondément la logique du marché qui ne m’apparaît être ni neutre ni efficace. Distribuer une allocation universelle sans corriger les mécanismes du marché risque surtout de ne pas changer grand-chose aux rapports de force qui déterminent in fine gagnants et perdants.
Plus généralement, pensez-vous que cette allocation universelle soit un outil de justice sociale et un moyen de lutte efficace contre les inégalités ? En mettant en place un revenu de base, la France deviendrait-elle nécessairement plus égalitaire ?
Les inégalités sont de deux sortes. Il y a d’abord les inégalités endogènes au système économique. Ce sont celles que Piketty dénonce. La propriété privée du capital, son accumulation entre quelques mains, entraîne une hausse mécanique des inégalités. Plus le capital est important, plus les revenus de ce capital sont élevés, et plus le capital s’accumule rapidement. Cette logique contribue à construire un monde où quelques personnes qui disposent d’un important capital (le plus souvent hérité) deviennent toujours plus riches toujours plus rapidement, faisant exploser les inégalités.
« Donner une allocation monétaire, si cela se fait au détriment des services publics et de la sphère non marchande, risquerait au contraire d’augmenter les inégalités. »
Face à ces inégalités endogènes, il y a essentiellement trois réponses possibles. Premièrement, la fiscalité et notamment celle du patrimoine : c’est la solution privilégiée par Piketty. Deuxièmement, le développement du capital public ou collectif. Et enfin, la production de richesses non marchandes, par exemple les services publics. L’État est donc l’agent le mieux à même de lutter contre ces inégalités en régulant le capitalisme et en faisant sortir du marché une partie de la production de richesses.
De mon point de vue, le revenu de base ne serait pas un outil efficace pour corriger ces inégalités. En effet, par définition, le revenu de base ne se préoccupe pas de la manière dont la richesse est produite (capital public ou capital privé) et ne peut servir à acheter que dans la sphère marchande. Or, c’est précisément le développement de la richesse non marchande (celle que l’on n’achète pas) qui permet le plus efficacement de lutter contre les inégalités. Ainsi, l’INSEE a calculé que près de la moitié de la consommation effective des ménages les plus pauvres (les 20% les plus pauvres en revenu) est le produit d’une richesse non marchande : éducation, santé, culture… Cela signifie que pour ces ménages, près de la moitié de la richesse consommée n’est pas achetée. Donner une allocation monétaire, si cela se fait au détriment des services publics et de la sphère non marchande, risquerait donc au contraire d’augmenter les inégalités qui sont produites par notre système économique !
Les autres sortes d’inégalités sont les inégalités individuelles. Les situations familiales et personnelles sont différentes. Les familles nombreuses n’ont pas les mêmes besoins que les couples sans enfants ; les handicapées n’ont pas les mêmes besoins que les personnes valides ; les personnes âgées, les enfants, les adultes actifs n’ont pas non plus les mêmes besoins. Notre système social tente de corriger ces inégalités en allouant des allocations spécifiques aux différentes catégories de population. Le minimum vieillesse est plus élevé que le RSA, les étudiants peuvent avoir le droit à des bourses ou à des chambres étudiantes s’ils vivent loin de leur université, les familles nombreuses bénéficient d’allocations spécifiques dont sont exclus les couples sans enfants. Il existe des aides aux logements pour les foyers modestes, des aides spécifiques pour les handicapés…
Ce système social paraît complexe, mais il permet de donner “à chacun selon ses besoins” en reconnaissant le fait que nous n’avons pas les mêmes besoins car nous ne vivons pas les mêmes situations. Certains partisans du revenu de base souhaitent simplifier notre système social en accordant à tout le monde une allocation unique. Mais l’égalité n’est pas toujours conforme au principe de justice. Les situations de départ étant inégales, donner à tout le monde la même chose n’est pas forcément juste. Par exemple, imaginons deux étudiants. L’un est fils d’agriculteur et vit à 100 km de sa fac. L’autre est fils de prof et vit à 500 mètres de son lieu d’étude. Le premier devra trouver un logement pour ses études, le second pourra rester vivre dans sa famille. Donner aux deux étudiants la même somme d’argent peut légitimement être considéré comme une injustice. En ce sens, je ne crois pas que le principe de l’allocation universelle corrigera les inégalités individuelles.
La question du financement est assez délicate, et ne constitue sans doute pas l’angle par lequel il faut juger, en bien ou en mal, le revenu de base. Toutefois, pensez-vous que le revenu de base souhaité par ses partisans les plus à gauche (800 à 1000 € par mois) soit possible à financer ? Des pistes de financement incluent la hausse la TVA, la création monétaire, la suppression de certaines prestations sociales… Si la TVA augmente, si les prix augmentent, si des allocations disparaissent, on se demande si les classes modestes et moyennes auraient vraiment beaucoup à y gagner, ou s’il ne s’agit que de « recycler [sous une forme différente] des prestations déjà existantes », comme le dit Michel Husson…
Il n’est pas possible de répondre à cette question. De deux choses l’une. Ou bien le revenu de base ne change rien aux rapports de force économiques et donc aux prix, et dans ce cas on peut raisonner à périmètre constant et en évaluer précisément le coût. Mais dans ce cas, pourquoi inventer un tel système ? Ou bien le revenu de base modifie les rapports salariaux, bouleverse en profondeur le système économique et dans ce cas raisonner en terme de coût de financement est absurde. Mille euros par mois, cela ne veut absolument rien dire si tous les rapports de prix ont été modifiés, si un dîner au restaurant coûte 300 euros ou si les services d’une femme de ménage coûtent 50 euros de l’heure…
Nos Desserts :
- « Le revenu de base, faux-ami du progrès social », article paru sur Le Comptoir le 25 avril 2016
- Le point de vue d’un autre économiste hétérodoxe, Jean-Marie Harribey, à travers une note de blog datée du 19 mai 2014 : « Le revenu de base inconditionnel : nouvelle utopie ou impensé sur le travail ? »
- Une note de blog du 1er mars 2016 où Baptiste Mylondo précise quelques pistes de financement du revenu de base.
Crédit photo de Une : Margot L’Hermite.
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« Mais sommes-nous prêts à voir disparaître les terrasses en centre-ville ? Acceptons-nous que le ménage dans les bureaux soient faits par les ingénieurs, ou dans les classes par les profs ? Et qui s’occuperait de nettoyer les rues ? »
Il est certain qu’avoir des serviteurs est tellement plus confortable ! Là où je travaille, le ménage c’est nous, salariés, qui le faisons, que nous soyons ingénieur ou secrétaire. Oui, c’est tout petit chez nous…petite asso…petit budget…. Et je vous assure qu’un ingénieur est capable de passer l’aspirateur presque aussi bien qu’une femme de ménage ! Et puis ça apprend l’humilité et le respect, de faire les tâches ingrates qu’on préfèrerait laisser à des sous-fifres !
Mais voilà qu’il me revient en mémoire cette phrase magnifique de Camus « C’est un homme libre, personne ne le sert ».
Voilà bien le drame de notre civilisation. Nous sommes devenus tellement assistés (et je ne fais là aucune référence aux propos insupportables de Wauquiez) que nous avons besoin de serviteurs pour accomplir les actes les plus ordinaires : faire notre ménage, s’occuper de nos gosses, accompagner nos parents jusqu’à leur dernière demeure ! Stiegler décrit cela très bien quand il évoque notre statut, non plus d’Homme avec un grand « H » mais de consommateur de tout et pour tout.
« Nous ne sommes pas libres. Nous avons besoin qu’une grande partie de la population consacre une part importante de son temps à la production de richesses. »
Voilà qui me rappelle une autre citation… « Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne »
Ah ! Lumières ! Lumières quand tu nous éclaires ! C’était bien évidemment signé Voltaire.
Mais au fait de quoi avons-nous besoin ? Quelles sont donc ces richesses qu’il nous faut produire sans fin pour faire notre bonheur comme vous le dites une phrase plus haut : « Le travail est indispensable à notre société et à notre bonheur. »
Vous pouvez me dire quel bonheur il y a à trimer toute une vie pour s’acheter le dernier téléphone portable, le dernier méga écran plat, la 15ème robe qui finira au fond d’un placard, (après avoir été portée deux fois) à côté de la 25ème paire de chaussures achetée sur un coup de tête et qui pourrit depuis 5 ans dans le même placard ? Vous pouvez me dire quel bonheur il y a à s’enfiler chaque jour que Dieu (ou le diable) fait, 50/60/70/100 km en voiture ou en train pour aller s’user les yeux sur un écran toute la journée dans un bureau ou se fracasser les reins dans une usine ou sur un chantier, et apprendre à la veille de ses 50 ans qu’on va crever d’un cancer, lequel aura été bien aidé dans son développement par cette merveilleuse société qui a tellement besoin de créer des richesses pour notre bonheur qu’elle en pollue l’air, l’eau et jusqu’aux carottes qu’on met dans notre assiette ?!
« Cette contrainte, une fois acceptée, n’est pas nécessairement un drame social. D’abord parce que même les métiers les plus pénibles n’occupent jamais qu’une part minoritaire de la vie d’une personne. »
Allez donc dire cela aux aidantes familiales qui vont faire le ménage, préparer les repas, lever, laver, coucher les petits vieux à leur domicile, qui font des 8, 9 et même 10 heures par jour si on tient compte des temps de trajet entre chaque personne visitée ! Ces femmes qui travaillent tous les jours, n’importe quel jour, en horaires décalés. Elles vous diront ces femmes là combien leur tâche est pénible, combien elle prend toute leur vie parce que lorsqu’elles rentrent chez elles, ces femmes là, elles sont épuisées, juste bonnes à s’ouvrir une boîte de conserve pour elles et leurs gosses !
Allez dire cela aussi à l’ouvrier qui bosse en deux huit, à celui qui se lève à 5h, à celui qui porte des charges lourdes, à celui qui a le dos flingué à 50 ans, les genoux bousillés à 55 ans ! Je suis certaine qu’il goûteront avec délectation votre propos sur la « part minoritaire ».
» Selon moi, la meilleure solution pour inverser le rapport de force entre dominants et dominés n’est donc pas de distribuer une allocation monétaire à tout le monde, allocation qui, par construction, risque surtout d’être dévaluée et de ne pas permettre d’accéder à de nombreux services essentiels, mais de protéger les salariés qui occupent des emplois pénibles et qui, en quelque sorte, se sacrifient pour que d’autres (et eux-mêmes) vivent. Cela implique, bien sûr, de diminuer le temps de travail, notamment en avançant l’âge de la retraite, d’améliorer les conditions de travail, de mécaniser autant que possible les tâches les plus ingrates et pour cela, d’augmenter les salaires les plus faibles. »
Ah tout de même ! Voilà enfin un propos empreint d’un peu plus d’humanité.
Pour le reste je pense de plus en plus que le revenu de base est une rustine destinée à acheter la paix sociale et à prolonger le système économique tel qu’il existe, puisque LEUR richesse dépend aussi de NOTRE consommation. Comme le propose Lordon, je suis plus séduite par l’idée de refaire le cadre, plutôt que par celle qui consiste à rafistoler le modèle qui est dans le cadre.
Votre raisonnement tient-il toujours la route si on considère que de nombreux emplois pénibles sont inutiles à la société (plateformes de démarchage téléphonique par exemple) ou alors résultent d’une de responsabilisation du citoyen (pourquoi un agent de propreté des rues est-il si nécessaire au bon fonctionnement de la société quand chacun pourrait traiter la rue de la même manière que les couloirs de sa maison, et ramasser la merde de son chien! L’éducation à la citoyenneté, ce serait davantage ça qu’il manquerait au bon fonctionnement de la société) ?
Merci Matthieu pour ton commentaire, je partage ton point de vue!
parce qu’il y en a toujours un qui voudra se la couler douce et négliger son travail
parce qu’il y en a toujours un qui va bâcler le travail et celui la il faut le surveiller ,pour que tu ne mache pas dans la merde !!!c’est ca le problème
« La déréglementation des marchés agricoles a entrainé l’effondrement des prix à un niveau où ils ne couvrent parfois même pas les coûts de production. »
N’importe quoi. C’est plutôt la concurrence biaisée qui est responsable de ce phénomène. Retirez les subventions agricoles en Europe, et le prix du blé repart en flèche. Cependant il s’agit d’une subvention stratégique, on préfère produire du blé en Europe plutôt que d’en importer de l’étranger.
A contrario la déréglementation des marchés agricoles à permis d’endiguer des problèmes de pénurie, et des famines.
Exemple avec le pétrole : il avait atteint un pic à 100$ le baril. Qu’on fait les producteurs de pétrole ? Ils ont investi dans la fracturation hydraulique. Cet investissement n’aurait pas été rentable à un baril à 30$. Et aujourd’hui, le baril est retombé au plus bas !
Il en va exactement de même avec les denrées alimentaires.
« Le chômage de masse pousse de nombreuses personnes à accepter des boulots mal payés, mal considérés et physiquement très durs, comme dans la restauration par exemple. »
Le chômage n’est en rien responsable de ce phénomène. Au US, au Japon, ou en Allemagne il existe un plein emploi où pourtant les gens acceptent des boulots mal payés. Alors à qui la faute ?
La déréglementation agricole amène forcément une baisse des cours des matières premières dès lors qu’on met en concurrence des producteurs qui ne sont pas soumis aux mêmes couts du travail ou conditions sanitaires. La libre concurrence amène de ce point de vue une course sans limite aux « moins disants » social et écologiques. D’autre part, vous semblez omettre le rôle des distributeurs qui ont vue leurs marges doublées en 10 ans tandis que celles des producteurs ont baissées.
Sinon pour mettre fin au débat concernant la « bonne santé » des marchés du travail US, japonais et allemand je me permets de rajouter ces précisions. Aux Etats Unis, le taux d’emploi (actifs occupés/population totale) a chuté de plus de 8% depuis 2008 et il est même en dessous de la France. Cela s’explique par l’augmentation des chômeurs découragés ou de longue durée qui n’ont droit à aucune indemnisation et qui sont exclues du calcul du taux de chômage car ils ne font plus partie de la population active (pour rappel tx de chômage=chômeurs/population active). Au Japon, le « plein emploi » s’explique par un taux d’emploi là encore très faible, au sens où les femmes travaillent très peu et sont cantonnées à des emplois d’assistantes ou d’institutrice si ce n’est pour être mère au foyer. Le Japon « bénéficie » d’une productivité extrêmement faible et il est assez courant de voir des travailleurs occupés des emplois disparus chez nous (pompistes par exemple), voir d’autres qui sont carrément inutiles.
Enfin en Allemagne, le « plein emploi » a pu être atteint par une diminution moyenne du temps de travail en facilitant le recours à des emplois ultra précaires d’à peine 10h par semaine payé 400 euros. Le taux de pauvreté a presque doublé depuis 2000.. Quel progrès ! Le « succès » allemand s’explique également par un facteur démographique qu’on fait semblant d’oublier.En effet, la croissance quasi nulle de sa population active a permis que les créations d’emplois (aussi nombreuse qu’en France) absorbent une masse de chômeurs plus importante. En France, cette croissance est plus forte et certains estiment que le taux de chômage en Allemagne serait de 11% si ce pays avait connu une augmentation de la population active équivalente à celle de la France. Alors à qui la faute?
Cher Frédéric Santos, je vous propose un défi : pour le prochain article, essayez de réfléchir aux modalités d’un revenu de base qui répondrait à vos critiques. « Pour que le revenu de base marche, il faudrait que… ». Comme c’est un concept plutôt flou et à priori ouvert, ce ne devrait pas être impossible de trouver des solutions à vos objections. Ce pourrait être intéressant, non?
Mouais, pour moi M Cayla ne s’est pas bien renseigné sur le projet du revenu de base, voire pas du tout car ses interrogations ont été envisagées, elles sont à la base même du revenu (de base!).
Premièrement, il est convenu que le revenu de base doit s’exprimer comme un pourcentage du PIB, et non comme une valeur fixe car effectivement l’instauration du revenu de base changerait mécaniquement le prix des choses, (même si 0€ sera toujours 0€), de cette manière il gardera toujours son poids, deuxièmement c’est justement pour éviter d’avoir des organismes chargés de déterminer qui est bon et qui est méchant qu’on souhaite le distribuer à tout le monde identiquement, pour quelqu’un de riche 1000€ de plus ça n’est pas grand chose, pour quelqu’un de pauvre, c’est énorme, l’économie fonctionne toujours en pourcentage M Cayla.
Et puis surtout ça permet de ne pas payer d’organisme de contrôle et donc de faire des économies, économies qui serviront en partie à financer le revenu de base. Quand à la question du « à quoi ça servirait si on distribuait la même valeur? », c’est l’essence même du revenu de base, SIMPLIFIER ce grand bordel où des institutions s’imaginent être de bons arbitres, alors qu’elles distribuent des allocations à des millionnaires et qu’elles négligent certains nécessiteux ne rentrant pas dans les bonnes cases.
Les tâches pénibles dont il parle risque justement d’être automatisées à terme, et si on ne disposait pas de travailleurs à bas prix, soit on les paierait plus cher, soit on fabriquerait des machines répondant à la demande, et ça ferait du boulot pour les ingénieurs. Dans tous les cas, il s’agirait de payer plus les taches ingrates, je ne vois pas le problème. Et puis si, cent fois si M Cayla, il y a des gens pour qui ces boulots ignobles représentent la majeure partie de leur temps.
J’aimerais attirer son attention(si je le pouvais) sur les chiffres dont il a parlé concernant la consommation des ménages. La part de consommation associée aux services publiques ne représente que 20% de la consommation effective pour les ménages étant les plus utilisateurs, dans un pays où la taxation s’élève à 50% de la richesse produite? Où partent donc ces au minimum 30%?
Juste une question quand même : vous dites que la majeure partie des « boulots pénibles » dont parle David Cayla sera mécanisée. Donc, les livreurs de pizza, les agents d’entretien, les serveurs, tout ça, on mécanise tout ? Très sincèrement, vivre dans une société de robots et de drones ne m’intéresse pas franchement non plus.
Quand on est partisan du revenu de base, on a deux horizons possibles pour les métiers pénibles : la mécanisation, ou leur disparition. Vincent Liegey (du parti pour la décroissance) fait le second choix : pour lui, le RdB s’intègre dans une optique de retour à la simplicité et de disparition de nombreux « désirs » mercantiles, rendant caduques bon nombre de boulots pénibles. Je ne suis pas un partisan du RdB, mais la solution de Liegey (quoiqu’étant de probabilité proche de 0) me semble nettement moins flippante que la solution du tout-robotisé.
Pour répondre à votre dernière interrogation, le compte n’y est pas car vous confondez la consommation associée aux services publiques qui concernent les dépenses de consommation collective qu’on assimile aux fonctions régaliennes (armée, police, justice) plus l’éducation ou certaines dépenses à vocation culturelles, avec les dépenses de consommation individuelle. Ces dernières correspondent aux dépenses de consommation individuelle, c’est à dire les dépenses sociales de type assurantielles (allocations chômage, retraite, familiales) ainsi que les transferts sociaux en nature tels que les remboursements de soins. En France vous avez donc un peu plus de 30% des dépenses publiques qui correspondent à la Sécu à ne pas confondre avec les 20% restants qui correspondent aux services publiques dont bénéficie l’ensemble des citoyens.Il serait très facile de baisser les dépenses publiques en privatisant une partie des retraites (capitalisation) ou les dépenses de santé par exemple, mais dans ce cas, les ménages connaitraient une hausse des dépenses privées sans forcément que la société dans son ensemble y gagne en terme de bien être.
Que d’inculture, d’erreurs factuelles et de mauvaise foi dogmatique dans cette article… On devine aisément l’idéologie égalitariste malsaine qui anime l’auteur, et franchement c’est consternant de voir qu’en 2016 des idées aussi mauvaises soient encore plébiscitées.
Pour commencer, les inégalités ne pas nécessairement des injustices. Il est parfaitement juste que ceux qui sont plus intelligents, plus travailleurs, et tout simplement qui créent plus de valeur pour leur clients gagnent mieux leur vie; et la jalousie de certains thuriféraires de nivellement social n’y change rien. La prospérité et le confort matériel ne sont jamais apparus ailleurs que dans les pays où les gens qui réussissent ne se font pas spolier par le pouvoir. A l’inverse tous les régimes visant à niveler vers le bas, punir ceux qui ont l’outrecuidance d’être meilleurs que les autres, ne peuvent que finir en ruine et en dictature – l’exemple Vénézuélien n’étant que le dernier d’une longue liste d’expérience socialistes « réussies »: tous égaux dans la misère et l’absence de liberté. Tous les individus naissent libres et égaux en droits, et ces droits sont: liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression. Toute mouvance politique qui irait à l’encontre de ces droits inaliénables (par exemple du droit de 2 adultes consentants de commercer entre eux) comme le collectivisme forcené sous-jacent au discours risible de l’auteur sont voués à virer en dictature. Et cette pulsion violente pour le contrôle étatique ressort souvent dans ces discours socialistes: partout il est question de contrainte, d’obliger, d’interdire, nulle part de respecter le droit de chacun à décider pour lui-même ! Bref, ce monsieur semble être un réac d’extrême gauche, un ingénieur social qui veut plier les individus à ses petits désirs de planification centrale.
L’agriculture, quant à elle, est profondément planifiée, subventionnée, technocratisée – ce n’est nullement un marché, encore moins un quelconque espace de liberté. En France comme ailleurs, le secteur est malade de l’étatisme (http://www.objectifeco.com/bourse/matieres-premieres/agricoles/crise-bovine-l-agriculture-francaise-malade-de-l-etatisme-liberons-la.html) et seule la Nouvelle Zélande voit son agriculture prospérer… après avoir supprimé les subventions, justement.
L’existence de jobs ingrats est un problème technique: ce n’est qu’une question de temps avant que l’on puisse les automatiser par des robots… qu’il faudra inventer, réparer, recycler, améliorer, réinventer, etc, bref: qui créeront plein d’autres jobs, mieux payés et plus intéressants. Les besoins et envies humaines sont infinis, comme notre imagination, ce qui suppose que les méthodes pour gagner notre vie le sont aussi. La destruction créatrice de Schumpeter crée toujours plus d’activité qu’elle n’en détruit, mais juste ailleurs dans l’économie: le progrès amené grâce à l’entrepreneuriat consiste précisément en la destruction des emplois ingrats et leur remplacement par des jobs de plus en plus confortables à chaque vague d’innovation. Dès lors parler de bloquer les mécanismes économiques (donc concrètement, supprimer les libertés individuelles) comme le font les fossiles marxistes est une position ultra-réactionnaire, liberticide et violemment immorale.
Le revenu de base est un projet critiquable, et il existe des arguments sérieux contre lui (exemple: http://libertarien.overblog.com/2016/04/la-dangereuse-utopie-du-revenu-de-base-inconditionnel.html ), mais il a au moins le mérite de s’attaquer à la pauvreté (qui est toujours absolue, et pas relative) tout en permettant de ré-allouer les ressources aujourd’hui gaspillées dans une bureaucratie administrative contre-productive vers des activités autrement plus épanouissantes et enrichissante pour tous. La pauvreté est le manque de sens sont des vrais problèmes, mais le socialisme en est un encore plus gros, et certainement pas une solution.
Attaquer ces enjeux du XXIè siècle requiert des idées neuves, et respectueuses des libertés individuelles. Pas des discours constructivistes réchauffés qui recyclent les idées ayant conduit à toutes les dictatures du siècle passé.