La Revue du Comptoir n°1

Dégageons le capitalisme de nos assiettes

Cornelius Castoriadis l’assure : le système capitaliste est un « fait social total ». En utilisant ce concept forgé par l’anthropologue Marcel Mauss, le philosophe estime que le capitalisme s’est emparé de presque toutes les dimensions de l’existence humaine. Il en va ainsi de notre alimentation, tant en ce qui concerne la production que la consommation. Consommer des produits non industriels et en dehors de la grande distribution relève aujourd’hui du parcours du combattant. Pire, après un siècle d’exode rural et d’abandon des savoir-faire ancestraux paysans au profit de la ville et de ses promesses technologiques, la majorité des Français est actuellement incapable de subvenir de façon autonome à ses besoins alimentaires. Contre l’asservissement du Capital, seul le retour à la terre est promesse de liberté. Dégageons le productivisme de nos placards, virons l’intensif de nos réfrigérateurs, chassons les pesticides de nos casseroles : une autre consommation est possible.

« Le chambardement de la France paysanne est, à mes yeux, le spectacle qui l’emporte sur tous les autres, dans la France d’hier et, plus encore, d’aujourd’hui. […] La population a lâché pied, laissant tout en place, comme on évacue en temps de guerre une position que l’on ne peut plus tenir. »
Fernand Braudel, L’Identité de la France (1986)

Selon une estimation de l’Insee, près de 72 % des dépenses alimentaires des Français s’effectuaient en 2011 dans une grande surface [1], dont 31 % dans les quelque 2 045 hypermarchés de l’Hexagone (aujourd’hui concurrencés par l’essor des drive). Trois Français sur quatre passent donc leur week-end derrière un chariot blindé, arpentant les rayons débordant de marchandises. Ici, la disparition de Dame Nature a été savamment orchestrée : la viande se vend en morceaux et sous plastique, les mêmes fruits et légumes sont présents sur les étals toute l’année, faisant fi des saisons. En bout de course(s), la caissière, smicarde. Codes-barres, paiement, sacs plastique, coffre de voiture. Les gestes sont machinaux, répétitifs, appris par cœur.

L’homme du siècle a pleinement intégré le schéma de consommation capitaliste, celui qui l’engraisse et l’appauvrit, qui précarise les travailleurs du secteur tout en détruisant la planète et ses ressources. Pourtant, ce modèle n’est que rarement  remis en cause par les grandes voix de l’écologie officielle. Le potentiel électorat est maintenu dans le mensonge de la consommation standardisée, aseptisée, grande-surfacisée.

Travailleurs de tous pays, nourrissez-nous !

Selon le journaliste Benoît Bréville [2], un Français consacre aujourd’hui 20,4 % de son budget à la nourriture, contre 40,8 % en 1958. Mais le coût toujours moindre de la nourriture se paye : producteurs, saisonniers, chauffeurs routiers, caissiers, tous sont priés de revoir leurs exigences à la baisse pour remplir un peu plus nos assiettes.

Les agriculteurs et éleveurs français sont parmi les plus exposés à la concurrence. À la libéralisation des échanges s’ajoute le recul de l’État complice, devenu simple gestionnaire. Dans le « village planétaire » décrit par le Canadien Marshall McLuhan, hommes, capitaux et marchandises circulent donc “librement”, mus par les nécessités du marché. Impérieux, ce dernier dicte ses conditions : exploitation des ressources des pays pauvres, multiplication des délocalisations, effacement des frontières et des lois nationales.

Les producteurs, en plus d’être enkystés dans l’agriculture intensive au nom de la compétitivité, ne peuvent lutter contre les normes approximatives et les coûts réduits des pays étrangers. Leurs grognes fréquentes sont canalisées par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), dont l’ex-président, Xavier Beulin, était soupçonné de conflits d’intérêt… [3] Les prix d’achat par les distributeurs sont toujours moindres : légumes, lait, viande, tout est bradé. Les éleveurs de porc, par exemple, auxquels l’excellent bimestriel Fakir consacrait son numéro de juillet 2015, se heurtent aux prix allemands, danois, hollandais… On les enjoint alors au toujours plus : porcheries à 130 000 têtes, fermes à 1 000 vaches, déficits à plusieurs zéros. La viande européenne est surpassée par celle d’Amérique du Sud, bientôt contrée par celle venue d’Asie.

Devant l’agonie de ses paysans, l’État français reste muet, prostré devant la déesse Croissance. Et celle-ci a besoin d’une main-d’œuvre peu chère, perpétuellement renflouée par l’immigration.  Ce phénomène, Friedrich Engels le dépeignait déjà dans la Situation de la classe ouvrière dans l’Angleterre du milieu du XIXe siècle, concurrencée par l’afflux de travailleurs irlandais pauvres. Ces dernières décennies, le plombier polonais s’est reconverti dans la boucherie en Bretagne.

A l’ère du « capitalisme liquide », décrit par le sociologue Zygmunt Bauman, la production, qui n’est plus tributaire des lieux d’origine des sources d’énergie ou de main-d’œuvre, est internationalisée. Il y a cinquante ans, de petits producteurs locaux assuraient notre alimentation. Aujourd’hui, elle est aux mains de grands groupes, une dizaine tout au plus, qui détiennent chacun des centaines de marques. Leur échapper dans les rayons d’un supermarché est mission impossible : peu importe les produits, vous finissez toujours par acheter Nestlé, Coca ou Danone. Ces groupes sont américains, français, suisses… Jouissant de la mondialisation, ils emploient des travailleurs agricoles polonais, des chauffeurs routiers roumains, des saisonniers maghrébins… Travailleurs de tous pays : nourrissez-nous ! Voilà désormais le mantra du salariat moderne, qui se base sur des rémunérations tronquées, des licenciements abusifs et du travail dissimulé. Dans ce gloubi-boulga international, la valse floue des normes sociales jongle avec des travailleurs détachés qui dépendent des lois de leur pays d’origine, une manne pour leur employeur mais un manque à gagner considérable pour l’État français. Le tout encouragé par les experts européens, qui prônent toujours pour les autres plus de flexibilité et de mobilité.

Tous victimes !

Cette course à la baisse des coûts nuit souvent à la traçabilité des produits, pourtant obligatoire depuis la crise de la vache folle de 1996. Car le risque d’une production intensive et mondialisée réside là, dans sa capacité à empoisonner, très rapidement, des millions de personnes.

Le coût sanitaire de cette nourriture industrielle montre chaque jour un peu plus ses effets dévastateurs. Selon l’association écologiste Générations futures, « 16 % des batavias et autres laitues contiennent la trace de cinq produits chimiques interdits en France ». Au menu : du DDT, un pesticide hautement cancérigène interdit dans l’Hexagone depuis 1971 ; des produits chimiques prohibés pour traiter les salades, comme l’imidaclopride ; un insecticide neurotoxique accusé de tuer les abeilles ; et des perturbateurs endocriniens, agents chimiques exogènes qui peuvent provoquer des cancers du sein, de l’utérus et des testicules.

Outre les crises sanitaires de la vache folle en 1996 et 2000 ou de la grippe aviaire en 2005, le scandale de la viande de bœuf remplacée par de la viande de cheval a fait grand bruit en 2012. Lors de l’affaire, un inspecteur sanitaire témoignait : « Je ne suis pas surpris. Les supermarchés cherchent tellement à écraser les prix que les dérapages sont inévitables. » [4] Ainsi, selon les normes communautaires, un steak industriel n’a pas besoin de contenir plus de 50 % de viande pour obtenir le label “préparation de viande hachée”. Peau, gras, viscères et autres tendons sont désormais  les bienvenus. En outre, et comme le rappelle la journaliste Agnès Stienne [5], la viande est celle d’animaux dont on a accéléré la croissance : « Ils sont “élaborés” de sorte que le développement de leur masse musculaire soit accéléré et leurs performances reproductives dopées. En contrepartie, les organes vitaux sont réduits au strict minimum et ne sont plus à même de remplir leurs fonctions. Les animaux sont si fragilisés qu’ils sont devenus hypersensibles aux maladies. » Dès lors, « le recours aux antibiotiques [est] fréquent ».

Mais qui est assez fou pour ingurgiter telle tambouille ?! Eh bien, très logiquement, les plus pauvres d’entre nous. Cette nourriture industrielle, riche en graisses, en sucres et en sel, a de graves conséquences sur leur santé : surpoids et obésité tendent ainsi à se généraliser au sein des classes populaires. Entraînant cholestérol, diabète et hypertension. Au pays de l’oncle Sam, 200 000 Américains meurent chaque année d’une affection liée à leur tour de taille ; un tiers de la population est obèse, un autre tiers est en surpoids. Comme les salariés précaires, l’obésité s’exporte. À l’échelle mondiale, le nombre de personnes en surpoids (environ un milliard et demi) excède désormais celui des malnutris (environ 800 millions).

Détruis la nature en mangeant

Ingurgiter cette nourriture industrielle a également un coût environnemental considérable. Produire intensivement est lourd de conséquences : déforestation, pollution des nappes phréatiques, appauvrissement des sols et de la biodiversité… Chaque année, l’over shoot day – le jour à partir duquel nous avons consommé toutes les ressources que la Terre met un an à produire – se rapproche un peu plus. Nous vivons sur notre planète à crédit.

À elle seule, l’industrie de la viande accapare un peu moins de 80 % des terres agricoles de la planète et est presque entièrement responsable de la déforestation de l’Amazonie. Pour engraisser les bêtes, des quantités astronomiques d’eau et de céréales sont nécessaires, entraînant des milliers d’hectares de monocultures où, à grands renforts d’engrais et de pesticides, on a fait fi des contraintes naturelles que s’imposaient les paysans de jadis (on pensera notamment aux terres laissées en jachère).

L’huile de palme, présente dans foule de nos produits du quotidien (jusque dans les bougies), aujourd’hui huile végétale la plus consommée au monde, détruit des milliers d’hectares de forêt amazonienne. Les forêts des principales régions productrices (Malaisie, Indonésie, Bornéo et Sumatra) ont accusé une réduction de 90 % de leur superficie. Conséquences : augmentation des gaz à effet de serre (responsables de la hausse de la température sur Terre) et destruction du lieu de vie de nombreuses espèces (éventuellement protégées, comme l’orang-outan). La déforestation, en réduisant les zones d’ombre garanties par les arbres, favorise également l’évaporation de l’eau, entraînant de nombreuses sécheresses.

Et ces catastrophes environnementales ont un impact considérable, dont on perçoit déjà les conséquences humaines. Ainsi, le XXIsiècle a vu la naissance des “réfugiés climatiques”. Comment oublier que si la “crise des migrants” syriens a pris autant d’ampleur c’est AUSSI parce que cette population a été victime, de 2007 à 2010, de la plus grave sécheresse jamais enregistrée dans la région, responsable de catastrophes agricoles majeures et de la migration de plus d’un million de personnes vers les villes ? Sur le site Reporterre, le chercheur Pablo Servigne expliquait en septembre 2015 : « Les trois principales causes de forte mortalité (guerres, maladies et famines) ont toutes les trois été causées par des crises économiques… qui ont été causées par des crises alimentaires… qui ont été causées par des aléas climatiques ! Il y a une chaîne de causalité dont l’origine est toujours l’“étincelle climat”. » [6]

Le bio, absolument ?

Alors, que faire ? Comment renverser la table et ses assiettes empoisonnées ? En sortant du schéma de consommation prévu et en redonnant du sens à notre façon de consommer. Mais attention, les écueils du système productiviste ne sont jamais loin, y compris dans le bio.

Nombre de producteurs ont compris qu’ils avaient tout à gagner à relocaliser l’agriculture, en privilégiant le bio et le circuit court. Si certaines structures tendent à faciliter la consommation locale et de saison, elles ne garantissent pas toutes une rupture nette avec le système capitaliste. Ainsi de la Ruche qui dit oui,  plate-forme internet permettant aux consommateurs de se constituer en collectifs pour passer des commandes groupées auprès de producteurs locaux, et propriété de Xavier Niel.

Depuis dix ans, la consommation de produits alimentaires labellisés bio a considérablement augmenté : elle a doublé entre 2007 et 2012, représentant aujourd’hui quatre milliards de chiffre d’affaires. Malheureusement, ce sont encore les grandes surfaces qui tirent leur épingle du jeu en réalisant presque la moitié des ventes. Loin de l’ambition de la bio des années 1960, qui souhaitait rompre avec le modèle agricole productiviste, se développe désormais une sorte de bio-business, prêt à tout pour faire de l’argent sur la mauvaise conscience des consommateurs. Toujours à l’affût de la moindre économie, les grandes surfaces ont réussi à dévoyer le projet initial : avec elles, il s’est industrialisé et les monocultures sont réapparues. Dans La bio, entre business et projet de société, le journaliste Philippe Baqué décrit par exemple certaines exploitations autour de Huelva, en Andalousie, apparues dans les années 1990, qui s’étendent sur des centaines d’hectares et qui n’ont rien à envier aux exploitations standards, à quelques kilomètres de là.

Editions Agone, 2012, 432 p.

En ce qui concerne la condition animale, pas d’amélioration non plus. Avec l’arrivée du label bio européen, les élevages se sont développés et il existe désormais, miracle du marché, des poulets bio industriels ! Grâce aux normes européennes, l’animal bio a pu voir sa durée d’élevage réduite (de 81 jours à 71) et son alimentation “rationalisée”. Pour nourrir de si grands élevages, le soja bio français n’est plus suffisant : le poulet a désormais pitance italienne. Pour le local, on repassera.

Du côté des magasins spécialisés, qui assurent le quart des ventes du bio, la situation n’est pas tellement plus réjouissante. Chez Biocoop, par exemple, leader des distributeurs bios français. Sur le principe, rien à redire : 340 magasins et 1 200 producteurs partenaires agissent de concert, en s’appuyant sur une coopérative de commerçants indépendants, donc sans actionnaires, où salariés et consommateurs sont associés. Mais la consommation locale n’est pas leur point fort et leur marque distributeur, “Ensemble, solidaires avec les producteurs”, qui propose des produits moins chers n’a pas été très bien accueillie par les producteurs et les transformateurs. Enfin, certains leur reprochent également des marges importantes et la formule des contrats renouvelables, qui permet à l’entreprise de faire jouer la concurrence entre les producteurs.

Faire le choix de la sobriété

« Il n’y a pas la moindre chance de ralentir le rythme d’épuisement des ressources ou d’introduire l’harmonie dans les relations entre ceux qui possèdent richesse et pouvoir et ceux qui ne les possèdent pas, tant que n’aura pas surgi, quelque part dans le monde, l’idée qu’un peu c’est bien et que trop c’est trop », expliquait l’économiste britannique Friedrich Schumacher dans Small is beautiful, en 1973.

Plutôt que privilégier la Biocoop à Carrefour ou Leclerc, faire le choix de bien manger doit s’inscrire dans un schéma de pensée qui réhabilite la limite et la sobriété. Doit ainsi se mettre en place une vraie « décolonisation de nos imaginaires », comme l’expliquait Cornélius Castoriadis. Une désintoxication, même, car des décennies d’habitudes sont à revoir, des coutumes si ancrées en nous qu’elles nous semblent issues de notre propre réflexion.

Désintoxiquer les esprits pour soigner le corps : vaste programme ! Car l’ensemble forme une boucle : la question de l’alimentation ne peut être détachée de l’écologie, des schémas de production, des politiques à l’œuvre. La lutte contre le libéralisme tout-puissant est à ce prix : une remise en cause du discours croissanciste et du PIB toujours augmenté (comme notre tour de taille). Tout est lié, comme le remarque Cornelius Castoriadis : « Il n’y a pas seulement la dilapidation irréversible du milieu et des ressources non remplaçables. Il y a aussi la destruction anthropologique des êtres humains transformés en bêtes productrices et consommatrices, en zappeurs abrutis. »

Cornelius Castoriadis (1922-1997)

L’être humain est ainsi dos au mur, condamné à impulser lui-même le changement qu’il voudrait voir dans le système. Et la modification de sa consommation par l’homme passera en premier lieu par une réappropriation de son temps. Avoir la patience de faire les marchés, chercher des produits locaux, apprendre à les connaître, à les cuisiner et – pourquoi pas – à les cultiver ?

Intégrer une Amap (association pour le maintien d’une agriculture paysanne) fait partie de ces gestes révolutionnaires insoupçonnés. En y adhérant, le consommateur soutient un producteur local : son argent préfinance la récolte et assume le risque climatique. Les membres s’engagent à acheter chaque semaine un panier de fruits, légumes, viandes, pains, fromages, et à assurer la distribution desdits paniers aux autres membres. L’homme prend alors véritablement part au circuit et crée du lien, loin de l’aliénation des grandes surfaces.

Cette “consomm’action” est un défi pour l’individu : celui de l’effort, de l’engagement, de la contrainte. Il s’agit d’apprendre à s’inscrire, de nouveau, dans un cadre spatio-temporel qui nous dépasse, qui est succession de saisons à respecter (et donc de produits parfois indisponibles), de cycles, d’un ordre naturel. La question de la taille est évidemment primordiale : les structures à taille humaine doivent être privilégiées : des fermes réduites où coexistent polycultures et élevage par exemple, qui seront seules véritables garantes de la biodiversité locale et du patrimoine rural. Sans ce sens de la mesure, sans cette auto-limitation (« L’autonomie, strictement, c’est l’autolimitation », disait Cornélius Castoriadis), point de salut.

Nos Desserts :

Notes

[1] Source : étude Insee, “Où fait-on ses courses ?”, 2014. Toujours selon l’institut, il y aurait en France, en 2015, près de 2 045 hypermarchés, entendus comme établissements de vente au détail en libre-service qui réalisent plus du tiers de leurs ventes en alimentation et dont la surface de vente est supérieure ou égale à 2 500 m².

[2] Benoît Bréville, journaliste au Monde diplomatique, a dirigé le hors-série Manière de voir n°142, Ce que manger veut dire.

[3] Xavier Beulin, également PDG de la multinationale agroalimentaire Avril-Sofiprotéol, aurait détenu, jusqu’en 2015, des abattoirs d’animaux importés du Brésil et de Thaïlande… Voir également : http://abonnes.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/07/28/que-reprochent-ses-detracteurs-au-patron-de-la-fnsea_4702196_4355770.html

[4] “Saillie du cheval sur la viande de bœuf”, Le Monde mensuel, n°38, mars 2013.

[5] Agnès Stienne, “La vache, les lasagnes et le minerai”, Manière de voir n°142, Ce que manger veut dire, août-septembre 2015.

[6] Pablo Servigne, “Les migrants venus de Syrie sont aussi des réfugiés climatiques”, 9 septembre 2015.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s