Politique

Survivre à Sibeth Ndiaye

Après Marlène Schiappa, nous poursuivons notre série « survivre à » avec la star du moment : Madame Sibeth Ndiaye.

Le confinement aura permis aux Français d’apprendre par cœur les tubes de Sibeth Ndiaye :  « On fermera pas les écoles », « Les fraises », « Ch’sais pas mettre un masque », « À 4 ans on connait les gestes barrières », … autant de ritournelles que désormais chacun fredonne dans sa salle de bain. Naguère, c’était réservé aux initiés ; on allait, les dimanches de déprime, écouter Sibeth (ou François de Rugy) pour se distraire un peu. Truculent phénomène tout en franglais, minois sphérique et lunettes à correction puissante, elle offrait il est vrai à l’amateur des vertiges immenses. Ces choses-là sont désormais, comme les tatouages et la cocaïne, grand-public. Fort bien.

On savait déjà qu’en haut lieu personne ne tenait grand compte de ce que pouvaient penser une poignée d’aigris façon ACRIMED et consorts. Seul comptait l’avis de Christophe Barbier. Avaient donc tout loisir de se produire sur la scène politique des personnages ébouriffants – qui Monsieur Castaner, qui Madame Ndiaye, qui notre Président lui-même. ACRIMED trépignait, soit, le grand-public avait autre chose à faire, Christophe Barbier adorait des idoles exactement à sa hauteur, tout allait pour le mieux.

Mais nous vivons à présent ce qu’il est convenu d’appeler une crise et, donc, la donne change de beaucoup. Le défilé d’otaries qui nous tient lieu de gouvernants intéresse un peu plus, et chacun constate avec l’effroi qu’on devine qui pilote le Boeing. Quand la guerre libérale se menait à bas bruit, passait encore… Mais, si l’on veut bien se résumer un instant, une pandémie planétaire tient l’humanité à la gorge, le monde entier ou presque est enfermé chez lui, tandis que passent les malades, les morts et les cercueils. L’hôpital public français est aux abois, saigné comme on sait par les idoles de Christophe Barbier, précisément. Situation critique… Et qui charge-t-on de rassurer les populations ? Sibeth, en personne.

Ne parlons même pas d’économie politique ; l’affaire est entendue, demander à la Macronie de nous sortir d’une crise qui est surtout une crise du libéralisme mondial, c’est un peu comme confier à  NRJ 12 le soin de nous instruire. Parlons communication : Madame Ndiaye en est réputée experte et c’est donc elle, oui elle, qu’on diligente pour communiquer. La chose est proprement stupéfiante… Envoie-t-on le gringalet timide en première ligne dans une bagarre ? Le petit gros boutonneux de la bande accoster les filles ? Alors, comment diable expliquer un tel choix ? Trois solutions :

  • On croit là-haut dur comme fer qu’elle est excellente, véritablement. On est suffoqué par tant d’intelligence, on aimerait bien être brillant comme Sibeth. On dit d’ailleurs, dans les couloirs ouatés des chambres de décision : « brillant comme Sibeth ». On prend en outre son cas pour une généralité et se persuade qu’il en est ainsi pour 65 millions de Français. On ne lit et relit que les commentaires épileptiques d’admiration de la page Je marche avec le président Macron, oubliant qu’ils sont tous rédigés par des militants LREM, si ce n’est par Jean-Michel Blanquer. Tout est bien : Sibeth est excellente, le pays est en liesse, la France en redemande.
  • On sait qu’elle est nulle, on s’en désole peut-être, mais tant pis. On n’a que ça sous la main, les Français feront avec, c’est un peu notre manière à nous de leur cracher à la gueule avant de partir avec la caisse. Prendre, en cette hypothèse, le cas Sibeth comme une porte close, un « allez vous faire foutre ».
  • On sait qu’elle est nulle, mais l’on se juge si subtil qu’on se dit qu’il faut bien ça pour causer au troupeau. Un énarque chauve farci de chiffres ferait moins bon effet, envoyons-leur la petite boulotte, ils la trouveront sympa !

Trois hypothèses également scandaleuses. La communication, certes, n’est parfois que le pot du couvercle, mais ici elle en dit long. Long sur la façon dont la classe politique depuis, au bas mot, Raffarin, ne maîtrise plus son langage. Long, donc, sur ce qu’elle croit pouvoir faire vibrer les foules et, partant, sur ce que sont dans son esprit ces foules.

Mais aussi, et c’est bien le pire, sur le naufrage en son ensemble. Imaginez : vous êtes au bloc, on va vous opérer dans l’instant pour quelque chose de grave. L’anesthésiste vient de vous demander de penser à un souvenir agréable, doucement ses drogues diffusent leurs premiers effets. Avant de sombrer, vous apercevez, qui se penche sur vous, le chirurgien… Pull Bart Simpson, lunettes rouges, serre-tête Hello Kitty : Sibeth. Puissions-nous nous en relever un jour.

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Catégories :Politique

6 réponses »

  1. Bonjour
    Concernant les propos suivants
    A 4 ans on connaît les gestes barrières
    Il s’agit semble t il d’une fausse information
    Cordialement

  2. Exact, et l’auteur, qui l’a appris, aurait dû mieux tourner sa phrase. Mais il s’est dit qu’après tout, la parodie de Sibeth c’est encore et toujours Sibeth.

  3. « On sait qu’elle est nulle, on s’en désole peut-être, mais tant pis. On n’a que ça sous la main, les Français feront avec, c’est un peu notre manière à nous de leur cracher à la gueule avant de partir avec la caisse. Prendre, en cette hypothèse, le cas Sibeth comme une porte close, un « allez vous faire foutre ».
    On sait qu’elle est nulle, mais l’on se juge si subtil qu’on se dit qu’il faut bien ça pour causer au troupeau. Un énarque chauve farci de chiffres ferait moins bon effet, envoyons-leur la petite boulotte, ils la trouveront sympa ! »

    Je pense que ce sont ces 2 options-là, lesquelles sont non seulement compatibles entre elles, mais pire, elles sont complémentaires !
    Si-Bête, c’est effectivement, à elle toute seule, une façon de dire aux Français que Macron et son gang criminel (dont elle est membre à part entière) considèrent le peuple comme un troupeau de veaux ou de moutons et que ce même peuple doit aller se faire foutre !

    Et on s’étonne ensuite des envies de guillotine ?! Moi pas.

  4. Corollaire de l’hypothèse 3 plus vraisemblable: « …envoyons leur la FEMME NOIRE boulotte… » Comme ça, on donne l’impression aux français que le gouvernement français est égalitaire et paritaire (hahahahaha!) et, en lui faisant tenir des propos stupides et incohérents (Ndiaye n’a pas trouvé ces inepties de langage toute seule), on discrédite les gens de couleur et les femmes. Carton plein pour l’homme blanc au pouvoir.

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