Politique

Anne Steiner : « Il faut faire la grève générale de la consommation »

Sociologue et maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Anne Steiner travaille sur la violence politique. Aux éditions L’Échappée, elle a publié un ouvrage de référence sur la Fraction armée rouge (RAF : guérilla urbaine en Europe occidentale, 2006) ainsi que des livres consacrés aux anarchistes individualistes (Les En-dehors : anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle Époque, 2008), et à la violence sociale et politique à la Belle Époque (Le goût de l’émeute : manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la “Belle Époque”, 2012 ; Le Temps des révoltes : Une histoire en cartes postales des luttes sociales à la “Belle Époque”, 2015). Elle a également consacré un ouvrage (Belleville cafés, photos Sylvaine Conord, L’Échappée, 2010) et des articles à l’évolution de Belleville à travers celle des cafés de ce quartier. Nous sommes revenus avec elle sur l’actualité de ces mouvements du siècle dernier.

Le Comptoir : Vous avez écrit sur divers mouvements libertaires – anarchisme individualiste et anarcho-syndicalisme – de la Belle Époque. En quoi ces courants politiques peuvent-ils nous aider à penser les luttes d’aujourd’hui ?

SteinerAnne Steiner : Ils nous aident à comprendre ce qu’est l’engagement. Ce que veut dire lutter pour l’émancipation. En ce qui concerne les anarchistes individualistes, il y a quelque chose d’intemporel dans leur lutte, qui vaut pour notre temps.

Pour ce mouvement, la transformation de la société passe par la transformation personnelle. Chaque individu doit tendre vers le développement de toutes ses potentialités, dans tous les domaines (intellectuel, affectif, sexuel, physique, sensoriel, artistique). Il y a la conviction qu’il n’y aura pas de changement social s’il n’y a pas au préalable de rupture dans les comportements. Alors que les tenants de la révolution remettent tout effort à plus tard – peuvent être autoritaires avec leurs enfants, vivre des rapports inégalitaires, travailler dans n’importe quelle entreprise à n’importe quelle tâche, et consommer à tout va – en attendant la révolution qui réglera tout, l’anarchiste individualiste s’efforce, lui, d’agir dans tous les actes de sa vie, même les plus infimes, en accord avec son éthique, sans compromis aucun.

Il me semble que leur précepte « vivre en anarchiste ici et maintenant » garde sa haute valeur subversive aujourd’hui encore, dans les conditions qui sont les nôtres.

En ce qui concerne l’anarcho-syndicalisme, c’est beaucoup plus compliqué. C’est une conception de la lutte peu adaptée à la situation actuelle puisqu’elle repose sur l’idée d’une grève générale. Partout au même moment, les travailleurs se rendraient maîtres des lieux de production ainsi que des moyens de communication et de circulation. Le syndicat, organe de résistance, se transformerait alors en organe de circulation et de répartition des biens. La conquête de l’État serait ainsi tout à fait superflue pour passer d’un mode de production à un autre. Mais la division internationale du travail est telle qu’une grève générale dans un seul pays (déjà difficile à concevoir) n’aurait aucun sens aujourd’hui. Et imaginer la réaliser à un niveau planétaire paraît tout à fait déraisonnable.

Certains se réclament encore de l’anarcho-syndicalisme… La CNT par exemple.

Oui, ils se réclament de l’anarcho-syndicalisme au sens où ils défendent leur indépendance vis-à-vis des partis. Ils n’ont cependant plus en tête la grève générale pour arriver à une autre société. Enfin, je ne pense pas, et s’ils l’ont encore, ils font erreur. La plupart des biens de consommation sont produits hors d’Europe. Comment, dans ces conditions, une grève générale pourrait-elle déboucher sur l’avènement d’une société autre ?

« Réduire le temps de travail, c’était permettre aux ouvriers d’avoir une vie en dehors de la production, la possibilité de s’instruire, de développer ses potentialités. »

De quels moyens de lutte disposons-nous alors ?

Aujourd’hui, il faut faire la grève générale de la consommation, c’est le seul levier sur lequel nous pouvons agir. C’est-à-dire qu’il faut réduire de façon drastique sa consommation de biens industriels, se détourner au maximum des circuits marchands, et produire autrement ce que nous considérons comme nécessaire à notre bien-être. Le capitalisme ne survivrait pas à une désertion en masse de la consommation.

N’y a-t-il pas un grand écart entre les anarchistes individualistes, qui ne croient pas en la révolution collective, et l’anarcho-syndicalisme, qui défend la lutte de classes et préconise la grève générale comme moyen ?

Bien sûr. J’ai commencé par travailler sur les anarchistes individualistes, parce que je me reconnaissais davantage dans leurs conceptions. Mais en même temps, en toile de fond, il y avait tous ces mouvements que j’ai eu envie de mieux connaître. Dans leurs publications, notamment dans L’Anarchie, les individualistes tapent pas mal sur les anarcho-syndicalistes. Mais en fait, ils participent quand même plus ou moins aux mouvements que ces derniers initient. Par exemple, lors de la célèbre grève des carriers de Draveil en 1908, les individualistes sont sur les lieux et participent aux meetings comme orateurs ainsi qu’aux manifestations.

l'anarchieAu sein des collaborateurs et collaboratrices de L’Anarchie, il y avait un conflit entre ceux qui pensaient qu’ils n’étaient pas concernés par les revendications ouvrières, et qui étaient assez méprisants par rapport aux luttes syndicales, et ceux qui estimaient au contraire que certaines de ces revendications, comme celle pour les huit heures de travail, les concernaient [au début du XXe siècle, la journée de huit heures de travail était une des revendications phares de la CGT révolutionnaire, NDLR]. Car réduire le temps de travail, c’était permettre aux ouvriers d’avoir une vie en dehors de la production, la possibilité de s’instruire, de développer ses potentialités.

Les anarchistes individualistes sont, selon la terminologie de Gaetano Manfredonia, des “éducationnistes-réalisateurs” : ils croient en l’éducation, en particulier sous la forme de l’auto-éducation. Car seul un homme éduqué, libéré des préjugés de son temps, soumis à la seule autorité « de l’expérience et du libre examen », sera capable d’œuvrer pour l’émancipation. Dans leur grande majorité, eux-mêmes avaient quitté l’école à 12 ou 13 ans, étaient des autodidactes et possédaient une culture assez remarquable en sciences et en philosophie. C’est notamment le cas de ceux qui furent inculpés dans l’affaire Bonnot dont on connaît précisément les lectures et les commentaires.

C’est au nom de cette conception que deux femmes, qui avaient cofondé L’Anarchie avec Albert Libertad, Anna et Amandine Mahé, considéraient qu’il fallait soutenir, en tant qu’individualistes, la formidable mobilisation engagée par la CGT pour la journée de huit heures. Pour que le prolétariat accède à la culture, et échappe ainsi aux préjugés et à la résignation. Après la mort de Libertad en novembre 1908, elles se sont d’ailleurs éloignées des individualistes de L’Anarchie pour rejoindre l’équipe du Libertaire de Sébastien Faure, davantage intéressée par les luttes sociales.

L’anarchisme individualiste ne tombe-t-il pas dans ce que Murray Bookchin appelait le « lifestyle anarchism » (« anarchisme comme mode de vie »), qui se révèle finalement être un cheval de Troie du libéralisme au sein du mouvement libertaire.

Non, absolument pas !

Pourquoi ?

Parce que le mode de vie anarchiste individualiste représente une forme d’ascèse. Le « vivre sa vie » des individualistes d’avant 1914 n’est pas tout à fait l’équivalent du « jouir sans entraves » des libertaires de Mai-68. Il y a chez eux une aspiration à la simplicité volontaire (végétarisme, refus de l’alcool et du tabac, nudité ou vêtement minimal, mais sexualité libre) et la recherche d’une frugalité joyeuse qui reposent sur la limitation des besoins, le refus de la marchandisation. Et ceci est contradictoire avec le libéralisme.

Dans votre dernier ouvrage, Le Temps des révoltes, vous expliquez que le mouvement ouvrier était assez hostile au travail des femmes pour diverses raisons. Quelle place pour le féminisme alors ?

L’hostilité au travail des femmes est surtout liée au refus de la déqualification du travail entraînée par l’industrialisation. Là où on employait des hommes porteurs d’un savoir-faire acquis par des années d’apprentissage, on emploie, grâce à l’utilisation de nouvelles machines, des femmes ou des adolescents non formés et sous payés. D’autre part, les ouvriers se battent pour que leurs salaires soient suffisants à l’entretien d’une famille. Il y a le sentiment que si les femmes mariées travaillent, c’est parce que les salaires masculins sont insuffisants. Et il y a aussi la conviction que l’usine est un lieu de dépravation pour les femmes soumises aux avances et aux pressions des contremaîtres. Mais avant tout, les femmes – qui représentent alors 37 % des effectifs de l’industrie avant la guerre de 1914 – sont vues comme des concurrentes sur le marché du travail. C’est une main d’œuvre bon marché.

« Au sein du mouvement ouvrier, les figures féministes ont un rôle d’éveilleur des consciences des femmes, parce que ces dernières étaient souvent moins politisées que les hommes »

Il y a cependant au sein du mouvement ouvrier des figures féministes, comme Antoinette Sorgue ou Gabrielle Petit, qui font des conférences dans toute la France à l’appel des sections syndicales et qui incitent les femmes à adhérer à la jeune CGT, alors syndicaliste-révolutionnaire. Elles sont présentes lors des grèves et participent aux meetings et manifestations. Mais ce n’est pas du féminisme au sens très contemporain du terme. Elles sont solidaires des hommes, car la contradiction principale passe pour elles entre le capital et le travail. Elles ont un rôle d’éveilleur des consciences des femmes, parce que ces dernières étaient souvent moins politisées que les hommes. Pour ces féministes, l’émancipation des travailleuses passe par la participation aux luttes syndicales.

images.duckduckgo.comC’est l’époque où des militants et militantes qualifié(e)s de “commis-voyageurs des grèves”, allaient de ville en ville pour donner des conférences. Souvent, après leur passage, une section CGT était créée, et une grève éclatait quelques semaines plus tard. La différence entre les conférencières et les conférenciers de cette période, c’est que les premières ne parlaient pas que du syndicalisme. Elles diffusaient également une propagande néo-malthusienne pour la limitation des naissances – expliquant même comment faire pour se protéger lors des rapports – et tenaient un discours antimilitariste et anticlérical appuyé. Les femmes étaient alors davantage sous l’emprise de l’Église que les hommes et ceci pouvait être un obstacle à la prise de conscience des rapports de classe. Il fallait donc combattre sur ce front-là. Ainsi, le journal La femme affranchie fondé par Gabrielle Petit en 1904 porte la mention « organe du féminisme ouvrier socialiste et libre-penseur, tribune libre pour tous les protestataires ».

D’autre part, les femmes au travail sont confrontées à des problèmes spécifiques Ainsi, à Limoges, en 1905, la grève éclate dans le contexte d’une lutte contre le harcèlement pratiqué par un contremaître. C’était vraiment des comportements assez généralisés, contre lesquels les femmes ont beaucoup lutté. Ce n’est pas toujours dit quand des grévistes femmes exigent le départ d’un contremaitre, mais c’est souvent parce qu’il est harceleur[i]

Bien des grèves ont eu, comme point de départ, comme élément déclencheur, la remise en cause de l’arbitraire du personnel d’encadrement au moment où se met en place une véritable discipline industrielle dans les ateliers.

« Il y a une relation d’amour-haine avec la République. Si les ouvriers conscients la critiquent aussi âprement c’est parce qu’ils croient ou ont cru en elle et qu’elle ne tient pas ses promesses. »

Dans Le Temps des révoltes, ainsi que dans Le goût de l’émeute, on constate que le mouvement ouvrier ne devait pas se battre uniquement contre la bourgeoisie, mais contre la République elle-même, alors que le pouvoir politique est largement à gauche (coalition radicaux, radicaux-socialistes, républicains de gauche). Un socialisme républicain est-il envisageable ?

Il y a une relation d’amour-haine avec la République. Si les ouvriers conscients la critiquent aussi âprement c’est parce qu’ils croient ou ont cru en elle et qu’elle ne tient pas ses promesses. Les fabuleux dessinateurs de la presse ouvrière de la Belle Époque peignent une Marianne méprisée pour ses trahisons. Il y a aussi des chansons de grève reproduites dans le journal La Guerre sociale telles que : « Marianne tu n’es qu’une catin ! Tous tes sales maquereaux, tes juges, tes généraux iront à la rivière… » C’était l’amante du prolétariat qui a préféré frayer avec le bourgeois, « À ses promesses, elle a menti, elle tourne le dos aux petits, Elle flirt’ avec les grands. » On la représente aussi en marâtre. C’est la mauvaise mère qui envoie à Biribi les plus déshérités de ses fils. Toutes ces représentations sont empreintes d’amertume.

La République est vue comme une duperie, tout comme la démocratie représentative. Il y avait, à l’époque, pas mal de députés socialistes sortis du rang, bien plus qu’aujourd’hui d’ailleurs. Par exemple, dans le Nord, les députés sont d’anciens mineurs. Mais c’est vrai qu’une fois à la Chambre, avec des revenus confortables, une nouvelle sociabilité, de nouvelles mœurs, une coupure se fait. Ils deviennent des bourgeois qui ne représentent plus les intérêts ouvriers. Du moins, c’est ainsi qu’ils sont perçus. En fait, ce ne sont pas vraiment des traîtres à la classe ouvrière, mais ils se placent dans une autre optique, plus réaliste et plus réformiste. Cela est mal perçu par la base mais on ne peut pas dire que le mouvement ouvrier soit antirépublicain. On le verra bien avec l’union sacrée en 1914 où il s’agit de défendre la France républicaine contre le Kaiser.

Ces désillusions et ces rancœurs par rapport à la démocratie suivent de près l’affaire Dreyfus. C’est-à-dire un moment où les ouvriers se sont levés en masse pour défendre la République. Ils l’ont sauvée, les dreyfusards sont au pouvoir et pourtant, la classe ouvrière est maltraitée. Ils ont donc le sentiment de s’être fait avoir.

Un peu plus tôt, la Commune se fonde également autour d’une certaine idée de la République.

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La une de La Guerre Sociale, après la mort de Liabeuf

Oui, absolument. Mais ce sont surtout les conséquences de l’affaire Dreyfus sur le plan politique qui jouent un rôle dans la désaffection du prolétariat organisé pour les institutions démocratiques. Les ouvriers ont accepté de défendre un bourgeois, un officier, alors que l’armée a été utilisée comme force de répression des grèves. Cela n’allait pas du tout de soi. Mais ils l’ont fait, au nom de la justice, et parce que la République était menacée par les cléricaux et les monarchistes. Le résultat politique de tout ça, c’est l’accession au pouvoir des radicaux et radicaux socialistes qui ne font, en fait, que servir les intérêts de la bourgeoisie.

Les militants ouvriers qui, pour sauver la République, avaient fait alliance avec la bourgeoisie libérale, aimeraient que cette même bourgeoisie se manifeste, à son tour, quand des figures ouvrières sont victimes de l’arbitraire de la justice. Vous avez par exemple, en 1910, le docker Jules Durand, accusé à tort du meurtre d’un “jaune” et condamné à mort ; le disciplinaire Rousset, victime d’une machination pour avoir dénoncé la mort sous la torture du soldat Aernoult dans les bagnes militaires d’Afrique ; ou encore le jeune cordonnier Liabeuf injustement accusé de proxénétisme et qui tua un policier pour venger son honneur. La presse ouvrière s’est indignée du silence de la presse libérale par rapport à ces “Dreyfus ouvriers” et a demandé aux intellectuels dreyfusards de s’engager pour eux. Ce qu’ils ont fait d’ailleurs.

Sur l’affaire Dreyfus, Jean-Claude Michéa explique que le mouvement ouvrier est hostile à Dreyfus, car c’est un bourgeois…

Seulement au tout début. Il ne faut pas oublier que le premier à s’engager pour Dreyfus, avant même Zola, a été Bernard Lazare, très proche des anarchistes. Et que Sébastien Faure, bientôt rejoint par Emile Pouget le soutint très tôt. Le socialiste Jean Allemane, partisan de la grève générale, également. Dire que le mouvement ouvrier, dans toutes ses composantes, a été hostile à Dreyfus est inexact. Et, dans leur grande majorité, les anarchistes ont réagi tôt et bien.

Et qu’une partie des anarcho-syndicalistes auraient refusé jusqu’à la fin de le défendre.

Oui. Enfin, chez les anarcho-syndicalistes, il n’y a qu’une petite frange qui n’a pas voulu, comme chez les anarchistes. Même si le mouvement ouvrier n’est pas toujours irréprochable sur la question, ceux qui n’ont pas voulu s’associer à ce combat n’étaient pas forcément des antisémites. Il n’était pas besoin d’être antisémite pour considérer que la défense de Dreyfus ne concernait pas les ouvriers. Car, en tant que bourgeois, et surtout en tant que militaire, c’était un ennemi de la classe ouvrière à une époque où l’armée était chargée de la répression lors des grèves, répression qui faisait des morts.

Dans Le Temps des révoltes, vous expliquez que « De 1905 à 1911, on compte entre 1 000 et 1 500 grèves par an, d’une durée moyenne de 15 jours, certaines se prolongeant au-delà. Sans l’existence d’une forte solidarité, la faim serait vite venue à bout de ces résistances ouvrières. » Est-ce que l’affaiblissement de cette solidarité expliquerait la faiblesse des luttes aujourd’hui ?

L’affaiblissement des luttes s’explique d’abord parce qu’on n’a plus besoin des ouvriers. Entre machinisme et délocalisation, ils sont devenus résiduels en Europe. Le prolétariat d’aujourd’hui est un prolétariat de service (manutention, vente, transport, nettoyage, etc.). Mais, on ne fabrique plus rien. Ou pas grand chose.

« Une victoire locale avait valeur de victoire générale, de victoire du prolétariat tout entier. Cela allait bien au-delà des quelques concessions arrachées, et rapprochait du monde autre qu’on aspirait à construire. »

Aujourd’hui, ce sont surtout contre les licenciements que luttent les ouvriers. Mais si on licencie, c’est qu’on n’a déjà plus besoin d’eux, leur grève ne porte aucun coup fatal à ceux qui les emploient et qui s’apprêtent à les licencier. Comment voulez-vous lutter pour une usine qui va, de toute façon, fermer ? C’est perdu d’avance. Tout au plus parviendra t-on à gonfler les indemnités de départ.

À l’époque, on avait vraiment besoin d’ouvriers dans le secteur de l’énergie (charbon) comme de la production. S’ils faisaient grève et tenaient longtemps, les capitalistes devaient fatalement finir par plier. La solidarité avait alors un sens et se déployait sur l’ensemble du territoire et dans tous les corps de métier pour leur permettre de durer et de l’emporter. Une victoire locale avait valeur de victoire générale, de victoire du prolétariat tout entier. Cela allait bien au-delà des quelques concessions arrachées, et rapprochait du monde autre qu’on aspirait à construire. Il y avait une vision d’avenir qui n’a plus cours aujourd’hui. Et sans laquelle il est bien difficile de se mobiliser.

La bureaucratisation de la CGT ou la mainmise du PCF sur le mouvement ouvrier n’ont joué aucun rôle selon vous ?

C’est effectivement un peu un drame, mais cela nous plonge bien avant, quand les luttes étaient encore d’actualité. Dès le début des années 1920, la composante majoritaire de la CGT est passée sous la dépendance du PCF, lui-même soumis à l’Internationale communiste, c’est-à-dire au PCUS. Mais cela n’a signifié ni l’arrêt des luttes, ni celui de la solidarité. La preuve, il y a eu le Front populaire et de très belles grèves. Pendant la grève des mineurs, après la Seconde Guerre-mondiale, il y a eu des exodes d’enfants comme ceux que j’ai décrit pour la Belle Époque : des enfants de mineurs sont venus sur Paris et ont été accueillis par des familles ouvrières. Les solidarités ont continué à exister quand bien même elles avaient quelque chose de moins spontané.

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À la Belle Époque, ces solidarités s’organisent déjà localement, parce que ce sont de vraies collectivités ouvrières qui existent : les petits commerçants font des prix, les petits paysans donnent des légumes. On organise les soupes. Il y avait des souscriptions qui passaient par les journaux ouvriers. Les noms des donateurs figuraient dans la rubrique consacrée aux grèves de La guerre sociale ou de L’Humanité. Vous pouvez avoir une grosse usine de métallurgie qui fait un chèque conséquent et un cordonnier de Sète qui va envoyer cinq francs. On voit que finalement, quand il y a une grève importante, cela sensibilise tous les corps de métiers, sur tout le territoire. Et parfois même, la solidarité est internationale, comme dans le cas des grèves de dockers.

Dans vos deux ouvrages, on constate également qu’à côté des luttes ouvrières, il existait également des luttes agricoles. Existait-il une convergence entre les mouvements ?

Dans le cas du Midi [la révolte des vignerons du Languedoc en 1907, parfois aussi appelé “révolte des gueux”, NDLR], c’est compliqué, car il y a aussi une dimension occitane, sud contre nord. Mais à partir du moment où la répression frappe, la CGT soutient et affirme que la révolte des viticulteurs s’inscrit dans le cadre du mouvement ouvrier.

Mais il s’agit d’une lutte interclassiste. Au départ, ce sont surtout des salariés agricoles et des petits exploitants, mais assez vite des exploitants plus importants luttent à leurs côtés. Ce sont les modalités du combat plutôt que les buts qui permettent de l’associer au mouvement ouvrier. Par contre, la révolte de Champagne (1911) est plus proche du syndicalisme révolutionnaire. Il y a un certain nombre de petits vignerons qui se reconnaissent dans le mouvement et qui lisent la presse syndicaliste et anarchiste. Un espoir existe du côté ouvrier, de voir converger ces mouvements, mais ça retombe souvent.

Ce qui peut être surprenant : dans une analyse marxiste, on voit surtout les luttes paysannes comme des luttes réactionnaires…

Oui, Marx n’aimait pas les paysans et les comparait à des pommes de terre dans un sac, identiques mais séparées les unes des autres (rires)[ii] ! Il avait tort, une lutte paysanne peut être authentiquement révolutionnaire. Là, elles le sont au moins dans leur méthode. Mais en même temps, dans le cas de la Champagne, le but est un peu nul : obtenir une délimitation, une appellation contrôlée[iii]. On en arrive à une opposition violente, une concurrence entre viticulteurs de régions proches qui pourraient, face aux négociants, prendre conscience de leurs intérêts communs. Et puis ils se focalisent trop sur la fraude alors que ce sont les procédés de fabrication qui devraient être mis en cause, le fait que la production agricole est captée par les négociants et le capital. Dans le Midi, ils devraient également questionner la pertinence de la monoculture de la vigne.

Vous avez également écrit sur le Paris populaire, notamment Belleville. Quelles grandes évolutions avez-vous constaté ? Ce que l’on nomme la “gentrification” dénote-t-elle une lutte de classes pour l’espace ?

ClervalJe ne suis pas spécialiste de ces questions, mais je suis assez agacée par le terme de “gentrification” parce que, de toute façon, il y a une spéculation immobilière qui pousse les gens du centre vers les quartiers et même vers les localités périphériques. Présenter le processus de gentrification comme un complot venu d’en haut pour casser les solidarités populaires me semble tout à fait fantaisiste : on va d’abord mettre quelques artistes dans des squats, ce qui va attirer des classes moyennes, et progressivement éloigner les “classes populaires”, etc. À Paris, les prix progressent du centre vers la périphérie et les gens sont obligés d’aller de plus en plus loin. Cela ne date pas d’hier. Parmi ceux que l’on nomme “gentrificateurs”, il y a des tas de gens qui de toute façon, n’ont pas les moyens de vivre ailleurs que dans ces quartiers dits populaires et je ne vois pas vraiment pas pourquoi ils ne seraient pas légitimes là où ils s’installent. Pourquoi ? Parce qu’ils ont bac+5 et qu’ils sont Blancs (car c’est bien cette terminologie qu’ont en tête les pourfendeurs de la gentrification, n’est ce pas ?) ? Ils devraient vivre où exactement ? À Villeneuve-Saint-Georges dans un deux pièces coincé entre autoroute et voie de chemin de fer ? Dans un pavillon de banlieue lointaine ? Ils seraient légitimes, là ?

Je connais des tas de gens avec des revenus faibles et précaires et cependant dotés d’un fort capital culturel. Enfants ou petits enfants d’ouvriers, sans héritage aucun. Ils vivent dans ces quartiers. Plus de la moitié de leur budget passe dans leur loyer. Ils ne possèdent ni voiture, ni permis même, et vivent dans une grande sobriété. On va les appeler “gentrificateurs” ? Ou utiliser pour les désigner le qualificatif infâmant et poujadiste de “bobo” ? Ou de hipster ?

Mais qu’est-ce que le peuple ? Je pense à ce livre, Paris sans le peuple [publié en 2013 aux éditions La Découverte, par la géographe Anne Clerval, NDLR]. Est-ce que ce sont les ébénistes, les gens du cuir, les petits métallos du Nord-Est parisien ? Non, ils ont disparu à jamais et ne reviendront plus. Implicitement, il y a un peu l’idée que le peuple aujourd’hui se résumerait aux immigrés post-coloniaux et à leurs descendants. Et encore en excluant ceux d’entre eux qui ont rejoint les classes moyennes à capital scolaire élevé. Pourquoi le peuple se résumerait-il à ces seules catégories ? Toute la structure sociale s’est élevée vers le haut durant les dernières décennies, du moins en termes d’années de formation. Il y a 28 % de cadres moyens et supérieurs en 1982 contre 41 % en 2012 ; 2,7 % de salariés titulaires d’un diplôme du supérieur en 1962 contre 32,5 % en 2007. Un tiers de la population serait-elle hors peuple ?

Alors, qu’est-ce que le peuple ? Les gens assassinés aux terrasses des cafés parisiens en novembre ne sont-ils pas du peuple ? Leur présence dans ce quartier est-elle entachée d’illégitimité ? Les commandos du 13 novembre ont-ils réalisé une opération de dégentrification un peu rude ?

Je remarque que les pourfendeurs de la gentrification ne remettent jamais en question le droit du bourgeois du VIIIe à vivre dans le VIIIe. Nul ne lui cherche querelle. Il n’est pas illégitime là où il vit, lui !

« La cohabitation au sein d’un même espace résidentiel de personnes de niveaux culturels très différents et de situations professionnelles diverses n’est pas facile. »

On pourrait également penser que Paris ne regrouperait aujourd’hui qu’une petite bourgeoisie culturelle alors que la banlieue concentrerait les prolétaires issus de l’immigration et le périurbain réunirait plutôt les prolétaires blancs pour schématiser, par exemple, les travaux de Guilluy ?

Oui, mais il ne faut pas oublier – et cela, les Pinçon-Charlot [Monique et Michel, NDLR] le montrent bien –, que dans les quartiers “gentrifiés” de l’Est parisien, il y a un fort pourcentage de logements sociaux dans lesquels logent des prolétaires – mais pas au sens où ils travaillent en usine –, dont beaucoup sont issus de l’immigration postcoloniale. Ces habitants vont rester là puisque ce sont des logements sociaux récents et non de l’habitat vétuste ayant vocation à être démoli. Ce sont des quartiers qui ne seront jamais totalement gentrifiés. Il y a d’ailleurs des cités “sensibles” au cœur même de Paris. Donc, les “gentrificateurs” ne resteront pas forcément là, passé un certain âge. Quand ils fondent une famille, ils n’ont souvent pas les moyens d’avoir un logement assez grand dans ces quartiers. Et même dans le cas contraire, ils sont confrontés à assez d’inconvénients pour envisager de partir, comme le problème de la scolarisation des enfants qui peut pâtir de l’environnement à partir du niveau du collège, et même avant.

Ce qu’on appelle “mixité sociale” ou “vivre ensemble” sont des slogans qui sonnent creux. La cohabitation au sein d’un même espace résidentiel de personnes de niveaux culturels très différents et de situations professionnelles diverses n’est pas facile. Surtout quand l’écart est grand. On ne voit pas pourquoi des rapports d’hostilité ne se développeraient pas. Il faut n’avoir jamais éprouvé la “haine de classe” pour ne pas le comprendre. Et cette rugosité dans les rapports n’est pas forcément à déplorer.

Il y a toujours eu des quartiers populaires et des quartiers bourgeois dans toutes les villes et à toutes les époques. Les seuls prolétaires des quartiers bourgeois, c’était les domestiques logés sur place, et quelques commerçants et artisans tenant boutique dans le quartier.

Nos Desserts :

Notes :

[i] Dans Le Temps des révoltes, Anne Steiner explique : « L’hostilité au travail féminin s’explique aussi par la conviction que l’usine est aussi un lieu de dépravation où la femme se trouve exposée aux avances des hommes, en particulier à celles des contremaîtres. Ces derniers, maîtres de l’embauche et de l’attribution des postes de travail, ont aussi le pouvoir de maître à l’amende et de décider du renvoi des ouvriers. Ce qui les met en position de pouvoir exiger certaines faveurs et de tourmenter celles qui leur résistent. »

[ii] « Les paysans parcellaires constituent une masse énorme dont les membres vivent tous dans la même situation, mais sans être unis les uns aux autres par des rapports variés. Leur mode de production les isole les uns des autres, au lieu de les amener à des relations réciproques. […] La parcelle, le paysan et sa famille ; à côté, une autre parcelle, un autre paysan et une autre famille. Un certain nombre de ces familles forment un village et un certain nombre de villages un département. Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon qu’un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre. » Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1852

[iii] Référence à la révolte des vignerons de la Champagne en 1911. Entre 1907 et 1910, les récoltes marnaises sont mauvaises. Les négociants en vin, plutôt que d’augmenter le prix du raisin, préfèrent s’approvisionner dans l’Aube, pourtant située en-dehors de la délimitation de l’appellation Champagne depuis le 17 décembre 1908. C’est cette délimitation qui est au cœur du conflit.

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12 réponses »

  1. Quand ça sort de la bouche de Daniel Cohen je peux comprendre, mais de la part d’Anne Steiner je suis assez surpris de lire qu’ « on n’a plus besoin des ouvriers ». Vous oubliez qu’ils représentent encore près de 20% de la population active et qu’ils sont donc toujours nombreux à travailler dans nos usines automobiles, agroalimentaires, etc. Certes, ils sont moins nombreux, moins visibles…et peut-être pas assez proche de la figure mythique que l’on s’en fait (l’OS des 70’s) pour qu’on puisse les voir… Et ce prolétariat de service dont vous parlez, en quoi serait-il condamné à affaiblir les luttes ? En quoi le fait de ne plus rien fabriquer empêche t-il de lutter ? Les ouvriers des entrepôts par exemple, ne sont pas classés dans l’industrie, mais s’ils cessaient le travail les rayons de nos supermarchés se videraient en quelques jours seulement. A eux seuls, ils représentent plus de 10% de l’emploi ouvrier en France. Et leurs conditions de travail n’ont rien à envier à celles des mineurs que l’on glorifie.
    Voir ici par exemple : https://nrt.revues.org/240

    Le prolétariat industriel + le prolétariat de service, c’est toujours près de la moitié de la population active en France, que l’on exploite pour des cacahouètes aux services des dominants. Ne plus voir ça et se contenter de prôner la grève de la consommation, c’est un peu triste quand même…

    • Je pense pas qu’elle dise qu’on a plus besoin des ouvriers…c’est juste que l’ouvrier en question n’a plus aucune « puissance de frappe » quand il fait grève puisque l’entreprise décide déja de s’en séparer, qu’il est remplaçable par des machines…
      Moi je pense qu’il n’est pas remplacable, mais c’est vrai que la classe industrielle est beaucoup trop nombreuse, par rapport aux besoins réels de la population. Et à un moment donné toute entreprise si bien tenue qu’elle soit ne peux pas embaucher autant de personnes en respectant les promesses faites aux actionnaires. Ca vous dérange? Alors arrêtez de les nourrir, de travailler dans leurs usines, d’acheter leur production…C’est ca la grève de la consommation et honnêtement c’est le seul coup d’éclat que l’on peut se permettre, car toute action individuelle, aussi belle et ingénieuse soit-elle, est vouée à l’échec…

  2. Les sociétés bien en vue, grosses et administrations font tout ce qui leur permet de réduire leurs coûts. Elles sous-traitent les emplois subalternes, nettoyages, services, gardiennages, standards, et tous les petits travaux. Ainsi EDF a ERDF, Orange disposent de multiples sociétés de sous-traitances pour les travaux chez leurs clients, sur leurs chantiers, les sociétés du BTP agissent de la même façon. Vous commandez des travaux à une société bien en vue et vous voyez arriver chez vous des sous-traitants. Vous commandez une marchandise, et celle-ci arrive soit en mauvais état, arrive en retard ou n’arrive pas et la société avec laquelle vous aviez traité n’est pas responsable…
    Le tissu social se liquéfie, l’unité des masses laborieuses n’est plus de mise, on est au stade du chacun pour soi. Comment voulez-vous qu’un employé protégé par le statut social d’une grosse entreprise, se préoccupât d’un individu (sous-traitant) avec lequel il ne partage pas la précarité déjà tout occupé qu’il est lui-même à conserver sa place !
    Diviser pour régner était un adage bien connu, nos chers patrons l’ont mis en application…

    • Sans pour autant faire grève, c’est la machine elle-même qui va bientôt ne plus tourner et déjà on en ressent les prémisses quand les produits fabriqués ne trouvent plus d’acquéreurs.
      Des montagnes d’invendus commencent à remplir les entrepôts.
      Les chinois avec leur fabrications inondent le marché, ils commencent à réaliser qu’ils ne tiendront plus longtemps avec leur croissance à deux chiffres !
      Les prix commencent à baisser et malheureusement pour eux ils commencent à réaliser qu’ils ne gagneront pas autant de pognons qu’ils l’espéraient.
      Tout à une fin ! Quand on met la charrue avant les bœufs, quand on récolte avant d’avoir semé, quand on vend avant d’avoir produit, quand on achète avant d’avoir les moyens de se procurer des biens, quand on se met la tête à l’envers, tôt ou tard vous la perdez !

  3. Les sociétés bien en vue, grosses et administrations font tout ce qui leur permet de réduire leurs coûts. Elles sous-traitent les emplois subalternes, nettoyages, services, gardiennages, standards, et tous les petits travaux. Ainsi EDF a ERDF, Orange disposent de multiples sociétés de sous-traitances pour les travaux chez leurs clients, sur leurs chantiers, les sociétés du BTP agissent de la même façon. Vous commandez des travaux à une société bien en vue et vous voyez arriver chez vous des sous-traitants. Vous commandez une marchandise, et celle-ci arrive soit en mauvais état, arrive en retard ou n’arrive pas et la société avec laquelle vous aviez traité n’est pas responsable…
    Le tissu social se liquéfie, l’unité des masses laborieuses n’est plus de mise, on est au stade du chacun pour soi. Comment voulez-vous qu’un employé protégé par le statut social d’une grosse entreprise, se préoccupât d’un individu (sous-traitant) avec lequel il ne partage pas la précarité déjà tout occupé qu’il est lui-même à conserver sa place !
    Diviser pour régner était un adage bien connu, nos patrons l’ont mis en application…

  4. Tout citoyen doit réfléchir comme un homme d’état, voir dans le partage comme une vache laitière s’il le faut. Au dessus de chaque grand, il y a un GRAND. Allah qu’on lui doit allégeance, dit dans sourate israa :

    (29) Ne porte pas ta main enchaînée à ton cou [par avarice], et ne l’étend pas non plus trop largement, sinon tu te trouveras blâmé et chagriné.

    (30) En vérité ton Seigneur étend Ses dons largement à qu’il veut ou les accorde avec parcimonie. Il est, sur Ses serviteurs, Parfaitement Connaisseur et Clairvoyant.

    (31) Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté; c’est Nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c’est vraiment, un énorme péché.

    (32) Et n’approchez point la fornication. En vérité, c’est une turpitude et quel mauvais chemin!

    (33) Et, sauf en droit, ne tuez point la vie qu’Allah a rendu sacrée. Quiconque est tué injustement, alors Nous avons donné pouvoir à son proche [parent]. Que celui-ci ne commette pas d’excès dans le meurtre, car il est déjà assisté (par la loi).

    (34) Et n’approchez les biens de l’orphelin que de la façon la meilleure, jusqu’à ce qu’il atteigne sa majorité. Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements.

    (35) Et donnez la pleine mesure quand vous mesurez, et pesez avec une balance exacte. C’est mieux [pour vous] et le résultat en sera meilleur.

    (36) Et ne poursuis pas ce dont tu n’as aucune connaissance. L’ouïe, la vue et le cœur: sur tout cela, en vérité, on sera interrogé.

    (37) Et ne foule pas la terre avec orgueil: tu ne sauras jamais fendre la terre et tu ne pourras jamais atteindre la hauteur des montagnes !

    (38) Ce qui est mauvais en tout cela est détesté de ton Seigneur.

  5. Bonjour à tous.

    Je suis très (avec bonheur) des commentaires; Ceci prouve que les moutons s’éloigne ! Madame Anne Steiner votre article est un modèle du genre ! L’ouvrier (en tant que telle n’existe plus) le Syndicalisme a bout de souffle s’accroche aux branches de leur relique exacerbent un nouveau prolétariat à émerger. Mais celui-ci ne viendras pas ! 1 % détiens la fortune du monde, mais ce capital est fragile est peu s’écrouler a tous moment. Votre article en est la clé, eux savent très bien que la grève générale de la consommation sonnerais leur glas. Beaucoup commence à prendre conscience de cela, je regarde les parkings des supermarchés diminué serait-ce un signe ?

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