Politique

Bakary Sakho : « L’être humain a besoin de garder contact avec ses racines »

En pleine crise du livre, certains courageux osent quand même se lancer dans l’édition. En ce début d’octobre, le dernier né de la profession, Faces cachées, publie son premier ouvrage intitulé “Je suis”. Loin d’une autobiographie, l’auteur, Bakary Sakho, essaie de parler des cités quelque dix années après les fameuses émeutes de 2005, à travers son identité de noir, musulman, Français et son expérience de militant associatif dans les quartiers populaires du XIXe arrondissement de Paris. C’est sur son lieu de travail – une loge de gardien dans un immeuble près du métro Crimée, ligne 7 – qu’il nous reçoit, afin de discuter de son livre, et plus largement des “quartiers”. Un entretien entrecoupé d’interventions des habitants de l’immeuble, où le tutoiement s’impose de lui-même, dès les premières secondes de l’échange.

Le Comptoir : Il y a dix ans, les banlieues s’embrasaient après les décès tragiques de Zyed Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-Bois (93). Quel regard portes-tu sur ces événements ?

Bakary SakhoBakary Sakho : Mon constat est plutôt simple. Malgré toutes les actions qui ont été mises en place – et qui sont réelles –, rien n’a vraiment changé. Ça a été un tournant et un avertissement pour nous. On aurait pu se saisir de cette tragédie pour mieux se faire entendre, mieux se faire comprendre et se réorganiser. On n’a pas su le faire. C’est aujourd’hui une grande déception, mais aussi un avertissement, au sens où ça nous est déjà arrivé une fois, à nous, Français, habitant des quartiers populaires, et ça peut se reproduire. Il faut donc qu’on s’organise pour pouvoir éloigner ce genre de phénomènes et que, lorsque deux gamins des quartiers croisent la police, ils n’aient pas à s’enfuir pour se retrouver dans un transformateur et finir brûlés vifs. Où est-ce qu’en France, il y a ce genre de choses ? Ça n’existe pas, si ce n’est dans nos quartiers. Il n’y a que chez nous où il y a cette crainte de la police. Le résultat du procès ne m’a même pas surpris, je ressentais déjà le verdict et la relaxe des policiers. Personnellement, je n’avais même pas envie qu’ils soient condamnés. Ce n’est pas le problème. Mon sentiment, dès 2005-2006, c’est que quand deux enfants meurent et qu’un quartier est en peine – même s’il y a eu des débordements qu’il faut dénoncer –, il devrait y avoir un deuil national. Ça aurait montré que ce n’est pas une question de quartiers populaires, de Noirs et d’Arabes, d’enfants issus ou pas de l’immigration qui sont décédés. La mort aurait dû mettre tout le monde d’accord. Mais à l’inverse, cette tragédie a créé une nouvelle scission et la France s’est encore plus divisée. À la fin, la conclusion a été qu’il y a un malaise dans les banlieues à cause d’un problème de représentativité médiatique, alors ils nous ont mis Harry Roselmack à la télévision et ont fait parler un peu Lilian Thuram, en espérant que cela nous calmerait. Mais le problème n’était pas là. Cependant, c’est notre faute à 99 % et à 1 % celle de l’État : pourquoi on ne prend pas pleinement nos engagements et nos responsabilités ?

« Le malaise et l’inégalité sociale existent toujours. »

Dans une tribune publiée il y a deux ans et demi, Akhenaton constatait la dépolitisation progressive des jeunes de banlieue depuis la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. On pourrait donc penser que les émeutes de 2005 ont marqué une sorte d’autodestruction des quartiers par manque de politisation. Ton avis ?

Je pense qu’il rêve. La Marche pour l’égalité a donné quoi, trente ans plus tard ? Aujourd’hui, on parle de “Marche des Beurs” pour la dévaloriser. Cette génération a fait un gros travail, oui. Ils se sont organisés. Mais au bout de combien de temps et de combien de morts ? Nous, c’est seulement Zyed et Bouna. Mais à cette époque, c’était une trentaine de morts : on abattait les Maghrébins comme si c’était des lapins ! Ils étaient politisés et ça a donné quoi ? Ça a permis une amélioration des banlieues ? Non, c’est des salades. Chacun croit son époque meilleure que celle qui va suivre. Moi, je suis né en 1980. Quand j’ai commencé à être dans la rue, de 1989 à 1992, c’était le bordel ! Le rap a émergé dans sa manière la plus puissante à la fin des années 1980, justement pour dénoncer la situation. Le morceau 11’30 contre le racisme, auquel Akhenaton a participé, sort longtemps après la Marche pour l’égalité (en 1997, NDLR). Ni cette marche, ni 2005 n’ont eu un quelconque effet. Je crois même que ma génération est la plus politisée qui existe. Parce que nous, nous sommes massivement organisés dans le milieu associatif. On travaille bénévolement toute la journée. Là, aujourd’hui, on est où ? Dans ma loge, je suis gardien d’immeuble. Je n’ai pas choisi n’importe quel métier. J’aurais pu faire autre chose, être dans un bureau et mieux gagner ma vie. Mais j’ai choisi un métier de terrain, qui me permet d’avoir du temps, de recevoir des gens, de communiquer, de discuter et de mettre des projets en place.

« Noir, Blanc, croyant, non croyant, jeune, vieux : tu habites quelque part, tu en es responsable. »

Notre génération a fait plus que celle des années 1980, à différents niveaux. Regarde, toi, par exemple : t’es un jeune journaliste issu d’un quartier populaire ? Il n’y en avait pas autant à notre époque. Les sportifs et les artistes sont beaucoup plus engagés aussi, même s’il y a une dérive dans le rap. Je ne veux pas dire que c’est mal ce qui se fait dans le rap. Je veux juste dire qu’on met plus en avant des trucs comme la trap, plutôt que le rap dit “conscient”. Ce dernier existe encore mais il ne passe pas sur Skyrock.

Je ne joue pas au jeu du “c’était mieux avant” ou “c’est mieux maintenant”, mais il y a des listes politiques indépendantes qui se montent. Ça reste très difficile de se faire entendre, par manque de moyens face aux gros partis politiques, de droite ou de gauche. Mais nous, on a le peuple avec nous. Il nous manque juste les moyens et la formation. Ça se fait de plus en plus. Aujourd’hui, il y a des gens qui ont fait de grandes écoles de com’, de l’urbanisme, ou des anciens chefs de cabinet qui viennent nous rejoindre. Je crois que, quand on arrivera à faire comprendre que rien ne changera avec la violence, mais que tout passera par l’organisation et la structure, on aura fait en cinq ans ce qu’aucune génération n’aura pu faire en cinquante ans. Même Mai-68 sera de la rigolade par rapport à ce qu’on va mettre en place. On peut penser ce qu’on veut de Mai-68, mais ils ont au moins réussi à prendre sérieusement en main la politique, contrairement à la “Marche des Beurs”.

La Marche

« La Marche », film retraçant la Marche pour l’égalité de 1983

Les conditions d’un tel embrasement sont-elles encore réunies, selon toi ?

C’est-à-dire ?

Est-ce que la situation sociale et la colère sont au même point qu’en 2005 ? Si, demain, deux gamins meurent dans une cité, avec une implication plus ou moins directe de la police, est-ce que la même chose pourrait de nouveau avoir lieu ?

Oui, il se repassera la même chose. L’histoire se répète tout le temps. L’être humain a en lui cette fougue qui le pousse à se rebeller. La légère petite différence, c’est que cette grosse expérience – aussi négative soit-elle – a permis aux gens de se politiser, de se structurer et de prendre leurs responsabilités. Si la même chose a lieu demain, il y aura plus de monde dans la rue pour calmer le jeu. Les mecs qui ont brûlé les voitures à l’époque, ont dix ans de plus aujourd’hui. Ils ne brûleront plus, mais réagiront autrement et diront aux plus jeunes : “Nous, on a fait la même chose que vous et ça ne sert à rien.” Cependant, le malaise et l’inégalité sociale existent toujours.

Quelle est ta démarche avec ce livre ? As-tu voulu sensibiliser aux problèmes des quartiers ou plutôt œuvrer à leur politisation ?

Mon public, ce sont les jeunes Français issus des quartiers populaires. Maintenant, si les autres veulent apporter leurs forces, ils sont les bienvenus et ce livre est également pour eux. Mais il n’est pas destiné à ceux qui n’en ont rien à faire de nos problèmes. Je n’ai rien contre eux, mais je ne m’adresse pas à eux. Ma première cible reste les gens des quartiers. Noir, Blanc, croyant, non croyant, jeune, vieux : tu habites quelque part, tu en es responsable. C’est ton village, tu dois t’en occuper. Je dois intervenir dans une conférence sur la question climatique. Ce n’est pas mon sujet, mais je suis concerné, même si je ne le veux pas. La délinquance, l’éducation, l’économie, etc., dans le quartier où j’habite, me concernent. Même si je ne commets pas d’incivilités et même s’il n’y en a pas dans mon immeuble, je suis concerné parce que dans l’immeuble voisin, il y en a. Ce livre a pour objectif que l’on devienne aussi responsable que les gens du XVIe arrondissement. Quand il y a un conseil de quartier : tu viens ! Quand il y a un compte-rendu du maire : tu viens lui mettre la pression ! Quand il y a une élection, je ne te demande pas de voter à droite ou à gauche – je m’en fous – mais tu es obligé d’interpeller les candidats et de leur demander ce qu’ils proposent. Il faut que le mec en face se dise : “Lui, il est susceptible d’être pour ou contre moi si mes arguments ne sont pas clairs.”

« Pour survivre dans nos conditions et continuer à espérer et rêver, il faut avoir un mental d’acier. »

La réalité, c’est qu’ici, c’est le XIXe arrondissement, avec une mairie de gauche depuis quatre mandats. Mais les élus ne connaissent pas les quartiers. Ils m’ont dit qu’ils ne venaient pas ici, parce qu’ici on ne vote pas. Ils ne vont pas perdre leur temps à venir nous voir et parler pour rien. Ce livre – qui est écrit simplement, qui n’est ni une autobiographie, ni le livre d’un intellectuel – a pour objectif d’alimenter la réflexion dans nos quartiers. Si tu le lis, c’est un point de départ pour discuter et voir ce qu’on peut faire ensemble. Tu peux être en désaccord avec moi, mais voyons ce qui peut nous rassembler. Selon moi, nous sommes meilleurs que les autres citoyens français. Pour survivre dans nos conditions et continuer à espérer et rêver, il faut avoir un mental d’acier. Nous – ainsi que les jeunes dans les villages qui se battent de toutes leurs forces pour monter à Paris ou qui ont des ambitions dans les villes importantes de province – sommes les meilleurs jeunes de France. Nous valons plus que les gamins qui ont tout obtenu de la part de papa et maman : réseaux, stages, financements, etc. Quand nous aurons accès à leurs ressources, nous les dépasserons de loin. Mais il faut conscientiser les gens. Ce n’est pas un rêve, mais un projet. Mais il faut de l’auto-détermination pour y aboutir. Et je suis passé par la littérature, parce que personne ne nous attend là. Ce n’était pas mon créneau, mais j’ai utilisé ce canal pour montrer que nous sommes aussi capables de le faire. Ce n’est pas un coup de gueule, mais une pensée. Toi en face, tu as fait la démarche de te procurer le livre, de l’analyser, de le critiquer, de prendre des notes dessus et après on peut en débattre. Mais il faut qu’on arrête la pleurniche devant un sandwich grec : “Oui, mais la France est un pays raciste, qui n’aime pas les Noirs.” L’autre en face ne t’aime pas : et alors ? Avance !

Je fais du basket. Dans ce sport, quand tu tires un lancer franc, le camp adverse va te huer ou faire des bruits de singes. Mais est-ce que c’est ça qui t’empêche de te dire que tu vas gagner ce match ? Prenons comme exemple, la petite polémique du moment avec Nadine Morano (entretien réalisé le 28 septembre 2015, NDLR), qui a dit que la France était un pays de race blanche. Pourquoi les gens perdent leur temps à lui répondre sur les réseaux sociaux ? Un journaliste ou un intellectuel écrit un article pour lui répondre, d’accord. Mais nous ? Pourquoi on partage ça sur Facebook ? On s’en fout de sa vie à elle, elle ne nous intéresse pas. Qu’est-ce que cette femme a fait pour la France ? Ces gens-là, faut les tuer en les ignorant. Ils sont devenus les rois de la polémique, parce qu’ils savent qu’en face, ils ont des gens qui ne pensent pas ou qui ont du temps à perdre. Morano, ça la fait vivre médiatiquement, puisque, après, il faudra la réinviter pour qu’elle s’explique. Si les médias étaient dans une logique progressiste, ils arrêteraient également de l’inviter et ne diviseraient pas la France. Pourquoi ils apprécient des gens comme Zemmour ?

« Quand on aura gagné le combat et réduit les inégalités, quelle jouissance ! »

Quelque chose peut surprendre en ouvrant ton livre : à côté de citations d’intellectuels ou leaders comme Cheikh Anta Diop ou Malcolm X, on trouve des citations de rappeurs tels que Kery James, Booba ou 2Pac. Penses-tu que ces derniers ont un rôle social à jouer dans les cités ?

HA_Bakary_37Je n’utilise pas le mot “rappeur”. Je dis que nos artistes, nos sportifs, nos entrepreneurs de talent – c’est-à-dire ceux qui ont l’habitude de prendre le micro ou de faire des conférences à HEC – devraient devenir nos portes-parole. Le gouvernement français a ses ministres et secrétaires d’État, mais aussi son porte-parole. Ce n’est pas que le gouvernement ne sait pas parler. Je ne demande pas aux rappeurs d’être artistes et hommes politique à la fois. Mais je dis qu’ils ont un talent inné. Tout le monde ne peut pas être un Booba, un Kery James, un 2Pac. Écrire est un art qui n’est pas donné à tout le monde et j’en ai fait l’expérience.

Les philosophes des Lumières, les grands intellectuels occidentaux, orientaux ou africains, sont des gens qui ne faisaient pas de politique au sens “politique politicienne”. C’était des hommes politiques parce qu’ils défendaient de grandes idées. C’est ce qu’il nous manque aujourd’hui. Quand je mets dans un même bouquin Cheikh Anta Diop, Patrice Lumumba et Martin Luther King à côté de Kery James, ce n’est pas un hasard. La citation que je lui ai empruntée provient du morceau Je ne crois plus en l’illicite, qui porte un message fort. Dans nos quartiers, trop de gens pensent que l’illicite va nous aider. Mais c’est notre purgatoire au contraire. Le trafic de drogue tue les cités. On nous donne en argument que ça permet de faire vivre des familles. C’est une connerie, ça tue des familles ! Certes, il y a un aspect économique immédiat : ça permet d’aller à Carrefour faire les courses ce soir. Mais ça banalise les actes illicites et la délinquance. Les perquisitions traumatisent des familles. Les petits frères sont touchés par ça. Qu’est-ce qui est véhiculé comme information ? “Regardez, en travaillant de cette manière-là, on fait tant d’argent et sans prise de tête.” On oublie la prison, les armes et les pleurs des mères ou des femmes. On oublie les meurtres dans les quartiers et les conflits inter-quartiers. Tout ça pour quelques euros ?

Donc quand Kery James dit : « Je ne crois plus en l’illicite », ça me parle. Et en plus, ironie de l’histoire, il y a plus de dix ans, c’est moi qui étais invité dans le clip pour représenter le type qui n’y croit plus. On me voit en fond en costume et attaché-case.

Booba, tout le monde le ramène aux clashs, aux meufs, aux armes et à l’argent. Alors que certains de ses textes sont intéressants. J’écoute Ma Couleur et je vois un métis franco-sénégalais, dont la mère est blanche et le père est noir, mais qui est quand même considéré comme noir. En gros, quand le sang d’un blanc se mélange avec celui d’un nègre, c’est comme s’il avait été souillé et le métis n’est plus dans une catégorie intermédiaire. C’est comme Barack Obama, le premier président américain noir. Je ne comprends pas : il a été élevé par sa mère et sa grand-mère blanche et vous dites que c’est un noir. Mais il est blanc et noir à la fois !

Je crois que le rôle des artistes est très important, car ils ont un large auditoire. Sur Internet, quand tu as une interview d’un rappeur, tu as 50 000 vues : c’est énorme. Pourtant, ce n’est pas un morceau de rap. On le voit bien, chez nos concitoyens de l’autre rive, ils n’ont pas transformé les artistes et les sportifs en hommes politiques. L’UMP et le PS, quand ils gagnent une élection – puisque c’est toujours eux qui gagnent dans la démocratie – ont des artistes qui viennent les soutenir. Quand Yannick Noah soutient François Hollande, ce n’est pas un homme politique. David Douillet quand il soutient Nicolas Sarkozy, ce n’est pas un homme politique, même s’il finit par le devenir ensuite.

Certains rappeurs se sont prêtés au jeu : Disiz et Diam’s pour Ségolène Royal et Doc Gynéco pour Nicolas Sarkozy, en 2007…

Kery James avec Ségolène… Exactement. Est-ce que les gens des quartiers plus favorisés vont les prendre au sérieux comme si c’était des hommes politiques pouvant faire bouger le pays ? Nous, on a tendance à vouloir que le mec qui met des buts joue également le rôle d’un homme politique. Certes, ils ont un rôle à jouer, mais ce n’est pas le rôle prioritaire. C’est pour ça que dans mon livre, je parle de Dieudonné avec sa quenelle. Je dis qu’on ne peut pas le comparer à Lumumba ou Luther King, comme certains le font dans les quartiers. Un clown face à des mecs morts pour leurs convictions, ce n’est pas sérieux. Un artiste peut faire passer un message, comme le morceau 11’30 dont j’ai déjà parlé. Mais ça s’arrête là.

Certains rappeurs acceptent de jouer un rôle social. C’était le cas pour 2Pac, ça l’est actuellement pour Kery James, La Rumeur ou Casey. Mais Booba le refuse. Dans Chacun sa manière avec Kery James, il disait par exemple : « J’suis responsable de mes paroles, pas de tes actes. » Ou pire, il fait l’apologie de l’illicite, comme dans Le Crime paie. Est-ce que certains rappeurs ont un effet néfaste sur la jeunesse, ou du moins sur la catégorie qui rêve du mode de vie qu’ils décrivent ?

BoobaJe ne suis pas un fan de Booba, mais ce que j’apprécie chez lui, c’est que, malgré ses contradictions, il a une forme d’intelligence. Son discours est simple : “Moi, je dis ce que j’ai à dire, je fais ce que j’ai à faire, mais je ne te demande pas de m’imiter.” Il a carrément raison. Booba a commis un braquage, mais pourquoi faire comme lui ? Tu n’es pas libre de penser par toi-même ? Tu dis être contre l’esclavage, la colonisation et l’aliénation, alors pourquoi suivre bêtement un rappeur ? Il y a une forme de provocation de sa part. Quand Booba dit qu’il fume des joints, nous on est libre de ne pas le faire. Quand il parle de trafic de drogue ou qu’il insulte les femmes, pareil. Il n’oblige personne à rentrer dans ce créneau. Mais, il faut regarder aussi sa vie : c’est un entrepreneur de talent, qui est marié, a un enfant et vit à Miami. Il n’est pas fou, comme certains rappeurs qui dans la réalité font les mêmes bêtises que celles dépeintes dans leur rap. Comment prendre au sérieux quelqu’un qui mélange vraie vie et vie artistique ? C’est comme si Denzel Washington jouait dans American Gangster et essayait après de devenir le plus grand trafiquant de drogue de New York. Booba a réussi à s’épanouir et s’enrichir à travers la musique, tout en traversant les époques. Ça fait vingt ans qu’il est là, alors que beaucoup ont disparu. Il a fait kiffer ma génération et maintenant fait kiffer une génération qui n’était même pas née quand nous l’écoutions. Akhenaton a disparu. Qui écoute aujourd’hui Akhenaton, à part les anciens ? Kery James a également traversé les époques, même s’il est moins médiatisé. Il faut composer avec les artistes, mais les gens sérieux sont ceux qui vivent pleinement le combat politique, dont c’est presque le métier. Ceux qui se lèvent le matin en pensant idéologie politique et se couchent le soir en pensant solutions politiques. Un mec qui, de temps en temps, fait une punchline politique, c’est bien, mais n’en fais pas ton leader d’opinion.

Dans ton ouvrage, tu encourages les jeunes des quartiers à reprendre leur avenir politique en main en s’auto-organisant. Comment cette démarche peut-elle s’effectuer ?

Il y a plusieurs façons de le faire et c’est évolutif. Il y a un temps avant de prendre la politique en main, c’est celui de l’éducation et de la compréhension. Il faut ensuite passer à l’application. Celle-ci peut avoir lieu soit dans un parti politique, soit dans une structure : entrepreneuriat, milieu associatif, etc. Choisir son métier peut également être un acte politique. Quand un jeune noir, musulman, issu d’une cité, décide de devenir enseignant dans un quartier populaire, c’est de la politique. Ça se construit sur le temps long. Ça prendra dix ans pour que les choses commencent à être visibles, mais cet effort ne sera pas vain.

J’insiste toujours auprès des gens pour leur expliquer que la politique ne se résume pas à un vote à droite ou à gauche. Il faut se donner au maximum dedans, soit en entrant dans un parti politique, soit en créant sa propre structure. Je favorise cette deuxième solution. Comme ça, on peut donner soi-même sa direction idéologique. Il y a tellement de choses à réaliser. Mais ce n’est pas toujours simple. Par exemple, à une époque, nous voulions aider les Africains. On galérait déjà ici, mais on se disait qu’eux galéraient encore plus. Mais, arrivé sur place, tu prends une grande baffe dans ta gueule. Les habitants là-bas sont aussi intelligents que toi. Leur problème, c’est qu’ils sont démunis.

Et puis c’est très paternaliste….

Oui, c’est trop paternaliste comme manière de procéder. Voilà pourquoi ces différentes expériences me permettent d’affirmer qu’avant de s’engager dans un domaine lourd, il vaut mieux apprendre et comprendre.

« Qu’il existe des communautés n’est pas le problème. Mais quel est notre projet de société commun ? »

En ce moment, j’anime beaucoup de réunions avec des animateurs dans des centres de loisirs. Je leur explique qu’ils sont en grande partie responsables de la mauvaise éducation de nos enfants à l’école. Pourquoi ? Tu es un animateur, tu as 20 ans et tu es en échec scolaire depuis que tu as arrêté l’école en seconde ou en BEP. Tu n’es pas ambitieux. Ton français est faible. Tu t’es retrouvé animateur sans même la première qualification du Bafa, parce que tu as besoin de travailler. Tu parles de Booba et Kaaris. Tu insultes. Tu charries les enfants. Et ils reprennent ton vocabulaire. Quand il y a un problème avec un collègue, tu t’emportes devant les enfants. Je dis à ces gens-là qu’ils ne sont pas prêts. Ils ont beau répéter : “Oui, mais la France”, je leur réponds que c’est à cause d’eux.

Quand je suis avec des gamins – et je le suis tout le temps, notamment parce que je suis coach de basket en club pour des 8-10 ans –, c’est la discipline totale, mais d’abord avec moi-même. C’est pour cela que dans mon livre, je parle de “jihad”. Le jihad pour le musulman, ce n’est pas comme pour les Occidentaux. Le jihad est un travail sur soi-même et moi, je m’autodiscipline tout le temps. D’accord, quand je suis avec mes potes, je suis celui qui charrie tout le monde. Mais avec des enfants, jamais de la vie. Mon fils a 9 ans et ne sait pas comment j’ai vécu ma jeunesse. Il ne le saura jamais, sauf si quelqu’un me dénonce. Il a une image positive de moi. Je suis correct avec lui. Je suis quelqu’un d’ultra-occupé et je fais en sorte que son agenda soit chargé. Résultat : il fait du taekwondo, du basket, il prend des cours d’arabe. C’est un ministre pour un gamin de neuf ans. Mais c’est un enfant qui ne galère pas. À la maison, on a la télévision, mais on l’allume peu. Il peut la regarder une semaine sur deux pendant les vacances scolaires. Le reste du temps, il n’en a pas besoin. Ce n’est pas un intellectuel, il doit être neuvième ou dixième de sa classe sur vingt-deux élèves. Mais il s’épanouit. Et surtout, je veux qu’il soit responsable et qu’il ne galère pas. Voilà l’éducation qu’il faut donner. Il y a tout à revoir. Pour les milieux associatifs, quelle est ma solution ? J’ai monté un projet pour lequel j’ai réuni vingt associations sur la forme du coworking. Pour faire quoi ? Nous rééduquer dans notre rapport au social : apprendre comment créer du réseau, communiquer, monter un projet, etc.

Terrain basket

Dans Constat amer, Kery James rappe : « On se plaint du racisme mais ne l’est-on pas nous-mêmes ?/ C’est eux contre nous mais surtout nous contre nous-mêmes. » Le communautarisme est-il le premier obstacle à l’auto-organisation des banlieues ?

Je ne suis pas contre le communautarisme. Par exemple, si on sort des communautés ethniques ou religieuses, et qu’on va dans l’artistique et le sportif. Moi, je suis de la communauté des basketteurs. Nous avons un style de vie que les footballeurs n’ont pas. Dans les années 1990, quand on a commencé le basket, on était hip-hop, mais pas les footballeurs. C’est maintenant qu’ils s’y mettent. Aux États-Unis, hip-hop est égal à basket-ball. C’est pour cela que dans les stades de basket, il y a des femmes, alors qu’il n’y en a pas dans ceux de foot. Les mecs de mon quartier, quand ils jouent au foot, il n’y a pas une meuf. Ce sont des sauvages, des gars qui se bagarrent tout le temps. Nous, on en a dans les gradins. Et puis elles jouent aussi. Pour le foot, c’est la Coupe du Monde 1998 qui a fait qu’il y a des licenciées. Elles sont encore faibles, même si elles progressent. Au basket, il y a des professionnelles depuis vingt ans[i] et qui dunkent[ii]. C’est pareil dans la musique. Les mecs qui font du rap politique ne fréquentent pas ceux qui font du rap de rue ou bling-bling.

Je connais bien la question du racisme dans les quartiers. À une époque, je disais préférer tomber sur une Maghrébine ou peut-être une “Française” à un entretien d’embauche, plutôt que sur une Antillaise. Pourquoi ? Le regard des Antillais sur les Africains est catastrophique et vice-versa. Ça m’a toujours fait rire d’entendre : “Nous, les Noirs et les Arabes.” Mais quel “nous” ? Il n’y a pas de “nous” ! On a toujours été divisé. Les Arabes ont toujours été racistes envers les Noirs, Africains ou Antillais, sauf les filles. On a séduit les Maghrébines, on les a épousées et on a eu des enfants avec. C’est comme ça qu’on a réussi à coloniser les Maghrébins (rires). Moi, j’ai peur que les Maghrébins ou les Asiatiques prennent le pouvoir en France : les Noirs seront foutus. Ils nous regardent avec mépris. Dans leur comportement, il y a un manque d’éducation.

Qu’il existe des communautés n’est pas le problème. Mais quel est notre projet de société commun ? Aux États-Unis, où je suis allé plusieurs fois, dans une rue tu n’as que des Blacks, tu tournes et il n’y a plus que des Juifs. Tu tournes à nouveau, tu es dans un quartier chinois. Mais ils se sentent tous appartenir à une même nation et sont américains. En France, on manque de patriotisme. Je n’ai pas de problème à me revendiquer français. J’ai 34 ans, j’ai passé six mois en Afrique et trente-trois ans et six mois en France. Je suis plus français qu’africain. Ce qui fait de moi un Africain, outre la couleur de peau, c’est la langue, la culture de mes parents avec lesquels je vis, etc. Il y a, dans la culture de mes parents, plein de choses que je mets en pratique quotidiennement et qui ne se font pas en France. Par exemple, tu ne verras jamais mes parents dans une maison de retraite, alors que c’est dans la culture française. Mais dans la culture française, il y a le concept de la solidarité organisée et structurée, avec les systèmes de la Caf ou du RSA par exemple, chose qu’il n’y a pas en Afrique. Il ne faut pas tomber dans la main tendue constante. Mais c’est bien que cela existe, même si l’aide peut finir par aliéner. C’est quand même intéressant qu’il existe un revenu minimum qui permet de manger. À l’inverse, les gouvernements africains n’en ont rien à faire de leurs populations. Là-dessus, je préfère la France. Je prends le meilleur des deux cultures. Je n’ai pas de problème à dire que je suis un Africain français ou un Français africain.

Si je me sentais plus africain que français, je n’aurais plus aucune crédibilité. Si c’était le cas, je pourrais retourner vivre en Afrique. Ce n’est pas une question de “La France, tu l’aimes ou tu la quittes !” C’est que si c’est trop dur de vivre ici, je peux me déplacer. Est-ce qu’en tant que croyant, Dieu m’a obligé à vivre ici ? Non ! Et si c’est trop dur de vivre au Sénégal, il y a des Sénégalais qui sont partis vivre au Congo. Ils s’en foutent de l’Occident. Il y a des Congolais qui vivent en Afrique du Sud. Comme je connais des Martiniquais qui vivent en Guadeloupe. Je connais des Guadeloupéens aux États-Unis. Ils étaient dans un département français, mais n’avaient pas envie de vivre en métropole. Les Haïtiens vont où ? Principalement aux États-Unis. C’est d’ailleurs ce que dit Booba, quand il rappelle qu’« aucune cité n’a de barreau » (dans Game over, NDLR).

« L’être humain a besoin de garder contact avec ses racines et de connaître son histoire. »

Dans ton ouvrage, tu encourages les jeunes issus de l’immigration à renouer avec leurs racines culturelles. Ne faut-il pas également favoriser leur accès à la culture française – littérature, histoire, etc. ?

Oui, c’est vrai. Dans le bouquin, je dis au chapitre 1 que l’Éducation nationale devrait remettre les identités plurielles au même niveau dans le programme d’histoire. Par exemple, pour la colonisation, la question n’est pas de savoir s’il y a eu des aspects positifs ou négatifs. Il faut juste raconter les faits. Quand l’Éducation nationale prendra le temps de dire qu’il n’y a pas un problème de sur-victimisation et ne se préoccupera plus de savoir quelle est la plus grande souffrance entre la Shoah et l’esclavage, ça sera une bonne chose. En attendant, on a déjà des intellectuels et des penseurs. On a des gens avec un très haut niveau de français et une très bonne connaissance de la culture française. Voilà pourquoi il faut s’organiser, prendre cette culture qui nous appartient aussi, tout en travaillant à ce combat pour qu’il y ait un panel d’histoires plurielles dans les ouvrages et manuscrits scolaires. Il faut faire un travail de terrain aussi. C’est très important pour un jeune noir de savoir qu’il est français, tout en connaissant ses origines et ses racines. Un Antillais doit savoir que sur l’île où il est, il y avait déjà des gens avant lui et apprendre ce qu’ils sont devenus[iii]. Il faut par exemple savoir que les békés se revendiquent Antillais. Ils disent qu’ils sont chez eux et sont arrivés même avant. Et il sont légitimes de dire cela. Mais pourquoi ? Et qu’est-ce qui s’est passé ? Ils sont tous antillais, mais comment sont-ils arrivés à des positions différentes ? Voilà les questions auxquelles doivent répondre les programmes d’histoire. Mais en attendant, il faut travailler nous-mêmes.

SupermanJe donne souvent la métaphore de Superman. Il vient de la planète Krypton et il est sur Terre. Adolescent, il est frustré, et dans son corps tout se bouscule. Mais pour quelle raison ? Il ne sait pas d’où il vient. Ses parents adoptifs finissent par lui dire la vérité. Quand il apprend qui il est, est-ce qu’il dit : “Je retourne sur Krypton” ? Non ! Il décide, en tant que terrien, de se mettre au service de la population. Il prend conscience de sa mission. Il n’y a pas mieux pour s’épanouir que de prendre conscience de son patrimoine culturel, traditionnel et religieux. Il faut connaître sa propre famille. C’est comme un enfant adoptif, même bien éduqué, un jour, il a besoin de découvrir d’où il vient. Ce n’est pas pour autant qu’il dit à ceux qui ont pris soin de lui : “Je ne vous aime plus, vous n’êtes plus mes parents.”

L’être humain a besoin de garder contact avec ses racines et de connaître son histoire. Est-ce que nos concitoyens français blancs ne sont pas heureux de connaître les vies de Napoléon, Louis XIV ou Louis XVI ? Les musulmans ne sont pas heureux de savoir d’où vient l’islam, qui était le prophète et ses compagnons ? C’est pour ça qu’ils sont fiers de leur religion. Et on leur reproche de retourner à un islam traditionaliste. Non ! Nos parents ont subi la colonisation et étaient obligés de se taire en France. Ils ne pouvaient pas mettre en avant leur culture et leurs traditions, parce qu’ils devaient marcher tête baissée. Nous, nous marchons tête haute. Quand on découvre l’islam, on se dit : “C’est ça la beauté de notre religion ? On va l’affirmer alors.” On peut porter un prénom musulman, aller à la mosquée et mettre de temps en temps le vêtement traditionnel sans pour autant monter sur un chameau pour aller sur le périphérique. Cela permet d’avancer. Dans la communauté noire par exemple, il y a beaucoup de gens qui restent bloqués dans le passé. Depuis quinze ans que je suis dans le milieu associatif, certains tiennent toujours le même discours, “l’esclavage et la colonisation”, et restent coincés dessus. Ils doivent avancer. Dans le livre, je dis qu’on doit faire en sorte que cela ne se reproduise plus et qu’on porte la justice dans ce monde. Dès qu’on voit une injustice, on la combat. Si on reste à faire de la pleurniche, ça n’avancera pas.

La philosophe Simone Weil disait que « le déracinement est une maladie presque mortelle pour les populations soumises ». Le déracinement n’est-il pas un des principaux maux dont souffrent les jeunes des quartiers ?

Oui, en partie. Le déracinement est un des éléments. Les éditions Faces cachées, leur logo c’est une tête avec un visage à l’intérieur et des racines en dessous. C’est très important les racines. Mais le plus gros problème ce n’est pas le simple fait d’être déraciné, c’est d’être toujours renvoyé – à la télévision, à la radio, dans la rue – à nos origines. Tu es né en France, tu parles français, tu n’as presque plus aucun contact avec tes origines, et à chaque fois qu’on te voit, on te demande de danser Saga Africa, ou des choses comme ça. Ça, ça fait mal et c’est relou. Parce que toi, tu es plus complexe que cela. Je pense que le plus grand mal qu’on nous fait est de nous renvoyer constamment à des choses dont nous-mêmes sommes éloignés. On est musulman français et on nous embête avec ce qui se passe en Syrie, etc. Mais qu’est-ce que j’en ai à faire du musulman en Égypte ? Moi, je suis en France ! Ma manière de vivre mon islam n’est pas comme celle d’un mec qui vit son islam à Dubaï ou à New York. Quand t’es chrétien au Vatican, t’es pas chrétien au Congo ! Ce sont les mêmes principes mais pas les mêmes pratiques.

Pourquoi me renvoyer à des choses tout le temps ? Pourquoi venir me demander d’où je suis originaire ? Mais lâche-moi ! Les rebeus blancs de peau, les Kabyles par exemple, quand tu les vois, tu ne peux même pas savoir qu’ils sont rebeus. Alors laisse-les ! On fait des sketchs dessus. Quand tu dis à un blanc un peu bête que tu es originaire de Dakar au Sénégal et qu’il te répond : “Ah, tu ne connais pas untel ?” Mais bouffon, tu crois qu’on est que quinze là-bas ? On est entre singes et tous les singes se connaissent. C’est comme si je te disais que tout le monde se connaissait en Côte-d’Azur. On est dans une frustration. T’es un mec de cité, tu dois aimer le rap. Pourquoi ? Ça se trouve, j’aime le rock ? Un Antillais doit écouter du zouk. Mais moi, j’ai des potes antillais qui écoutent du ndombolo et n’apprécient ni le zouk, ni la dancehall. Ceux qui font ça, je me dis que, soit ils sont encore plus bêtes que ce que je pensais, soit ils sont machiavéliques et veulent nous rendre fous. La conséquence est qu’on craque avec deux conséquences : on brûle des voitures, ou on se renferme dans cette culture, qui est la nôtre, mais pas tant que ça. Est-ce que Superman voulait parler le krypton ? Non, il parle anglais et c’est tout. C’est un défi complexe, mais intéressant pour moi. Quand on aura gagné le combat et qu’on aura réduit les inégalités, quelle jouissance !

Et quelle beauté que ma descendance puisse apprendre son histoire ! Même si mon fils épouse une blanche et mon petit-fils une Asiatique, mes arrière-petits-fils ne seront plus vraiment mauritaniens. Mais ça restera leur histoire et leur patrimoine. Il ne faut pas retirer à un être humain ses racines. C’est plus important que l’argent. Bouddha ou Siddhārtha Gautama, c’est ça son histoire : il est prince dans un grand royaume, mais il sait qu’il lui manque quelque chose. Il lui manque la compréhension du monde et le spirituel. C’est pour ça qu’il part. Il fait des rencontres et découvre sa voie. Le monde ce n’est pas juste naître, mourir, manger et aller aux toilettes entre les deux. C’est plus profond que cela, il y a un but.

Nos Desserts :

Notes :

[i] La première ligue professionnelle de basket, la WNBA aux États-Unis, date de 1996 ; dans le football, la Women’s United Soccer Association ou WUSA, démarre en 2000, avant de faire faillite en 2003 et de rouvrir en 2009 sous le nom de Women’s Professional Soccer ou WPS.

[ii] La première femme à dunker dans le monde professionnel est l’Américaine Lisa Leslie en 2003.

[iii] Les Caraïbes, habitants des Antilles avant l’arrivée des Européens, ont pratiquement disparu aux alentours de 1520.

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