Au fur et à mesure que l’épidémie de Covid-19 se répand en Chine et dans le monde, les autorités étatiques voient dans l’utilisation des données personnelles, des voyageurs notamment, un outil indispensable dans la lutte contre ce virus volatile. Pourtant, la protection de ces précieuses données est semble-t-il en danger.
La récente épidémie du coronavirus en Chine a remis l’utilisation des données personnelles au centre des attentions. Les autorités de transport chinoises ont utilisées les nouvelles technologies pour détecter dans la foule les passagers présentant une température anormale, en utilisant les caméras thermiques. L’utilisation des technologies de reconnaissance faciale et des capteurs infrarouges, photographiant les visages, a pour but d’identifier les personnes atteintes de fièvre, symptôme laissant penser que la contamination a eu lieu.
Un journal chinois expliquait dernièrement comment les autorités avait repéré un citoyen visiblement contaminé après l’avoir identifié en épluchant des bases de données de voyageurs. L’épisode est narré dans un article posté en ligné par les autorités de Nankin, capitale de la province côtière du Jiangsu (est). Le voyageur s’est rendu à Wuhan (centre), puis s’est imposé lui-même une quarantaine par précaution, le tout sans en parler à quiconque. Cela n’a pas empêché les autorités du pays, grâce à la technique du profilage de le traquer et de venir le chercher chez lui.
Le développement de l’offre de service de tout type aux voyageurs n’a fait qu’augmenter la masse de données collectées sur les voyageurs. Collecté au sein des gares et des aéroports, utilisant les technologies intelligentes, les données personnelles offrent aux autorités étatiques la capacité de suivre de près les voyageurs dans leurs parcours. Dans sa lutte sans merci contre l’épidémie, la Chine utilise les données collectées dans les lieux de transports pour identifier les voyageurs originaires de la province du Hubei et de Wuhan, que des millions de résidents auraient quitté avant qu’un cordon sanitaire ne coupe la métropole du monde.
« L’utilisation des technologies de reconnaissance faciale et des capteurs infrarouges, photographiant les visages, a pour but d’identifier les personnes atteintes de fièvre, symptôme laissant penser que la contamination a eu lieu. »
Cette innovation dans les milieux des transports n’eut été possible sans l’introduction de l’Internet des objets. Cette dernière se présente comme la troisième révolution de l’Internet grâce à laquelle des milliards de capteurs intégrés dans différents objets du quotidien sont incorporés dans une infrastructure pour enregistrer, traiter et transférer des données. Ces objets interagissent avec d’autres appareils, dont des objets connectés, mais aussi avec d’autres individus et d’autres systèmes informatiques. Dans ce réseau des réseaux, les objets connectés communiquent entre eux à l’aide de systèmes d’identification électronique unifiés et de dispositifs mobiles sans fil. Un ordinateur va alors piloter une application intelligente alimentée par un système de transmission des données.
Un monde de traque ?
Soucieuse d’endiguer une épidémie volatile, qui a déjà contaminé plus d’un million de personnes, la Chine recourt à un arsenal devenu familier l’époque contemporaine : l’analyse des données à grande échelle et le déploiement tous azimuts de technologie d’intelligence artificielle. Devenue une opération classique dans les lieux de transports, la collecte de données personnelles est mise en œuvre par tout transporteur pour les besoins de ses activités.
C’est notamment le cas dans ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui les aéroports intelligents (smart airports). L’Association du transport aérien international définit ces derniers comme des aéroports utilisant « un réseau avec une capacité de réponse piloté par les données, qui d’une part, offre aux voyageurs une meilleure expérience de voyage et d’autre part, vise à garantir un niveau de sécurité plus élevé pour les passagers, opérateurs et le public ». Les start-ups rivalisent aujourd’hui d’ingéniosité pour proposer aux autorités chinoises des technologies qui leur permettent de scanner le plus de citoyens et de collecter le plus de données.
Dans sa vision pour l’avenir, l’association des transporteurs aériens aspirait à offrir au monde des vols « simples, agréables et sans tracas ». Appelés à apporter des services à valeur ajoutée, les aéroports intelligents sont un concept clé dans cette nouvelle dynamique dans le transport aérien. Toutefois, l’approche sécuritaire semble l’emporter sur celle du bien-être du voyageur, censé bénéficier de l’interconnexion de toutes ces bases de données.
Aujourd’hui le voyageur est amené, à tous les stades de son itinéraire, de confier ses précieuses données personnelles. L’itinéraire débute dès le stade de la réservation du billet où le client doit renseigner ses noms, prénoms et données bancaires. L’opération va se poursuivre à l’aéroport de départ où le voyageur devra se plier à diverses opérations d’enregistrement et de contrôle de sécurité (dont la biométrie). Avant même de s’asseoir à son siège passager, le voyageur aura fait l’objet d’une collecte poussée de ses données à caractère personnel. Arrivé à destination, le voyageur devra encore se soumettre à divers dispositifs de collecte (formalités de douanes, immigration, fouilles).
« L’approche sécuritaire semble l’emporter sur celle du bien-être du voyageur, censé bénéficier de l’interconnexion de toutes ces bases de données. »
Pour les autorités chinoises, les circonstances (et une culture juridique différente) ont poussé ces derniers à traquer les personnes suspectées d’être contaminées avec un zèle impeccable. La Convention de Chicago rappelle pourtant l’impératif de protection de « la confidentialité, l’intégralité et la disponibilité des systèmes et données informatiques et de communications critiques utilisées aux fins de l’aviation civile ». Plus que jamais la pertinence des mesures nécessaires pour protéger les droits et libertés des citoyens faisant l’objet de la collecte sont au cœur du monde des transports.
Nos Desserts :
- L’Organisation mondiale de la santé a publié des informations générales sur cette nouvelle épidémie du Coronavirus
- L’affaire Facebook-Cambridge Analytica est l’un des derniers scandales qui a sensibilisé les citoyens sur la collecte de leurs données personnelles
- Au Comptoir, nous avons écrit sur l’innovation technologique de la Blockchain
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« . La Convention de Chicago rappelle pourtant l’impératif de protection de « la confidentialité, l’intégralité et la disponibilité des systèmes et données informatiques et de communications critiques utilisées aux fins de l’aviation civile » » Donc, protection des systèmes, pas des gens.
De toute façon, toute catastrophe (corona, tsunami, désastre nucléaire, inondations..) tout est prétexte à une intensification de la société Big Brother, grace encore une fois aux gouvernements successifs ds USA, qui st le plus grand ennemi de la coexistence pacifique et des mesures collectives qu’il faudrait réellement prendre pour sauver l’avenir.
Bonjour Sam,
Dans les systèmes et données informatiques, nous retrouvons les données personnelles (des gens) qui doivent être protégés.
Ca va mieux en le disant…Et pour le reste, vous ne vous êtes pas prononcé..?
Cher Sam,
Je me prononce sur ce que je sais 😉